Présidentielle : le camp Pécresse embarrassé par les rumeurs de parrainages d'élus LR en faveur d'Eric Zemmour
Le candidat d'extrême droite peine à recueillir les 500 signatures nécessaires pour se présenter. Il espère pouvoir bénéficier d'un soutien discret et stratégique de la part de certains élus LR.
"Toute personne qui représente un véritable courant de pensée en France doit pouvoir se présenter. C'est évidemment le cas d'Eric Zemmour. Rien ne serait plus grave que d'empêcher les Français de s'exprimer." Voilà le principe posé par Valérie Pécresse, invitée de franceinfo lundi 10 janvier, alors qu'Eric Zemmour semble à la peine dans sa quête aux 500 signatures d'élus nécessaires pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle.
Le camp Pécresse pourrait-il aller jusqu'à aider son adversaire d'extrême droite à obtenir les précieux parrainages ? "Ce n'est pas mon rôle d'apporter des parrainages à quiconque. Aujourd'hui, les maires Les Républicains me soutiennent", évacue la candidate, interrogée sur des rumeurs selon lesquelles son parti pourrait apporter un soutien discret à la candidature Zemmour.
"Il faut qu'Eric Zemmour soit candidat et s'il n'obtient pas ses parrainages, on fera ce qu'il faudra", aurait ainsi déclaré à Europe 1 un proche conseiller de la présidente de la région Ile-de-France. Il n'est question ici que de tactique. LR n'a effectivement pas intérêt à empêcher Eric Zemmour d'obtenir ses 500 signatures, comme le rappelait l'ancien éditorialiste en décembre face à Cyril Hanouna sur C8 : "Si Les Républicains font cette bêtise tactique, Le Pen sera à 25% et Mme Pécresse ne sera pas au second tour."
"On a plutôt intérêt à ce que Zemmour soit candidat"
La stratégie serait donc de permettre à Eric Zemmour d'être candidat en lui offrant des signatures, avec l'espoir de faire baisser le score de Marine Le Pen au premier tour du scrutin. Pourtant, les conseillers de Valérie Pécresse interrogés par franceinfo assurent qu'il n'y a aucune stratégie concertée au sein du parti. "C'est une foutaise… D'abord, nous n'y avons aucun intérêt. Ensuite, nous n'avons aucun moyen de le faire", assure Aurélien Pradié, porte-parole de la candidate. "Il existe une primaire sauvage entre Eric Zemmour et Marine Le Pen, dans laquelle nous n'avons pas vocation à intervenir", ajoute Geoffroy Didier, directeur de la communication de la campagne.
"C'est de la responsabilité d'Eric Zemmour de trouver ses parrainages et c'est difficile de devenir président si on ne parvient pas à trouver 500 élus pour vous soutenir."
Geoffroy Didier, directeur de la communication de Valérie Pécresseà franceinfo
"Plutôt que de faire des calculs politiciens, le plus important c'est de faire campagne et de convaincre, complète Alexandre Vincendet, secrétaire général adjoint de LR. Quand on commence à vouloir faire des coups de billard à trois bandes, on finit par se prendre la boule blanche dans la figure." En off, certains conseillers de la candidate ne nient pas l'intérêt stratégique, mais démentent tout plan en ce sens. "Objectivement, on a plutôt intérêt à ce que Zemmour soit candidat, mais je n'ai jamais entendu qui que ce soit exposer cette stratégie ou donner une consigne", assure un proche de Valérie Pécresse.
Zemmour et Pécresse, "alliés objectifs" contre Le Pen ?
Plutôt que des cohortes de maires LR apportant leur soutien à Eric Zemmour, il est probable de voir des maires divers droite de petites communes venir compléter le tableau de chasse des signatures nécessaires au candidat. Vincent Thomazo, secrétaire départemental de Debout la France en Savoie, assure d'ailleurs sur Twitter qu'un ses amis, maire sans étiquette, "a été contacté par un élu Les Républicains pour lui demander de parrainer Zemmour". Interrogé par franceinfo, le représentant du parti de Nicolas Dupont-Aignan n'a pas souhaité en dire davantage.
Ce genre de rumeurs provoquent l'ire du Rassemblement national. "Zemmour a dit clairement sa stratégie, il s'agit d'empêcher Marine Le Pen d'être au second tour, s'agace le député RN Sébastien Chenu. Ils sont alliés objectifs, ils roulent l'un pour l'autre. Avec cette histoire de parrainage, on comprend mieux pourquoi Eric Zemmour ne tape pas trop sur Valérie Pécresse depuis son entrée en campagne."
L'état-major de LR balaye les accusations et assure qu'il n'est pas question pour LR d'encourager des élus de droite à apporter leur signature à Eric Zemmour. D'ailleurs, les fédérations battraient déjà le rappel des troupes. "On est chargés de s'assurer que les élus LR envoient bien leur parrainage à Valérie Pécresse", explique Christine Gavalda Moulenat, présidente de la fédération LR des Pyrénées-Orientales. "Les maires sont libres bien sûr, mais on part du principe qu'ils vont parrainer Valérie Pécresse. Je ne pense pas que le parti acceptera d'autres parrainages…" renchérit-elle.
"Il les aura, et ça nous arrangera"
Plusieurs membres de LR rappellent en revanche la liberté dont disposent les maires au moment d'envoyer leur signature au Conseil constitutionnel. "Chaque maire est libre de faire ce qu'il veut, c'est un choix libre et personnel. Ils n'ont même pas à le dire à leur conseil municipal, rappelle un maire des Alpes-Maritimes proche d'Eric Zemmour. Ensuite, des élus LR qui souhaiteraient parrainer Zemmour risqueraient de se mettre un peu en marge du parti politique."
Interrogé par Radio J, le directeur de la communication de Valérie Pécresse, Geoffroy Didier, prévient que si des élus LR apportaient un parrainage à Eric Zemmour, "ils s'excluraient eux-mêmes des Républicains". Les élus concernés seraient-ils pour autant sanctionnés ? Pas si sûr…
"Je ne suis pas là pour sanctionner, pour punir, ce n'est pas le rôle d'une famille politique."
Geoffroy Didierà Radio J
"On ne va pas non plus s'opposer au fait qu'il ait ses signatures, et je ne sais pas s'il y aura des sanctions pour nos élus", ajoute un proche de la candidate LR. "A la fin, il les aura, et ça nous arrangera."
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