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Elections européennes : le casse-tête de l'UMP

Deux députés UMP mosellans ont annoncé vouloir voter UDI aux prochaines européennes, plutôt que Nadine Morano. Depuis plusieurs semaines, le parti peine à afficher une ligne claire sur la question européenne. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Henri Guaino et Laurent Wauquiez sortent du palais de l'Elysée, le 8 avril 2011. (MAXPPP)

Leur annonce fait mauvais genre à l'approche des élections européennes. Le site local LOR'Actu révèle, vendredi 16 mai, que deux députés UMP de Moselle ont annoncé ne pas vouloir soutenir la liste de Nadine Morano, tête de liste officielle du parti dans la région Est. Céleste Lett, député-maire de Sarreguemines, et Marie-Jo Zimmermann, députée de Moselle, voteront pour Nathalie Griesbeck, la tête de liste UDI. 

Ces nouvelles infidélités à l'UMP font écho aux positions d'Henri Guaino, qui refuse de voter pour Alain Lamassoure, candidat UMP pour l'Ile-de-France. Les élections du 25 mai révèlent ainsi la bataille qui fait rage au sein de la formation entre eurosceptiques et pro-européens. Décryptage.

L'étincelle : Guaino et Wauquiez affichent leur euroscepticisme

Il n'a pas fallu longtemps à l'UMP pour s'écharper sur l'Europe. Dès le lendemain du lancement officiel de la campagne pour les européennes, Laurent Wauquiez et Henri Guaino ont publié une tribune polémique dans Le Figaro, signée par 37 autres parlementaires, pour "tout changer" en Europe. 

Les deux hommes y revendiquent leur euroscepticisme, et prônent une remise à plat totale de la politique européenne de la part de leur parti. Selon eux, l'Europe est devenue "une machine bureaucratique qui réduit, jour après jour, l'espace des libertés et de la démocratie". Ils l'accusent de tous les maux, notamment du "chômage de masse" et de la "stagnation économique". 

Les deux élus n'ont de cesse de défendre leur position sur les plateaux télé. Depuis le début de la campagne, Laurent Wauquiez fait ainsi la promotion de son livre Europe, il faut tout changer, dans lequel il s'adonne à des critiques assassines sur le fonctionnement européen. Quant à Henri Guaino, il répète à l'envi qu'il ne votera pas pour la liste UMP conduite en Ile-de-France par Alain Lamassoure.

En affichant leur vision discordante de l'Europe, les deux trublions ont créé une brèche au sein de l'UMP. Parmi les critiques les plus virulentes, Alain Juppé, représentant la ligne pro-européenne, a eu des mots sévères à l'encontre d'Henri Guaino, lui suggérant de quitter le parti. "Quand on est à ce point en désaccord avec son propre parti politique, la dignité la plus élémentaire, c'est d'en tirer les conséquences", a-t-il lancé (à partir de 18'20). Un avis partagé par Jean-François Copé, président de l'UMP. 

Le problème de fond : des dissensions historiques 

Cette bataille entre eurosceptiques et pro-européens empêche le parti d'afficher un visage uni en vue des élections. Pire, elle révèle l'absence de ligne commune concernant l'Europe. Cela ne date pas d'hier. Pour l'historien Christian Delporte, interrogé par Le Figaro, les divisions au sein de la formation remontent aux années 1950 et sont liées à son histoire.

La droite est en effet d'abord emmenée par Charles de Gaulle, défenseur d'une ligne souverainiste, puis par Georges Pompidou, jusqu'à la rupture amenée par Valéry Giscard d'Estaing, qui adopte, lui, une position plus fédéraliste. Dans Le Nouvel ObservateurAlain Juppé évoque les nombreuses dissensions qu'a connues la droite, notamment à l'époque du RPR. En 1992, Jacques Chirac avait défendu, seul contre tous, le traité de Maastricht. Pour le chercheur, "ce qui se passe aujourd'hui [à l'UMP] est le reflet de cette agrégation de différentes sensibilités".

Celles-ci changent au gré des années, en raison de la volonté de la droite de séduire son électorat, aujourd'hui très eurosceptique. Laurent Wauquiez en est une des illustrations. Le député de Haute-Loire, aujourd'hui très critique envers l'Europe, n'a pas toujours affiché ce visage.

Le résultat : une ligne très floue avant les élections

Par conséquent, afficher une position commune limpide relève presque de l'impossible pour le parti. Le texte publié sur le site de l'UMP en vue des élections du 25 mai en apporte la démonstration. Pour Le Monde"tous les courants du parti peuvent y trouver leur compte".

Et pour cause : les termes employés restent très vagues. En dehors de l'opposition à une "immigration sans fin" et à "l'entrée de la Turquie", l'UMP dit souhaiter une Europe "plus offensive, plus active, plus protectrice", allant même jusqu'à évoquer une Europe "à géométrie variable". Ce qui ne manque pas de faire sourire. Pour Le Monde, ce programme flou tient surtout au fait que l'UMP appartient au Parti populaire européen (PPE), dont la ligne (fédéraliste) n'est pas beaucoup plus assumée.

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