Législatives : ni le LFI Manuel Bompard, ni le RN Laurent Jacobelli ne se sentent visés par la prise de positions "contre les extrêmes" de Kylian Mbappé
"J'appelle les jeunes à aller voter, on voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir", a déclaré Kylian Mbappé dimanche 16 juin, lors d'une conférence de presse en Allemagne, en présence du sélectionneur Didier Deschamps. Emmanuel Macron a convoqué des élections législatives anticipées après le revers électoral subi par la majorité aux élections européennes. Invités de franceinfo lundi 17 juin, le LFI Manuel Bompard et le Rassemblement national Laurent Jacobelli ont réagi à la prise de position du capitaine des Bleus.
Laurent Jacobelli ne se "sent pas concerné par le mot extrême"
"Je ne me sens pas concerné, ni notre parti, par le mot extrême", affirme Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national et député sortant de Moselle, sur franceinfo. "J'espère qu'on sera encore fiers de porter ce maillot le 7 juillet", avait ajouté le joueur. "Bien sûr qu'il sera fier de porter ce maillot", rétorque Laurent Jacobelli. Le porte-parole du Rassemblement national dit même être en phase avec Kylian Mbappé : "Il a raison. Il y a aujourd'hui des gens qui veulent diviser. Ils existent. La macronie l'a fait pendant sept ans. Aujourd'hui, la Nupes version 2 tient des propos, à travers certains de ses dirigeants, terribles pour nos compatriotes de confession juive", a-t-il affirmé.
Selon Laurent Jacobelli, Mbappé "a le droit de s'exprimer", mais il rappelle que "les footballeurs de l'équipe de France représentent tous les Français" et "les Français de toutes les opinions. Quand on porte le beau maillot bleu blanc rouge, on joue pour tous les Français". D'autres sportifs, de toutes disciplines confondues, ont signé dimanche une tribune sur le site de L'Équipe appelant à faire barrage à l'extrême droite : "Il y a des gens, effectivement, des artistes, des sportifs qui ne vivent probablement pas les problèmes quotidiens" des Français. "J'en suis très heureux pour eux", dit-il. Ils "vivent dans un monde plus protégé et ont des ennemis fantasmés et une bonne conscience. Tant mieux. C'est bien d'avoir une bonne conscience", mais "je les appelle à la réalité. Regardez le sort de nos compatriotes", a déclaré le porte-parole du RN.
Manuel Bompard ne se sent "pas du tout" visé
Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise et député sortant, candidat à sa réélection dans les Bouches-du-Rhône, assure de son côté, ne pas se sentir "du tout" visé par les propos de Kylian Mbappé. L'Insoumis veut laisser le capitaine des Bleus "préciser son point de vue" parce qu'il "ne sait pas vraiment ce qu'il veut dire" quand il parle des extrêmes. "Je ne veux pas lui faire dire ce qu'il ne dit pas", balaie Manuel Bompard qui tient à souligner que plus de 200 personnalités du sport appellent à voter contre l'extrême droite aux législatives 30 juin et 7 juillet prochains, dans une tribune publiée sur le site de l'Équipe lundi.
En conférence de presse dimanche, Kylian Mbappé s'est dit "contre les idées qui divisent". Mais le coordinateur national de LFI ne se sent pas concerné parce que "la conflictualité du débat, ce n'est pas la division du peuple", selon lui. Manuel Bompard vante le programme du Nouveau Front populaire "qui vise au contraire à unir le pays, le peuple qui malheureusement a été très fortement divisé par Emmanuel Macron" et qui le sera "extrêmement" si le Rassemblement national arrive au pouvoir.
Pourtant, LFI est accusée par ses adversaires politiques notamment de nourrir l'antisémitisme. Des personnalités de la société civile se mobilisent aussi contre La France insoumise. "Je vous le dis clairement, je vote à gauche, mais je ne voterai pas pour un candidat LFI", a affirmé lundi matin sur BFM TV, la journaliste Anne Sinclair. Ne voulant "pas faire de langue de bois", elle précise : "Si au bout du compte, je me trouvais au second tour avec un candidat du Nouveau Front populaire, mais LFI et un candidat du Rassemblement national, je voterai blanc". L'historien et avocat Serge Klarsfeld, grand défenseur de la cause des déportés juifs de France, a annoncé sur LCI dimanche soir, qu'en cas de duel avec la gauche lors des législatives, il voterait pour le Rassemblement national, qui a "fait sa mue" et "soutient les Juifs", contrairement à LFI, un parti "résolument antijuif" selon lui.
"Je réagis mal", commente Manuel Bompard. "Je trouve dramatique qu'un certain nombre d'esprits dans ce pays ont été contaminés par la campagne de dénigrement et de diffamation contre la France insoumise", ajoute-t-il. L'Insoumis estime qu'il "faut que ça s'arrête". Ainsi, si "des gens pensent sincèrement que l'un ou l'une d'entre nous est antisémite, alors il faut nous poursuivre devant les tribunaux, car l'antisémitisme est un délit". Or, "aucun dirigeant ou militant LFI n'a jamais ni fait l'objet d'une plainte ni été condamné pour antisémitisme", se défend le coordinateur national du parti. Il assure que le Nouveau Front populaire, auquel participe La France insoumise, est "une formation politique qui luttera contre toutes les formes de racisme, contre l'antisémitisme, contre l'islamophobie".
Toutefois, des publications sur le réseau social X, d'Aly Diouara, fraîchement investi par LFI dans la cinquième circonscription de la Seine-Saint-Denis commencent à susciter une polémique. "Salut les blancs, on ne vous dérange pas trop dans votre remake de la conférence de Berlin ? Comme disait l'autre : la pauvreté, c'est nous qui la vivons et c'est vous qui en vivez"; a-t-il écrit le 27 août 2022. Son message – faisant référence au partage de l'Afrique entre les puissances coloniales en 1885 – était accompagné d'une photo où l'on voit les socialistes Olivier Faure, Boris Vallaud, Jérôme Guedj, Patrick Kanner ou encore les Insoumis Alexis Corbière et Clémentine Autain.
Manuel Bompard concède qu'il s'agit d'un "tweet provocateur" mais "ne croit pas du tout" qu'il y a du racisme. "Je crois qu'il contestait justement le fait que la représentation politique de ce pays, aujourd'hui, n'est sans doute pas suffisamment à l'image de la société", justifie-t-il avant d'ajouter : "Je le connais et je sais que quand il s'attaque ou quand il critique des personnes, il le fait en fonction de ce qu'elles pensent et jamais en fonction de ce qu'elles sont".
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