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Présidentielle 2022 : comment Valérie Pécresse est parvenue à s'imposer comme la candidate de la droite

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Valérie Pécresse lors de son dernier meeting de campagne, le 29 novembre 2011, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). (ERIC TSCHAEN / REA)

Après une campagne où elle a su se démarquer, la présidente de la région Ile-de-France est sortie victorieuse du congrès des Républicains, après sa victoire au second tour face à Eric Ciotti.

Les Républicains ont choisi leur candidate. Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, une femme va représenter le parti de droite à l'élection présidentielle. Avec 60,95% des voix, Valérie Pécresse a devancé Eric Ciotti lors du second tour du congrès des Républicains, samedi 4 décembre. Retour sur les raisons de ce succès.

Elle a labouré le terrain

La présidente de la région Ile-de-France n'a pas ménagé ses efforts pour aller à la rencontre des adhérents LR. "Elle a fait une campagne de terrain, à la Chirac, avec énormément de déplacements et environ 90 réunions publiques. Parfois, elle faisait trois départements dans la même journée", confie Othman Nasrou, le porte-parole de Valérie Pécresse. 

Le 23 novembre en Charente, Charente-Maritime et en Gironde, le 24 en Dordogne, dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, le 26 à Lyon ou encore le 27 dans le Doubs... "Elle a couvert quasi tous les départements", se félicite Vincent Jeanbrun, un lieutenant de longue date.

"Et quand elle n'a pas pu se déplacer, elle a organisé des rencontres sur l'application Zoom avec les militants."

Vincent Jeanbrun

à franceinfo

Ce travail de terrain lui a permis de faire connaître son programme, mais aussi d'entamer une réconciliation avec certains militants LR qui n'ont pas oublié son départ du parti en 2019. Avant qu'elle ne reprenne sa carte d'adhérente à LR quelques jours avant le congrès.

Elle a bénéficié de réseaux très actifs

Pour remporter la primaire fermée des Républicains, la fondatrice du mouvement Libres! a pu s'appuyer sur l'expérience et la connaissance de son directeur de campagne, Patrick Stefanini. Cheville ouvrière de la victoire de Jacques Chirac en 1995 et principal artisan du succès de François Fillon à la primaire de la droite en 2016, cet énarque connaît parfaitement les rouages du parti et sa candidate. Il a en effet dirigé sa campagne pour les régionales de 2015 en Ile-de-France.

"Son rôle a été déterminant. C'est un formidable directeur de campagne. Il apporte de l'ordre, une organisation. Il nous a permis de distinguer l'essentiel de l'accessoire", confie un membre de l'équipe de campagne. Il a notamment été précieux dans la bataille des adhésions. "Cela a été une organisation quasi militaire, on est parvenu à aller chercher une à une les voix et les adhésions", complète Vincent Jeanbrun.

"Au début de la campagne, on avait les coordonnées de 10 000 personnes qui n'étaient pas, ou plus, chez LR… Et on a réussi à en convaincre 8 500 d'adhérer."

Vincent Jeanbrun

à franceinfo

Pour séduire les militants LR, le camp Pécresse s'est appuyé sur des référents dans chaque département, ainsi que sur les 400 parrainages d'élus qui ont porté sa candidature au congrès. Cette organisation s'est activée jusqu'aux dernières heures de la campagne pour convaincre les soutiens de Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin de se mobiliser en faveur de Valérie Pécresse lors du second tour. "Je peux vous dire que dans la 'war room', les téléphones chauffent, on n'est pas du tout au repos", confiait un membre de l'équipe de campagne vendredi matin. 

Elle a bien négocié les débats télévisés

Lors de son entrée en campagne, certains cadres du parti s'interrogeaient sur les réelles motivations de Valérie Pécresse et sur sa capacité à aller jusqu'au bout. Les observateurs l'imaginaient même à Matignon dans le cadre d'un possible ticket avec Xavier Bertrand. "Et pourquoi Xavier Bertrand ne pourrait pas être mon Premier ministre ?", avait-elle répondu sur BFMTV.

"Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est un peu cliché, la femme en numéro 2, la femme toujours en numéro 2 ?"

Valérie Pécresse

sur BFMTV

Pour crédibiliser sa candidature, l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur de Nicolas Sarkozy a misé sur ses passages télévisés, et notamment lors des quatre débats organisés sur LCI, BFMTV, CNews et France 2. "Les débats lui ont énormément apporté, beaucoup de gens l'ont découverte. Cela lui a été extrêmement profitable, un peu à la manière de Fillon en 2016", estime son porte-parole Othman Nasrou.

