: Reportage Écoles, marchés, lieux de culte... Pour les législatives, ces communes interdisent aux candidats de tracter
Les équipes de campagne doivent composer avec des mairies qui interdisent parfois le tractage dans certains lieux comme les écoles ou les lieux de culte, estimant que les candidats aux législatives se montraient trop insistants. Illustration dans le Val-de-Marne.
"Bonjour, élections législatives des 12 et 19 juin", annonce un militant tout en tractant devant une école maternelle de Vincennes, dans le Val-de-Marne. En réalité, cette simple action le place hors-la-loi : la mairie a publié un arrêté interdisant le tractage à moins de 25 mètres des écoles et des lieux de culte.
Cette décision fait d'ailleurs débat parmi les parents d’élèves présents ce jour-là. "Je ne suis pas choqué outre mesure, estime l’un d’eux. Honnêtement, je me dis qu'il y a plein d'endroits où il est possible de tracter comme les bouches de métro ou la sortie des magasins." Devant cette école les panneaux électoraux pour le premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, sont bien visibles, mais les candidats n'ont pas le droit de tracter. "C'est dommage, regrette un autre parent d'élève. Quand la démocratie peut s'exprimer partout, c'est bien." Peut-être, mais la maire de Vincennes ne semble pas de cet avis.
Ne pas "imposer" les opérations de tractage
Charlotte Libert-Albanel estime ainsi que les partis politiques ont récemment rompu une vieille coutume qui consistait à ne pas tracter devant les écoles. C'est pour cette raison qu'elle a pris cet arrêté. "Il m'a semblé naturel de ne pas imposer ces opérations de tractage à nos enfants et aux parents qui, le matin, ont autre chose à faire que de se voir refourguer un tract en vitesse, explique Charlotte Libert-Albanel. Je leur demande juste de reculer de 25 mètres pour pouvoir aller discuter un tout petit peu plus loin, mais pas forcément devant les enfants." Une mesure similaire avait été mise en œuvre il y a deux ans à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, mais elle n'est pas appliquée pour ces élections.
À quelques kilomètres de là, à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), l'arrêté municipal concerne cette fois le marché couvert et la rue principale. Là encore, le maire Christian Demuynck a constaté que les candidats étaient devenus bien trop insistants. " Lorsque les distributions se passent bien, souligne l’élu, que les Nocéens ne sont pas, entre guillemets, agressées, il n'y a pas de difficulté".
"Cela devient compliqué lorsqu'il y a un rassemblement de nombreuses personnes. De nombreux tracts sont distribués avec, entre guillemets, une agressivité vis-à-vis des passants."
Christian Demuynckà franceinfo
Pour ces élections législatives, le maire de Neuilly-Plaisance a tout de même dû revoir sa copie et restreindre l'arrêté pris lors de l'élection présidentielle. Une juge des référés a considéré que le texte portait une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'expression pluraliste des courants de pensée et d'opinion. Dans ces deux villes, Vincennes et Neuilly-Plaisance comme dans d'autres en France, telles Blagnac ou Lille par exemple, les mairies considèrent devoir légiférer car certains candidats sont parfois prêts à tout pour se faire connaître.
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