Grève à la SNCF : pourquoi les contrôleurs sont-ils appelés à se mobiliser ce week-end ?
Pour de nombreux voyageurs qui comptent prendre le train, le week-end s'annonce compliqué. Les contrôleurs de la SNCF sont appelés à faire grève les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 février, au milieu des vacances scolaires d'hiver de la zone C (Ile-de-France et Occitanie) et au début de celles de la zone A (Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté). Sur les lignes de TGV et Intercités, seul un train sur deux circulera, selon la compagnie, qui assure que les trajets vers les Alpes seront épargnés. Elle s'engage à maintenir 85% des trajets réservés dans le cadre de son service pour les enfants voyageant sans leur famille.
Les grévistes se disent, eux, animés par une "volonté d'aller jusqu'au bout du conflit si la direction ne cède pas", a expliqué mardi sur franceinfo Fabien Villedieu, délégué de Sud-Rail. Son syndicat, avec la CGT Cheminots, a déposé un préavis de grève qui s'étend de jeudi, à 20 heures, à lundi, à 8 heures. Mais l'initiative de ce mouvement émane en réalité du Collectif national ASCT (CNA), qui s'était formé sur Facebook en dehors de tout cadre syndical, et était à l'origine d'un précédent mouvement social fin 2022.
Le souhait d'une hausse de 500 euros d'une prime
C'est justement au sujet des promesses formulées à l'époque par la direction que ce collectif se mobilise de nouveau. Selon les contestataires, le contenu de l'accord de sortie de crise qui avait été conclu n'a pas été mis en œuvre, et ce sur plusieurs points. En face, le ministre des Transports, Patrice Vergriete, s'est dit "surpris" de cette grève, le PDG de SNCF Voyageurs l'a jugée "incompréhensible", mardi matin.
"Les engagements de l'entreprise qui ont été pris en décembre 2022 ont été tenus."
Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurssur franceinfo
L'entreprise a toutefois concédé que toutes les mesures n'ont pas encore abouti. "Les mesures – issues de l'accord de fin 2022 – sont toutes lancées, elles sont presque toutes pluriannuelles, donc il faut qu'on les confirme dans la durée", a souligné la DRH de la compagnie, Lucile Quessart, à l'AFP, au début du mois.
Le texte de sortie de crise comprenait notamment une augmentation de la prime spécifique pour les chefs de bord de 600 à 720 euros par an, ainsi que des hausses de salaires pour les conducteurs. Les chefs de bord (autre nom des contrôleurs) ont obtenu "500 euros mensuels en deux ans", a insisté mercredi Christophe Fanichet. De leur côté, les syndicats et le CNA réclament une augmentation de 500 euros de la prime de travail et ne se satisfont pas du versement d'une prime de 400 euros à tous les cheminots, le 1er mars.
Des revendications sur la pénibilité et la fin de carrière
Ce bonus s'ajoute à une autre prime, également de 400 euros, déjà versée en décembre dernier, ainsi qu'à 1 200 euros d'intéressement prévus au printemps. "Si on arrivait à une augmentation mensuelle brute de 150 à 200 euros, on pourrait éviter cette grève", assure Fabien Villedieu de Sud-Rail sur BFMTV. Mais pour les protestataires, le gain doit passer par une réévaluation du salaire de base et non par celle des primes. "Un contrôleur ne se plaint pas de son salaire, mais du fait qu'il est composé à 40% de primes, qui ne sont pas prises en compte dans le calcul de la retraite", explique Olivier, un contrôleur membre du CNA, auprès du Monde.
Outre ces revendications financières, les questions relatives à l'élargissement de la cessation progressive d'activité (CPA), qui devaient être discutées, n'ont toujours pas été abordées, dénonce Sud-Rail. Ce dispositif permet aux salariés de cesser progressivement de travailler avant de partir à la retraite. Sur ce point, le syndicat réclame un dispositif de CPA de 78 mois, soit six ans et demi. Cela doit "gommer les effets néfastes des réformes successives des retraites".
Les contrôleurs veulent également avoir accès au compte professionnel de prévention (C2P), ce qui "permettrait d'accumuler des points convertibles en trimestres" afin de partir "plus tôt en retraite" et dans "de meilleures conditions financières". Selon eux, les contraintes liées à leurs activités ne sont pas suffisamment prises en compte dans le calcul de leurs retraites.
Des attentes sur le recrutement de contrôleurs
La SNCF avait enfin pris un "engagement très ferme", a rappelé Fabien Villedieu, "en termes d'accompagnement, notamment des TGV, de deux contrôleurs. Cet engagement devait être ferme à partir de l'année 2023. Il n'a pas été respecté." L'accord "est en place à 87%, ce sera 92% fin 2024 et 100% en 2025", a pour sa part avancé Jean-Pierre Farandou lors d'un point presse à l'issue d'une réunion avec les syndicats, jeudi. L'accord de fin 2022 prévoyait aussi l'embauche de 200 contrôleurs supplémentaires en 2023. La direction a annoncé, le 8 février, le recrutement de 1 100 cheminots supplémentaires en CDI, dont 200 contrôleurs.
En plus de ces propositions, la SNCF s'est targuée d'avoir mis sur la table une indemnité de résidence pour les cheminots qui résident dans des zones où le marché immobilier est en tension, ainsi qu'avec 3 000 promotions supplémentaires pour l'année 2024. "Ils le donnent, tant mieux, on prend, mais les contrôleurs ne revendiquaient pas ça", a évacué Fabien Villedieu, mardi, sur BFMTV. Entre la direction de la compagnie ferroviaire et une partie de ses cheminots, les vacances d'hiver sont l'illustration d'un dialogue devenu presque impossible.
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