Législatives 2024 : pourquoi le patronat critique les programmes économiques du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national
Les représentants de partis et de coalitions en lice aux législatives sont auditionnés jeudi 12 juin à la salle Gaveau à Paris par les principales organisations patronales, à l'invitation du Medef. Édouard Philippe, Eric Coquerel, Boris Vallaud, Jordan Bardella, Bruno Le Maire et Bruno Retailleau sont entendus par la première organisation patronale française, en vue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Mais avant ce grand oral, le Medef a dénoncé publiquement les programmes du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, jugés dangereux pour l'économie française.
Cette mise en garde de l'organisation patronale, qui compte 200.000 entreprises adhérentes employant 10 millions de personnes, est reprise dans un document détaillant ses "dix conditions pour la réussite économique de la France".
Les mesures du RN et du Nouveau Front populaire critiquées
Le Medef considère que les programmes du RN et du NFP sont synonymes de dépenses supplémentaires, évaluées entre 100 et 200 milliards d'euros et d'une démarche, selon elle, "à contre-courant de toute rationalité économique". L'organisation patronale vise particulièrement un retour à la retraite à 62 ans voire à 60 ans, la hausse du smic à 1 600 euros nets, la nationalisation des autoroutes ou encore la baisse de la TVA sur les produits énergétiques, dont les conséquences seraient, selon elle, désastreuses.
Le Medef pointe un risque de renouer avec le chômage de masse dans le cas du smic, de creuser le déficit et la dette dans celui des autoroutes ou de la TVA. Elle accuse donc implicitement les responsables du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire de manquer de transparence dans cette campagne. Dans un entretien donné mercredi 19 juin au Figaro, le président du Medef Patrick Martin a estimé que le programme du RN "nous couperait de l'Union européenne". Quant à celui du Nouveau Front populaire, il juge qu'il "contient des chiffons rouges absolus pour les chefs d'entreprises".
La crainte d'une panique financière et d'une cure d'austérité
Le Medef insiste également sur les conséquences à l'international. "Aucun de nos partenaires européens ne suivrait la France dans cette démarche isolée", prévient l'organisation patronale. Le Medef rappelle le précédent Liz Truss en 2022 en Grande-Bretagne, quand les réformes économiques de l'éphémère Première ministre avaient provoqué une panique financière et l'avaient obligé à démissionner au bout de 49 jours.
Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz, a pris d'autres exemples sur franceinfo, mercredi. "On a vu ce qu'il s'est passé avec le Brexit et en Italie avec le gouvernement technocratique de 2012 à 2014. On a l'impression que cette élection est importante parce qu'il y a d'un côté un programme qui n'est pas financé, avec un risque de crise de l'endettement. Et de l'autre on a un programme financé par de très fortes hausses d'impôts, et donc un risque de fuites de capitaux", analyse-t-il, en référence aux programmes économiques du RN et du NFP.
Le chef économiste du groupe Allianz ajoute que les organisations patronales veulent "juste rappeler les fondamentaux de ce que cela peut avoir comme conséquences économiques et sociales sur le modèle social français." "Le coût de l'endettement ne serait pas le même si on avait des politiques publiques complètement iniques, cela ferait de la dette un poste majeur de nos dépenses publiques. Cela forcerait à des arbitrages très forts et à une cure d'austérité, des choses vécues en Europe il y a une dizaine d'années et qui ne sont pas très agréables pour la population", prévient-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.