Résultats législatives : laminé, le PS n'obtient que 29 députés
Les socialistes sont en pleine débâcle. Ils ne décrocheraient que 34 sièges lors du second tour des législatives qui s'est tenu dimanche.
La débâcle est historique pour le Parti socialiste. A l'issue du second tour des élections législatives, dimanche 18 juin, le PS conserve seulement 29 sièges à l'Assemblée nationale. Un résultat catastrophique pour les socialistes, qui avaient obtenu 295 sièges en 2012. Avec ses alliés du Parti radical de gauche et les candidats divers gauche, ils pourraient former un groupe de 44 députés.
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Quel était l'objectif ?
Après la défaite de Benoît Hamon à la présidentielle (6,36%), l'enjeu pour le Parti socialiste était de sauver les meubles face à la vague En marche !. Mais à l'issue du premier tour des législatives, seuls 65 socialistes ont réussi à se qualifier pour le second. L'existence même du groupe socialiste à l'Assemblée (d'un minimum de 15 membres) n'était pas garantie.
Avant le premier tour, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, éliminé dès le 11 juin, déclarait à Buzzfeed : "Je pense que le PS aura un groupe, je l’espère le plus important possible. Si vous me demandez un pronostic, je nous vois plus près des 50 parlementaires que des cinq."
Quel est le résultat du parti ?
A l'issue du second tour des législatives, le Parti socialiste ne décroche finalement que 29 sièges à l'Assemblée, selon les résultats communiqués par le ministère de l'Intérieur. Il s'agit, et de loin, du plus mauvais résultat du parti depuis sa création en 1969. En 1993, après la "vague bleue" RPR-UDF, le PS avait conservé 57 sièges.
Quels sont les résultats des principaux ténors ?
Beaucoup d'entre eux ont été éliminés dès le premier tour . L'ancien Premier ministre Manuel Valls a réussi à sauver sa tête de justesse (à 139 voix) dans la 1ère circonscription de l'Essonne, mais la candidate de La France insoumise, Farida Amrani conteste les résultats. L'ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, est battue dans la 3e circonscription d'Indre-et-Loire, avec 43,41% des voix. Bonne opération pour l'ancien ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, vainqueur dans la 4e circonscription de la Sarthe, avec près de 55% des voix. Manuel Valls, Marisol Touraine et Stéphane Le Foll ont été épargnés par La République en marche, qui n'a pas présenté de candidats face à eux.
Myriam El Khomri a perdu son pari face au candidat des Républicains, Pierre-Yves Bournazel (53,61%), dans la 18e circonscription de Paris, un fief de gauche depuis 1997. Symbole de la déroute des socialistes, l'ancienne ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem est sèchement battue dans la 6e circonscription du Rhône face à son adversaire LREM, Bruno Bonnell (60,32%).
Comment a réagi le parti ?
"Ce soir, malgré une abstention record, le triomphe d'Emmanuel Macron est incontestable, la déroute du PS est sans appel", a reconnu Jean-Christophe Cambadélis, peu de temps après 20 heures. Le premier secrétaire du PS en a profité pour annoncer sa mise en retrait de la direction du parti. "Une direction collective va se mettre en place dans les plus brefs délais", a-t-il dit.
"La gauche doit tout changer, la forme comme le fond, ses idées comme son organisation, elle doit ouvrir un nouveau cycle, a poursuivi Jean-Christophe Cambadélis. Il s'agit de repenser les racines du progressisme, car ses deux piliers, l'Etat providence et l'extension des libertés, sont remis en cause."
Quel avenir pour le PS ?
Après une telle débâcle, le PS va devoir entamer un long et douloureux travail de refondation. "On est à terre, décapité, éclaté", résumait déjà l'ancien secrétaire d'Etat, Thierry Mandon, après le premier tour, quand le frondeur Alexis Bachelay estimait que "le pronostic vital du PS [était] engagé". D'autant que les rares vainqueurs du second tour ont pu l'être grâce à l'absence de candidat de La République en marche. Une clarification sur la ligne devrait intervenir dès la fin du mois de juin, à l'occasion du vote de la confiance au gouvernement et des lois d'habilitation permettant de modifier le Code du travail par ordonnance.
A long terme, le PS joue sa survie. Pris en tenaille entre La France insoumise et le mouvement d'Emmanuel Macron, "le PS n'est plus qu'un champ de ruines" , estime le politologue Gérard Grunberg, interrogé par franceinfo. Le chercheur dresse un constat sans appel : "Le PS n'a plus d'espace politique, plus de base électorale et plus d'avenir". Par ailleurs, le parti est devenu "petit", par ses scores électoraux, et "éclaté" en raison de ses nombreuses divisions internes.
Najat Vallaud-Belkacem, Matthias Fekl ou encore Olivier Faure ont d'ores et déjà signé une tribune dans Libération pour "réinventer la gauche". "Pour nous, c’est au sein d’un Parti socialiste profondément rénové, refondé, [que ce projet] doit se réaliser", écrivent les signataires. Quant à Benoît Hamon, il lancera son propre mouvement transpartisan le 1er juillet. De leur côté, Anne Hidalgo, Christiane Taubira et Martine Aubry ont lancé le 10 mai "Dès demain". Un mouvement qui n'est "pas un parti", assure la maire de Paris. Le chemin vers l'unité de la gauche s'annonce très long.
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