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50 ans après Mai 68, les nouveaux combats de l'émancipation : Fernande Bagou, agente de propreté, milite pour le respect au travail

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par Anne Lamotte - édité par Edouard Marguier
Radio France

Ils n'ont pas fait Mai 68. Cinquante ans plus tard, ils vont faire 2018. Chaque jeudi, franceinfo met en avant un combat, un visage, une voix. Fernande Bagou, agente de propreté dans des gares de la région parisienne.

Fernande Bagou, 58 ans, est agente de propreté dans les gares de la région parisienne. En fin d'année dernière, pour la première fois de sa vie, Fernande Bagou a fait grève pendant 45 jours. Pour la dignité et le respect au travail. Avec ses collègues, ils ont pu obtenir de meilleures conditions de travail et plus de reconnaissance.

Fernande Bagou, 58 ans, agent de propreté et militante pour la dignité et le respect au travail : portrait signé Anne Lamotte

Le matin, Fernande Bagou se lève tôt. "Mon réveil sonne à 4h30", précise-t-elle. Elle part nettoyer trois gares SNCF du nord de la région parisienne, parmi lesquelles celle de Bessancourt dans le Val d'Oise, où Fernande a pris quelques minutes de son temps pour raconter son combat à franceinfo.

L'agente de propreté "travaille sept heures par jour" à balayer des quais, vider des poubelles, passer la serpillière ou faire la poussière aux guichets et dans des salles d'attente. "Oui, c’est fatigant", voire épuisant, confie Fernande, militante CFDT. Mais elle aime son métier. C’est pour cette raison qu’en fin d'année dernière, elle a fait grève pendant 45 jours. Paradoxalement, elle en garde un très bon souvenir. "C’était énorme de faire grève pendant un mois et demi. Surtout, quand c'est pour la première fois", se souvient-elle.


Fernande Bagou, 58 ans, agente d'entretien dans les gares SNCF en Île-de-France. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Cette aventure sans précédent démarre en novembre dernier. L'entreprise qui emploie Fernande et ses collègues change. H.Reinier, une filiale d'Onet, le géant du nettoyage, récupère le marché de l'entretien des gares SNCF. "À ce moment-là on a eu peur de perdre nos postes, nos gares", explique Fernande Bagou. Aussitôt, l’agente d’entretien et la grande majorité de ses collègues cessent le travail. Ils réclament de meilleures conditions.

Quand les droits sont bafoués, il faut se lever.  Il ne faut pas se taire. Il ne faut pas avoir peur.

Fernande Bagou

franceinfo

Fernande Bagou, la courageuse, se rend tous les jours pendant un mois et demi aux assemblées générales en gare. Elle manifeste en gare. Elle dort en gare avec ses camarades grévistes. "J’étais là pour les encourager, se souvient-elle. Je leur disais : ‘Vous voyez, je suis une femme mais je suis là’ !".

La grève a fonctionné

La grève a rapidement des conséquences visibles. Dans les gares de Sarcelles, d’Ermont et de Saint-Denis, les poubelles débordent. Les policiers passent donc à l'action. "Ils nous disaient de quitter les gares mais nous on ne voulait pas", raconte-t-elle. "NOUS" martèle Fernande, pour montrer que groupe d'agents de propreté était hyper soudé. "Nous étions vraiment une famille, sourit-elle. Au départ, on ne se connaissait pas mais on a commencé à tisser des amitiés. Franchement, c’était magnifique".  

Fernande Bagou pendant son travail à Bessancourt (Val-d'Oise). (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le mouvement paye. Un accord est trouvé mi-décembre. Les agents restent rémunérés au smic, reconnaît Fernande, mais ils gagnent quand même beaucoup : revalorisation des primes par exemple ou application de la convention collective de la manutention ferroviaire. Ils obtiennent surtout un autre regard aussi sur leur profession. Fernande Bagou remarque que depuis leur grève, "au sein de notre entreprise, les gens nous respectent. On a montré aux agents de la SNCF qu’on peut résister jusqu’au bout".

Fernande est militante et combattante. "Je suis plus que fière, avoue l’agente de propreté. Je n’avais pas imaginé que cette grève allait avoir de l’ampleur. Je réalise aujourd’hui. Il fallait cette grève pour qu’on sorte de notre silence."

Retrouvez la série "Sous les pavés 2018, les nouveaux combats", en intégralité, tous les jeudis à 22h10 et 23h40 sur franceinfo et franceinfo.fr

Libertés individuelles, droits des femmes, lutte contre les discriminations, rejet de toute forme d’exclusion, protection de l’enfance... Cinquante ans après Mai 68, le plus important mouvement de contestation politique, sociale et culturelle de l’histoire récente française, franceinfo donne la parole à celles et ceux qui portent les nouveaux combats de l'émancipation et des libertés.

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