"Elle a pu y exprimer quelques idées fortes, comme sur la réduction des fonctionnaires, car les sujets clivants sont toujours porteurs dans une campagne interne."

Othman Nasrou

à franceinfo

Dans son programme, la candidate annonce effectivement la "suppression de 200 000 postes dans l'administration de l'Etat et des collectivités locales". Sans préciser lesquels. Mais elle ajoute aussi que 50 000 postes supplémentaires pourront être créés "afin que la puissance publique se recentre sur ses trois missions prioritaires : protéger, éduquer et soigner".

"Les Français ont appris à la connaître et, après le premier débat, plus personne n'osait imaginer qu'elle représentait la droite molle ou la droite Macron-compatible."

VIncent Jeanbrun

à franceinfo

Dans une campagne très à droite où les candidats ont rivalisé d'imagination sur les propositions sécuritaires, l'élue francilienne a su investir d'autres sujets comme l'économie ou la politique familiale. Elle a aussi dégainé certaines formules chocs, accusant Emmanuel Macron d'avoir "cramé la caisse" lors d'un "quinquennat pour presque rien". "Cela a un peu marqué les esprits, car on sait que, sur les dossiers de finances publiques, il y a une attente, observe Othman Nasrou. Elle a montré lors des débats qu'elle avait un projet complet, un vrai projet présidentiel."

Elle a su rassembler son camp

Dans cette campagne, Valérie Pécresse a su rassembler derrière elle une partie des réseaux sarkozystes, notamment Brice Hortefeux, Pierre Charon et Frédéric Péchenard. "C'est sûr que c'était un plus, un bon point d'avoir ces élus bien identifiés de notre côté", admet Othman Nasrou. L'ancien président de la République n'a pas officiellement pris parti, mais il se murmure que son ancienne ministre du Budget était son "choix du cœur", selon les confidences obtenues par Politico.

"Les mots de Nicolas Sarkozy ont été, en tout cas, très chaleureux, jeudi soir, au téléphone."

Un proche de Valérie Pécresse

à franceinfo

Au-delà des sarkozystes, l'équipe de Valérie Pécresse a rassemblé les signatures de 1 300 élus, dont une cinquantaine de parlementaires, qui ont appelé dans Le Figaro à voter pour la présidente de la région Ile-de-France. Enfin, le rassemblement s'est matérialisé au soir du premier tour avec les ralliements des battus, Xavier Bertrand, Philippe Juvin et Michel Barnier.

"La dynamique de rassemblement est en route... et elle va continuer avec Eric Ciotti."

Vincent Jeanbrun

à franceinfo 

Valérie Pécresse va désormais devoir composer avec le finaliste du congrès et son programme très à droite. "Il n'y a aucun doute sur le rassemblement avec Eric Ciotti. Quand c'est un candidat avec une position centrale qui gagne, il n'y a pas de risque d'implosion", estime Othman Nasrou. "Le risque, pour elle, c'est de placer ses fidèles. Si elle part sur un truc un peu plus centriste, elle rate le coche, prévient un soutien d'Eric Ciotti. Il faut qu'elle dise à Ciotti : 'Tu vas être mon binôme, on va faire Batman et Robin, tu t'adresses aux tentés par Zemmour et moi aux déçus de Macron'."

Elle apparaît comme la meilleure chance de la droite

Si pendant longtemps, Xavier Bertrand a misé sur son étiquette de favori dans les sondages pour espérer l'emporter, c'est finalement Valérie Pécresse qui a su convaincre les électeurs LR de sa capacité à aller chercher la victoire. "Elle a montré sa détermination pendant la campagne et sa capacité à avoir une stature d'homme d'Etat. Elle a démontré qu'on pouvait l'imaginer à la tribune de l'ONU ou du Parlement européen", estime Vincent Jeanbrun, qui rappelle que sa candidate parle six langues (le russe, l'anglais, l'espagnol, l'allemand et le japonais, en plus du français).

"Je suis la seule à pouvoir battre Emmanuel Macron", assure désormais Valérie Pécresse. Pour l'instant, la candidate peine à dépasser les 10-11% dans les intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle, mais son parti mise sur la dynamique du congrès pour faire bouger les lignes. "Elle franchit les marches petit à petit. Elle sera à 14% après l'investiture et à 15% dans dix jours", prédit un cadre des Républicains. Les soutiens d'Emmanuel Macron ont d'ailleurs rapidement ciblé la candidate comme une concurrente sérieuse. Selon Le Point, François Bayrou confie régulièrement à son entourage : "Le danger, c'est Valérie Pécresse." 

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