Législatives 2024 : une dissolution "au mépris de la sociologie électorale", selon le politologue Benjamin Morel

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Législatives 2024 : une dissolution "au mépris de la sociologie électorale", selon le politologue Benjamin Morel
Législatives 2024 : une dissolution "au mépris de la sociologie électorale", selon le politologue Benjamin Morel Législatives 2024 : une dissolution "au mépris de la sociologie électorale", selon le politologue Benjamin Morel (FRANCEINFO)
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Benjamin Morel, politologue et maître de conférences à l’Université Paris II, est l’invité politique du 11/13 info. Quel regard porte-t-il sur la stratégie d'Emmanuel Macron de dissolution de l'Assemblée nationale ?

Selon Benjamin Morel, politologue et maître de conférences à l’Université Paris II, la récente dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron n'est "pas la plus compréhensible" de l’histoire de la Ve République. "La dissolution de 97 est un échec pour Jacques Chirac, mais elle s’entend. [Sa] majorité date de 1993, elle est composée de beaucoup de Balladuriens après une guerre fratricide des droites, et il ne contrôle pas cette majorité. Les sondages lui disent qu’il peut avoir une majorité absolue, il dissout. Là, la sociologie électorale ne donnait absolument pas de majorité possible à Emmanuel Macron", contextualise le politologue. 

Le spécialiste invite plutôt à remonter à la IVe République et à Edgar Faure, qui dispose alors d’une majorité et qui, malgré cette majorité, va décider "de rebattre les cartes pour reprendre le contrôle du parti radical" : "il dissout, et il va perdre", expose Benjamin Morel, qui rappelle qu’une dissolution est toujours un temps de "recomposition politique". 

Emmanuel Macron s’est-il trompé ? 

"S’il y avait un plan, il ne pouvait être que parier sur la désunion de la gauche, et sur le fait que l’électorat de gauche se replie sur la majorité pour faire barrage au RN", ce qui aurait permis au parti présidentiel d’obtenir une majorité, explique Benjamin Morel.

Or, "c’était négliger deux choses" : premièrement, "la gauche n’avait guère le choix que de s’unir, à défaut de quoi ses députés étaient sur des sièges éjectables". En second lieu, "la concentration électorale de l’électorat de gauche dans les métropoles et centres-villes", qui "n’aurait de toute façon pas enrayé la vague RN". "Donc c’est une dissolution qui se fait au mépris de la sociologie électorale, si tant est qu’il y avait une stratégie", conclut Benjamin Morel. 

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