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Elections européennes : comment le CSA a-t-il réparti le temps d'antenne entre les 34 listes ?

Pour la campagne officielle sur l'audiovisuel public, la liste Renaissance de Nathalie Loiseau dispose de plus de 55 minutes d'antenne. A contrario, 21 listes n'auront que 3 minutes et 33 secondes pour s'exprimer. Explications. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Douze candidats ont participé au premier grand débat des élections européennes, le 4 avril 2019 sur France 2. (FRANCE 2)

Des spots minutés avec précision. A partir du mardi 14 mai, les chaînes (France 2, France 3, franceinfo, France Ô, le réseau Outremer La 1ère et France 24) ainsi que les ondes (France Inter, RFI, et le réseau Outremer La 1ère radio) de l'audiovisuel public diffuseront de courtes émissions de campagne pour faire connaître les 34 listes candidates aux élections européennes. Mais toutes n'ont pas droit au même temps d'antenne. La durée et l'ordre de passage des spots officiels ont été déterminés par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) selon des calculs qui sont basés sur des critères d'équité et de représentativité. 

Résultat, les temps de parole vont de 55 minutes et 53 secondes pour la liste LREM-MoDem, 48'11 pour celle du RN, 38'20 pour LR, 19'43 pour la liste PS-PP-ND, 18'37 pour LFI, 14'14 pour EELV, à une durée minimale de 3'33 pour une vingtaine de listes restantes. 

Crédité de seulement 4'23, Benoît Hamon a ironisé sur l'écart entre la liste Génération.s qu'il conduit et celle de LREM qui dispose "de près de quinze fois plus de temps de parole". Voici comment le CSA a déterminé la répartition des 312 minutes allouées à la diffusion de spots de campagne.

En appliquant de nouvelles règles 

C'est la première élection pour laquelle le gendarme de l'audiovisuel applique la loi du 25 juin 2018 qui modifie les règles des campagnes électorales audiovisuelles. Avant, les règles avaient tendance à avantager les formations politiques qui constituaient la majorité et l'opposition parlementaire, comme l'explique Le Monde. Ainsi, aux dernières élections européennes, les partis représentés à l’Assemblée nationale ou au Sénat se départageaient deux heures d’émission, alors que toutes les autres formations devaient se répartir une heure d'antenne, sans qu'aucune ne puisse se voir attribuer plus de cinq minutes, précise le quotidien

Mais En marche ! a saisi le Conseil constitutionnel en juin 2017 d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), remettant en cause ces dispositions. Selon le parti de la majorité, elles "ne permett[aient] pas de refléter l’importance dans le débat électoral de formations politiques nouvelles et contribu[aient] à faire obstacle à leur émergence". Les Sages ont jugé l'argumentaire convaincant et de nouvelles règles ont été élaborées. 

En octroyant un forfait initial de 3 minutes pour chaque liste 

Selon cette nouvelle réglementation, une durée d'émission de trois minutes est mise à la disposition de chacune des listes. Avec ce forfait, ce sont déjà 102 minutes d'antenne qui sont attribuées aux 34 listes en lice pour ces élections européennes. Si jusque-là la répartition est plutôt simple, elle se corse par la suite avec l'introduction de doses de représentativité et d'équité. 

En répartissant, ensuite, deux heures selon l'importance du soutien des parlementaires 

Pour la deuxième partie du calcul, il s'agit de répartir une durée d'émission de deux heures, soit 120 minutes, entre les listes. Cette fois-ci, tout le monde ne bénéficie pas du même temps : tout dépend du nombre de députés, de sénateurs et de représentants français au Parlement européen ayant déclaré soutenir chaque liste. 

Grâce à ce calcul, le CSA a accordé du temps supplémentaire à 12 listes : 52 minutes et 20 secondes à la liste Renaissance soutenue par LREM et le MoDem, 34 minutes et 48 secondes à l'Union de la droite et du centre, et jusqu'à 25 petites secondes pour la liste Ensemble patriotes et "gilets jaunes" conduite par Florian Philippot. 

En octroyant, enfin, une heure trente selon les sondages et les résultats aux élections 

La dernière partie du calcul vise à corriger les trop gros déséquilibres obtenus par les additions précédentes. L'objectif est que chaque liste ait un temps d'antenne "qui ne soit pas hors de proportion avec la participation à la vie démocratique de la nation des partis et groupements politiques qui les soutiennent", comme le prévoit la loi relative à l'élection des représentants au Parlement européen.  

Pour rectifier le tir, le CSA dispose d'une heure et demie à répartir entre les listes. Pour ce faire, voici les éléments qui sont pris en compte : la répartition déjà effectuée, la représentativité de chaque liste en fonction de ses résultats, ou des résultats des partis qui les soutiennent, aux dernières élections européennes, présidentielle et législatives, ainsi que les estimations des sondages publiés entre le 24 avril et le 7 mai. 

Avec ce nouveau calcul, le CSA a ainsi rajouté 42 minutes à Prenez le pouvoir, la liste soutenue par Marine Le Pen, 12 minutes et 43 secondes à la liste de La France insoumise, 10 minutes et 8 secondes à Europe écologie, près de 5 minutes à Envie d'Europe écologique et sociale, 4 minutes et 15 secondes à la liste de Nicolas Dupont-Aignan et 56 secondes pour la liste de Ian Brossat soutenue par le PCF. Toutes les autres listes se voient attribuer 33 secondes supplémentaires.

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