Gouvernement d'union nationale : "Il y a un tel climat de défiance" envers Emmanuel Macron "que les Français ne comprendraient pas", selon Fabien Roussel
"Il faut d'abord qu'Emmanuel Macron fasse ses preuves, qu'il donne des gages" avant que les communistes ne participent à un gouvernement d'union nationale, pose en préalable, le secrétaire général du PCF. "Ce n'est vraiment pas à l'ordre du jour."
Le député du Nord et secrétaire général du PCF Fabien Roussel affirme qu'Emmanuel Macron envisage un "gouvernement d'union nationale". Une hypothèse que le chef de l'État a formulé lors d'un entretien avec l'élu communiste mardi 21 juin, après les élections législatives. Participer à ce gouvernement n'est "pas envisageable" avec un "tel rejet de sa politique", selon Fabien Roussel.
franceinfo : Qu'est-ce que vous a dit précisément le chef de l'État lors de votre tête à tête ?
Fabien Roussel : Le chef de l'État envisage plusieurs scénarios. Il envisage autant un scénario de gouvernement d'union nationale, il nous en a parlé mais il en a parlé à d'autres. Il envisage aussi de construire des majorités de projets sujet par sujet, en fonction des thèmes. Et donc, il tente avec chacun de ses interlocuteurs de savoir ce que l'on serait prêts à faire. Moi, je lui ai dit qu'il avait surtout besoin de changer de politique, que ce soit à travers un gouvernement d'union nationale ou des majorités de projet.
"Il a surtout besoin d'entendre le message qui a été envoyé par les urnes et de changer de politique."
Fabien Roussel, secrétaire générale du PCFà franceinfo
Notamment en matière de pouvoir d'achat. Il doit agir immédiatement sur la hausse des salaires et sur la hausse des retraites, qui sont les deux sujets qui montent le plus dans le pays aujourd'hui.
Vous avez totalement refermé la porte à un éventuel gouvernement d'union nationale, y compris si ça passait par un pacte de gouvernement où certaines de vos idées seraient reprises ?
Je me suis permis de parler très franchement, très sincèrement au chef de l'État en lui disant que d'abord, nous, Parti communiste français, dans notre histoire, nous avions déjà participé à des gouvernements d'union nationale. C'était de Gaulle en 1945, mais enfin, excusez moi du peu, à l'époque c'était un sacré gouvernement et qui avait fait de grands travaux, de grands investissements, y compris créer la Sécu qui existe encore aujourd'hui. Donc, il fallait mettre la barre très haute. Je lui ai dit aussi qu'aujourd'hui, il y avait un tel climat de défiance, un tel rejet de sa politique et de lui même que les Français ne comprendraient pas si nous participions à un gouvernement à ses côtés. Il faut d'abord qu'il fasse ses preuves, qu'il donne des gages, que tout de suite, il donne des signes. Et puis on verra. Mais en tout cas, ce n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Il y a besoin d'avoir des gestes forts en faveur des salaires et des retraites, notamment.
Est-ce qu'il peut y avoir des points d'accords au cas par cas ? Est-ce que les députés communistes voteront la revalorisation de 4% des retraites et des minima sociaux le mois prochain ?
Bien sûr que oui. Ce ne serait pas compréhensible qu'on ne vote pas ça. On demande beaucoup plus mais ça passe par ça. C'est quand même le minimum de voter ces 4%, mais ce n'est vraiment pas au niveau.
"C'est tout le problème qu'on a avec Emmanuel Macron. Il pourrait commencer ce retour politique avec des petites mesures, des petites augmentations, des petits chèques par ci, par là. Et ça, c'est de la petite politique. C'est pour construire une petite France."
Fabien Rousselà franceinfo
C'est loin du gouvernement d'union nationale du général de Gaulle en 1945, dont les investissements ont perduré pendant des dizaines et des dizaines d'années derrière. Je demande à ce qu'il y ait une plus grande ambition pour la France et pour les Français en matière d'investissement, de pouvoir d'achat et de redistribution des richesses.J'en ai beaucoup parlé avec lui hier. Il y a besoin de beaucoup mieux répartir les richesses de notre pays.
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