Présidentielle 2022 : à Pau, le candidat Macron tente de prouver qu'il accepte le débat
Le président-candidat est allé vendredi à la rencontre d'une douzaine de lecteurs de la presse régionale sur les terres de son ami François Bayrou. Il a pu dérouler ses promesses de campagne, dévoilées la veille devant la presse.
"Vous avez des amis ici, mais ce ne sont pas les amis qui comptent, nous sommes ici en tant que concitoyens." A Pau (Pyrénées-Atlantiques), François Bayrou pose le ton de la rencontre. A trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat Emmanuel Macron s'est déplacé, vendredi 18 mars, sur les terres de son allié du MoDem pour rencontrer des sympathisants, mais aussi une douzaine de lecteurs de la presse quotidienne régionale choisis par des journalistes locaux.
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Les journaux La République des Pyrénées et Sud Ouest ont lancé en début de semaine un appel à leurs lecteurs pour qu'ils posent des questions au président en campagne, au lendemain de la présentation de son programme. Le format se veut une réponse aux critiques émises à l'issue de la dernière rencontre organisée à Poissy (Yvelines). Lors de cette conversation très organisée, Emmanuel Macron était resté dans sa zone de confort en donnant l'impression de répondre à des questions de citoyens acquis à sa cause. Le chef de l'Etat, qui suscite la colère des autres candidats en refusant de débattre avant le premier tour, voulait ainsi montrer qu'il était véritablement rentrer dans la campagne.
"J'ai tenté le coup, un peu pour la blague"
Pour cela, à Pau, les journalistes locaux ont recueilli 240 questions sur leur site internet et en ont gardé douze issues des thématiques les plus récurrentes. "Je suis tombé dessus un peu par hasard et j'ai tenté le coup, mais c'était un peu pour la blague", raconte Anna Katarina, une lycéenne de 18 ans qui a été sélectionnée pour poser une question. Les journalistes ont également exigé de pouvoir animer le débat entre Emmanuel Macron et les lecteurs. "C’est un format très original, avec l'idée de trouver dans cet échange de la spontanéité", explique la députée européenne MoDem Laurence Farreng, qui a organisé l'événement. "La presse a une totale indépendance sur le choix des lecteurs et des questions."
"Ce 'face aux lecteurs' est marqué d'impartialité, il n'y a eu aucun échange avec les lecteurs, ils vont s'exprimer en toute liberté."
François Bayrou, président du MoDemà Pau
Vers 11 heures, les quelques centaines de chaises de la salle du Palais Beaumont (500, selon l'équipe de campagne du candidat Macron) commencent à se remplir. De leur côté, les journalistes de la presse locale accueillent dans le hall les douze Français qui doivent poser une question. "On refait le tour des questions et puis on leur dit comment ça va se passer, on les rassure. L'idée, c'est de les mettre dans les meilleures dispositions, explique un journaliste de Sud Ouest. Il faut aussi affiner les questions, avec le programme dévoilé hier."
"Ce sont des questions qui relèvent des difficultés quotidiennes. On ne leur demande pas leur couleur politique, mais il n'y a pas que des macronistes."
Un journaliste du quotidien "Sud Ouest"à franceinfo
Arrivé avec une bonne demi-heure de retard, le candidat Macron se prête ensuite au jeu des questions, un peu secoué sur le pouvoir d'achat ou sur le climat. "Vous avez cédé au grand capitalisme (...) L'urgence climatique est là, qu'allez-vous faire ?", demande notamment Anna Katarina, membre de Youth for Climate et qui tient tête au chef de l'Etat. Emmanuel Macron tente de la convaincre en évoquant l'électrification de nos modes de transport, la rénovation de nos logements ou encore le développement du nucléaire et du renouvelable pour lutter contre les dérèglements climatiques. "On va tous s'y mettre. J'ai besoin de vous."
"C'était trop anxiogène"
Emmanuel Macron a pu esquisser les lignes du deuxième quinquennat qu'il sollicite auprès des Français. Tour à tour, il a répondu à des questions sur les délocalisations, le télétravail, les déserts médicaux, la dépendance, l'agriculture, les discriminations... A chaque fois en défendant le bilan de son action avant d'expliquer comment il pouvait aller plus loin lors des cinq prochaines années.
Sur le pouvoir d'achat, il a réexpliqué pourquoi il n'était pas favorable à un coup de pouce. "Si on l'augmente encore davantage, le risque, c'est de détruire des emplois. On va détruire des emplois peu qualifiés et on va détruire de la compétitivité", a-t-il avancé. Il est aussi revenu sur la nouvelle réforme des retraites qu'il propose, avec un âge de départ à 65 ans et la suppression des régimes spéciaux. Elle sera "moins chamboule-tout" que celle (avortée) en 2020, a assuré le président-candidat.
"Le système universel [de retraite], ça changeait trop les règles, c'était trop anxiogène."
Emmanuel Macronà Pau
Comme lors des grands débats, le président de la République s'est une nouvelle fois montré à l'aise dans cet exercice des questions-réponses, qui a duré près de deux heures et demie. Bien aidé, tout de même, par un public majoritairement acquis à sa cause. "J’ai voté pour lui et je revoterai pour lui, car intellectuellement il tient la route", confie ainsi Brigitte, 74 ans. "On vient en tant que sympathisants, car on a envie de l'entendre et de le voir", ajoute un couple placé quelques rangs devant.
"Il n'a pas annoncé grand-chose de nouveau"
"J'ai trouvé que c'était une séquence formidable", s'est félicité François Bayrou à la fin de l'échange. Même si la salle s'est dépeuplée progressivement, une bonne partie du public est restée jusqu'à la fin de l'événement pour tenter de faire une photo du chef de l'Etat.
Pour finir, le candidat Macron a revêtu son costume de chef des armées pour parler de la situation en Ukraine. "Il nous faut tout faire pour stopper cette guerre", a déclaré le chef d'Etat, en évoquant le "drame humanitaire" en cours. Les Palois venus à sa rencontre ont apprécié. "Je l'ai trouvé convaincant !", s'exclame Julien. "Il a du punch, il est combatif, mais il n'a pas annoncé grand-chose de nouveau", nuance son voisin.
Du côté des lecteurs de la presse locale venus poser des questions, tous n'ont pas été convaincus. "Il n'a clairement pas répondu à ma question sur l'urgence climatique, il n'y a rien eu de concret", estime Anna Katarina. "Mais bon, ça permet de poser les débats. Je l'ai un peu titillé et c'est quand même important de se parler, même quand on n'est pas d'accord."
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