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Accord MoDem-En Marche : un "retour à la réalité politique" selon le politologue Bruno Cautrès

Après l'annonce de l'accord trouvé entre Emmanuel Macron et François Bayrou, le politologue Bruno Cautrès y voit "un retour à la réalité politique" mais précise qu'il ne faut "pas sous-estimer le caractère extrêmement nouveau de ce qui est en train de se passer."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François Bayrou, à droite aux côtés d'Emmanuel macron lors d'un meeting à Pau en avril 2017, jouera-t-il un rôle auprès du président élu ? (MAXPPP)

Après l'accord annoncé, vendredi 12 mai, dans la soirée par François Bayrou, entre le MoDem et La République en marche à propos des législatives, le politologue du Cevipof Bruno Cautrès estime que nous vivons "un retour à la réalité politique".

franceinfo : Est-ce le retour des petites discussions que rejetait Emmanuel Macron ?

Bruno Cautrès : Ce qu'on vit en ce moment, c'est un retour à la réalité politique. Du côté d'En Marche, on est bien obligé de tenir compte que le mouvement n'aura pas une majorité absolue des sièges, donc il y a des discussions et des jeux de négociations entre les différentes composantes de la future majorité

Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer le caractère extrêmement nouveau de ce qui est en train de se passer. La composante de renouvellement est quand même assez importante. Il y a des personnalités nouvelles qui vont émerger de ces législatives.

Est-ce une victoire pour François Bayrou ?

Oui, s'il y a un projet d'accord qui va effectivement dans le sens de François Bayrou, c'est à dire obtenir nettement plus de candidats étiquetés MoDem que ça n'était le cas quand les investitures ont été annoncées. On a vu quelque chose de très intéressant, qu'on connaît bien dans la vie politique. Ce sont ces moments de négociation, ce jeu stratégique, où chacun essaie de montrer ses muscles, c'est un cas de figure assez classique dans notre vie politique, de négociation et de dramatisation d'une négociation.

Quand François Bayrou s'est allié à Emmanuel Macron fin février, il avait assuré qu'il n'y avait pas d'accord, qu'il ne demandait rien. En fait on se rend compte qu'il y avait bien une contrepartie ?

Oui, je pense qu'il était inéluctable qu'il y ait une contrepartie. Puisqu'au moment où cet accord s'est scellé, l'élection d'Emmanuel Macron n'était pas encore faite. Lorsqu'on regarde les intentions de vote, après cet accord, les intentions de vote pour Emmanuel Macron ont nettement augmenté : on était à 18% et on passe à 24%.

Selon vous François Bayrou a raison de dire qu'il a permis l'élection d'Emmanuel Macron ?

C'est une posture que prend François Bayrou, celle du faiseur de roi, celui sans lequel l'élection d'Emmanuel Macron n'aurait pas été possible. Le MoDem applique un raisonnement arithmétique tout simple qui est : si on a fait augmenter d'un tiers les intentions de vote pour Emmanuel Macron, et bien on doit avoir environ un tiers des 289 sièges de députés qui faut pour faire une majorité à cette nouvelle coalition.

Que souhaite François Bayrou ?

Il a deux objectifs. Le premier, c'est de faire renaître le MoDem, lui redonner une visibilité forte à l'Assemblée nationale. Et puis un objectif peut-être plus politique : situer cette nouvelle majorité au centre. Du côté de François Bayrou, on voit bien qu'il y a non seulement la question des investitures, mais il y a aussi la direction, la tonalité de cette nouvelle majorité politique. Il souhaite que ce soit véritablement au centre. De son côté, on commençait à s'inquiéter de voir les contours de cette future majorité tirer peut-être plus vers la gauche. Emmanuel Macron lui souhaite le plus de députés possible pour appliquer ses mesures. Mais il est aussi assez sur l'idée qu'une coalition est une bonne chose, et qu'un parti trop dominateur ne correspond peut-être pas aux objectifs de renouvellement.

Bruno Cautrès : "C'est une posture que prend François Bayrou, celle du faiseur de roi."

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