Présidentielle : cinq questions sur le vote blanc, à un niveau historique lors du second tour
Au total, 11,46% des votants ont exprimé un vote blanc ou nul, dimanche.
Il s'agit d'un record pour une élection présidentielle sous la Ve République. Lors du second tour, dimanche 7 mai, 8,57% des votants,soit environ 3 millions de personnes, ont opté pour un bulletin blanc. Et au total, 11,46% des votants ont exprimé un vote blanc ou nul. Franceinfo revient sur ce chiffre historique en cinq questions.
Quelle différence entre un vote blanc et un vote nul ?
"Le vote blanc consiste à déposer dans l’urne une enveloppe vide ou contenant un bulletin dépourvu de tout nom de candidat (ou de toute indication dans le cas d’un référendum), explique le site vie-publique.fr. Ce type de vote indique une volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection."
Le vote blanc est à différencier du vote nul. Celui-ci correspond à des bulletins déchirés ou annotés. Il est parfois difficile d’interpréter le sens d’un vote nul. L’électeur n’a pas forcément souhaité que son vote le soit. Mais il arrive que l’électeur dépose volontairement un bulletin nul également pour faire entendre son mécontentement.
Le vote nul et le vote blanc sont décomptés séparément depuis la loi du 21 février 2014. Concrètement, dans le procès-verbal dressé par les responsables du bureau de vote, les bulletins blancs sont dissociés des votes nuls. Mais le vote blanc et le vote nul ne sont pas intégrés aux suffrages exprimés. En effet, ces derniers se comptent en prenant l'ensemble des bulletins, auquel sont soustraits les votes blancs et nuls.
Quelles sont les communes qui ont le plus voté blanc ?
Comme le montre notre carte, le vote blanc est plus important à l'intérieur des terres, du pourtour méditerranéen, dans les Pyrénées et dans la "diagonale du vide" (de la Meuse aux Landes).
Quelles évolutions au cours de la Ve République ?
Malgré la loi du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc aux élections, celui-ci et le vote nul ne sont pas intégrés aux suffrages exprimés.
De fait, il a toujours été de coutume d'agglomérer les votes blancs et nuls dans les comptages généraux. Sur cette base, voici comment ils ont évolué lors des dernières élections présidentielles.
Pourquoi le vote blanc (et nul) est-il si élévé ?
En 2002, le Front national était au second tour et le vote blanc avait seulement atteint les 5,39% des votants. A l'époque, presque la totalité des leaders politiques avaient appelé à faire barrage au Front national. Une quasi-unanimité qui tranche avec la désunion constatée lors de cet entre-deux-tours, comme nous l'avons montré dans cette vidéo.
Ce sont principalement "les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ont choisi de ne pas choisir", a estimé Bruno Jeanbart, directeur général de l'institut OpinionWay auprès des Echos . Consultés dans l'entre-deux-tours, les militants de la France insoumise ont choisi le vote blanc ou nul à 36,12%.
Le second ressort de ce score historique du vote blanc se trouve "dans les rangs des électeurs de François Fillon", précise également l'analyste, estimant que nombre d'électeurs du candidat des Républicains ne se sont pas sentis représentés lors du second tour. Sans oublier que Sens Commun, mouvement issu de La Manif pour tous qui avait apporté son soutien au candidat de la droite, a refusé de choisir, pour le second tour, entre Macron et Le Pen.
Est-ce que cela aurait changé la donne si le vote blanc avait été pris en compte ?
Le résultat final n'aurait pas été différent. Emmanuel Macron aurait été élu. Mais avec un score évidemment moins élevé.
Voici les scores des deux candidats sur la base des suffrages exprimés :
Voici les scores des deux finalistes si, en plus des suffrages exprimés, sont pris en compte les votes blancs (3 019 735) et les votes nuls (1 049 522). Emmanuel Macron chuterait à 58,51%.
Voici les scores si l'on tient compte, en plus, de l'abstention : Emmanuel Macron n'aurait pas la majorité absolue et l'absention serait plus élevée que le score de Marine Le Pen.
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