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Législatives 2022 : une vingtaine de candidats LR renoncent à "mener le combat" après le faible score de Valérie Pécresse à la présidentielle

Le parti de droite minimise ces défections et assure qu'elles seront ou ont été remplacées. 

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le logo des Républicains affiché au siège du parti, à Paris, le 2 mai 2022. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Ils ont préféré jeter l'éponge avant même que la campagne ne débute. Une vingtaine de candidats Les Républicains ont renoncé à leur investiture pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Un choix directement lié à l'échec cuisant et historique du parti de droite à la présidentielle. Sa candidate, Valérie Pécresse, n'a réuni que 4,78% des voix. "J'ai estimé que je n'avais pas de crédibilité. Je ne voulais pas mentir aux électeurs", raconte au Parisien Soizic Perrault, conseillère départementale du Morbihan. "Après l'échec de Valérie Pécresse, il ne me semble pas possible de défendre son projet, dans ce contexte", avait-elle préalablement annoncé dans un communiqué sur Facebook, le 26 avril. 

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Même argumentaire à 300 kilomètres de là, en Mayenne. Marie-Hélène Paty, sage-femme à la retraite, a elle aussi annoncé son retrait le 26 avril. "Avant la présidentielle, avec mon équipe de campagne, on s'était fixé le cap des 8%, détaille-t-elle à Ouest-France. Si Valérie Pécresse ne parvenait pas à les atteindre, on ne poursuivait pas". Le résultat est connu. "Dans ces conditions, ce n'est pas envisageable. Quand on compare le score des Républicains en 2012 et 2017... Là, c'est le bouillon assuré pour les législatives". L'ex-candidate, qui sera remplacée par le secrétaire départemental de LR, évoque aussi un autre aspect essentiel : l'argument financier. "Je ne veux pas me retrouver à rembourser un budget de campagne de 35 000 euros", dit-elle. Pour les élections législatives, les dépenses de campagne, qui sont plafonnées à 38 000 euros, ne sont remboursées que si le candidat obtient 5% des suffrages. 

"Ce n'est pas la peine"

"Je peux comprendre au regard de la situation de chacun. Il faut respecter cela", confie un cadre de LR à franceinfo. "On se bat pour nos idées, mais si c'est pour faire 2% et ne pas être remboursé de ses frais de campagne...", abonde un député auprès de l'AFP. Maxence Henry est de ceux-là. Adjoint au maire d'Angers, il avait été investi dans la deuxième circonscription du Maine-et-Loire, avant de se retirer le 25 avril. "On peut s'amuser et dire 'j'y vais', mais si c'est pour s'entendre dire qu'on a encore perdu, ce n'est pas la peine, confie-t-il au Parisien. 

"Qui voudrait aller s'abîmer dans une élection avec une candidate qui a fait moins de 5% ?"

Maxence Henry, ex-candidat LR aux législatives

au "Parisien"

Face au risque d'échec, certains ont aussi privilégié leur mandat local,qu'ils ne peuvent pas cumuler avec celui de député. "Député, je serai, de fait, dans l'opposition à la future majorité parlementaire, sans aucune capacité d'action pour notre pays, m'obligeant de plus à abandonner le mandat qui me tient tant à cœur de maire d'Arcachon", a expliqué, dans un communiqué, Yves Foulon, le maire de la célèbre ville balnéaire de Gironde. Sollicité par franceinfo, il n'a pas souhaité donner suite mais il évoque lui aussi "le résultat désastreux" de LR à la présidentielle comme cause de son retrait.

L'ancien maire de Bordeaux Nicolas Florian, soutien de Valérie Pécresse, invoque également des considérations locales pour se désengager de son investiture. "Je préfère me consacrer à mon objectif de reconquête de la mairie de Bordeaux", explique-t-il à l'AFP. 

