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Présidentielle 2022 : comment Emmanuel Macron et Marine Le Pen tentent de séduire les électeurs de Jean-Luc Mélenchon

Les deux qualifiés pour le second tour tentent de convraincre les plus de 7,7 millions d'électeurs qui ont voté pour le candidat de La France insoumise.

Article rédigé par franceinfo
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Une profession de foi de Jean-Luc Mélenchon entre celles des deux finalistes de l'élection présidentielle : Marine Le Pen et Emmanuel Macron. (MAXPPP)

Ils tiennent entre leurs mains une partie du destin du scrutin. Les 7 714 574 votants qui ont choisi Jean-Luc Mélenchon, dimanche 10 avril, font l'objet d'une cour assidue de la part des équipes des deux qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle. Dans le camp d'Emmanuel Macron comme dans celui de Marine Le Pen, on veut croire que cet électorat peut constituer une partie de la réserve de voix qui permettra d'accéder à l'Elysée au soir du dimanche 24 avril.

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Alors que la campagne de l'entre-deux-tours débute, franceinfo raconte comment les deux finalistes tentent de mettre un coup de barre à gauche pour séduire les électeurs qui ont voté pour le candidat de La France insoumise.

Le Pen mise sur le "tout sauf Macron"

Jean-Luc Mélenchon a beau avoir répété à quatre reprises à ses sympathisants de ne "pas donner une seule voix à Madame Le Pen", la candidate du Rassemblement national ne désespère pas de convaincre la frange de l'électorat insoumis la plus opposée à Emmanuel Macron de glisser un bulletin d'extrême droite dans l'urne.

Au micro de France Inter mardi, Marine Le Pen a fustigé la "trahison" de Jean-Luc Mélenchon, dont les "électeurs attendent de la protection". Or, "en laissant penser qu'Emmanuel Macron doit être réélu, il leur supprime toute capacité à être protégés", a-t-elle argué, ciblant les mesures libérales du programme du président sortant.

Un argumentaire relayé par son état-major. Le vice-président du RN, Louis Aliot, a fait valoir sur BFMTV que, pendant la campagne du premier tour, l'électorat mélenchoniste "a été mobilisé contre" Emmanuel Macron.

"A moins que ces gens-là soient suicidaires, je ne vois pas pourquoi ils iraient se reporter en masse sur Monsieur Macron"

Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national

sur BFMTV

Marine Le Pen entend aussi convaincre les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon sur le terrain des idées. A une électrice qui l'interpellait sur France Inter, la candidate du Rassemblement national a dit souhaiter la "convaincre en parlant de démocratie", égrenant certaines de ses mesures institutionnelles également portées par le candidat de gauche, comme le référendum d'initiative citoyenne ou la proportionnelle intégrale pour les élections législatives.

La candidate d'extrême droite a également mis l'accent dans sa réponse sur des thématiques marquée à gauche, comme l'"attachement à la fonction publique", la "protection des enseignants" et le "pouvoir d'achat".

"Je veux m'attacher à faciliter la vie des plus fragiles."

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national

sur France Inter

Cette stratégie se traduit également sur le terrain. Lundi dans l'Yonne, à l'occasion de son premier déplacement de l'entre-deux-tours, elle a insisté sur sa proposition de supprimer la TVA pour 100 produits alimentaires de base – là où Jean-Luc Mélenchon proposait le blocage des prix de biens et produits de première nécessité. Mardi, dans l'Eure, elle a tenu une conférence de presse consacrée à "la démocratie et l'exercice du pouvoir". L'occasion d'insister sur ses points de convergence avec le candidat insoumis.

Macron souligne ses "valeurs" de gauche

Du côté du président sortant aussi, les appels du pied aux électeurs mélenchonistes n'ont pas tardé. A peine installée sur le plateau de France 2, dimanche soir, Marlène Schiappa résumait l'enjeu : "Maintenant, une nouvelle étape commence jusqu'au deuxième tour. Il nous reviendra d'aller convaincre celles et ceux qui ont voté pour d'autres candidats, pour Jean-Luc Mélenchon notamment." La ministre chargée de la Citoyenneté, qui affirme à l'envi qu'elle est "de gauche", a ensuite mis l'accent sur les mesures sociales du candidat de La République en marche, comme le versement automatique des aides sociales aux bénéficiaires qui y ont le droit ou l'indexation des retraites sur le niveau de l'inflation. 

Un peu plus tard, sur le plateau de LCI, elle a déplacé le débat sur le terrain des "valeurs". Pour Marlène Schiappa, les électeurs macronistes et mélenchonistes peuvent "se retrouver sur la question des droits des femmes, sur la question des droits humains, du droit d'asile".

Lors de son premier déplacement de l'entre-deux-tours à Denain, où la candidate du RN a recueilli 41% des suffrages dimanche, Emmanuel Macron a également envoyé des signaux aux électeurs de gauche. Outre la mention d'un échange par SMS avec Jean-Luc Mélenchon, le président sortant a surtout fait une concession inattendue sur l'un des points les plus controversés de son programme : le report de l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans.

"Je suis prêt à bouger le rapport au temps et dire qu'on ne fait pas forcément une réforme jusqu'en 2030 si je ressens trop d'angoisse chez les gens. Les 65 ans ne sont pas un dogme."

Emmanuel Macron, candidat de La République en marche

sur BFMTV

Pour sa deuxième journée de campagne d'entre-deux-tours, mardi, le président sortant a fait étape à Mulhouse, où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour avec 36% des voix. Là encore, la réforme des retraites a occupé une bonne partie de ses échanges. Des partisans du leader de La France insoumise lui ont aussi demandé des comptes sur son bilan de lutte contre la pauvreté. Emmanuel Macron a rappelé avoir augmenté le minimum vieillesse et vouloir porter la retraite minimale à 1 100 euros. Il a surtout redit sa volonté de rendre automatique le calcul et le versement des aides comme il l'a fait pour le prélèvement des impôts. Cela suffira-t-il à convaincre un électorat dont il ne pourra pas se passer pour accéder à un nouveau mandat de cinq ans ?

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