Une fracture idéologique au sein de LR

Sont donc à prendre en compte le score désastreux de Valérie Pécresse, les enjeux locaux mais aussi la ligne politique de LR. François Lagarde, candidat dans la deuxième circonscription du Loiret, a renoncé à être candidat, assurant que son parti n'avait pas tiré les leçons de la présidentielle. Dans un communiqué publié le 1er mai et relayé par France Bleu, il estime que si "la gauche a abandonné le peuple, la droite, elle, a trahi la Nation". "Nous avons perdu trois élections présidentielles consécutives et nous tenons toujours le même discours lénifiant issu des années 80", déplore l'ancien vice-président de la métropole d'Orléans, proche des idées d'Eric Ciotti. Il reproche à Valérie Pécresse ne pas avoir assez affirmé une ligne de rupture avec Emmanuel Macron. 

Au contraire, Laura Cinieri, conseillère municipale à Saint-Etienne, investie dans la deuxième circonscription de la Loire, a elle déclaré forfait et quitté LR, dénonçant la droitisation de son parti. "J'ai été surprise du ton et de la direction données à la campagne de Valérie Pécresse, qui s'est alignée sur la ligne d'Eric Ciotti. Celle-ci me paraît éloignée des valeurs républicaines et gaullistes que je défends", explique-t-elle dans une interview, le 28 avril, au Progrès

"Le point de non-retour pour moi a été la prise de position de la direction des Républicains qui, entre les deux tours de la présidentielle, n'ont pas voulu choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen."

Laura Cinieri, ex-candidate LR aux législatives

au "Progrès"

Ces deux exemples illustrent la fracture idéologique au sein de l'ancien parti de Nicolas Sarkozy. Sans compter les quatre députés LR sortants, Robin Reda, Marine Brenier, Constance Le Grip et Jean-Carles Grelier, investis par la majorité présidentielle, et à qui il faut trouver un adversaire LR. 

Faire mieux que Valérie Pécresse

Officiellement, pourtant, ces retraits prématurés n'inquiètent pas outre mesure les caciques du parti, qui affirment qu'ils sont ou seront remplacés. Le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié, assure à l'AFP qu'"en 2017, c'était pire après l'affaire François Fillon" avec 35 renoncements et que "ce n'est pas très surprenant", concernant notamment des candidats "pas forcément très aguerris, dans des 'circos' difficiles". "Je pense que c'est classique et que c'est très très peu", ajoute auprès de franceinfo un historique du parti, qui a en tête le même scénario en 1981 et 1988 après les victoires de François Mitterrand à la présidentielle. 

"Les plus beaux combats restent les plus difficiles, soutient le député sortant Fabien Di Filippo, candidat à sa réélection en Moselle. "Les changements de candidats et les retraits arrivent partout. Regardez chez moi, Reconquête, En marche et le RN en sont chacun à leur deuxième ou troisième candidat annoncé !" Mais, en interne, certains s'agacent tout de même de ces retraits. "Je ne veux pas donner des leçons de morale en disant qu'il faut être courageux, mais quand on mène un combat, on le mène au bout", assure un membre de LR. 

"Ça met dans l'embarras ceux qui sont investis à leur place, ça envoie un mauvais signal."

Un membre de LR

à franceinfo

Quant à l'argument financier, beaucoup n'y croient pas. "Ils se trompent en pensant qu'il y a une corrélation entre les deux élections. A la présidentielle, le vote utile a joué à plein, là les sondages nationaux nous placent à 12%". 

C'est notamment ce qui a décidé Olivier Cauveau à reprendre le flambeau après le retrait d'Yves Foulon, en Gironde. "Je n'étais candidat à rien et je pensais passer les 12 et 19 juin derrière une urne, en tant que président du bureau de vote", raconte ce conseiller municipal de Lanton. Il y a quinze jours, il a reçu un appel d'Yves Foulon lui proposant de le remplacer pour tenter de ravir le siège à LREM. "J'ai réfléchi et je me suis dit que c'était une opportunité à saisir. On est sur une circo où le mouvement est en mesure de faire plus de 5% [pour être remboursé]. Yves m'a dit qu'il y avait quand même une chance de faire mieux qu'elle". Elle, c'est Valérie Pécresse. 

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