Présidentielle : le programme de Nathalie Arthaud est-il dans les clous des objectifs climatiques de la France ?
Celui ou celle qui remportera l'élection devra prendre rapidement des décisions importantes pour limiter le réchauffement climatique. En collaboration avec l'association Les Shifters, franceinfo vous propose une analyse détaillée des programmes des candidats à l'Elysée.
Cet article fait partie d'une opération spéciale, en collaboration avec Les Shifters, une association de bénévoles qui accompagne le groupe de réflexion The Shift Project, spécialiste de la transition énergétique.
Face au réchauffement climatique, la prochaine ou le prochain président de la République devra prendre des décisions importantes. Son mandat prendra fin en 2027, trois ans avant 2030, date à laquelle la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 40% pour respecter l'accord de Paris sur le climat.
Pour ce faire, il ou elle trouvera sur son bureau la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), un document officiel qui décrit, secteur par secteur – transports, bâtiments, agriculture, industrie, etc. – les efforts importants à réaliser. Une feuille de route que les gouvernements successifs peinent à respecter depuis sa mise en place en 2015.
Les programmes des candidats sont-ils compatibles avec ces objectifs ? C'est la question à laquelle a voulu répondre franceinfo, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle 2022. Cet article présente un résumé de l'analyse faite par Les Shifters du programme de la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud. Vous pouvez retrouver leur évaluation complète sur leur site.
Son programme respecte-t-il l'accord de Paris ?
Difficile d'analyser les mesures proposée par Nathalie Arthaud, puisqu'elle n'avance "pas tant un programme de gouvernement défini qu'une dénonciation des pratiques des partis de gouvernement et du système capitaliste", analysent Les Shifters.
La candidate de Lutte ouvrière s'approche des enjeux climatiques en dénonçant le manque de mesures de décarbonation contraignantes pour l'industrie ainsi que les taxes environnementales qui impactent les plus modestes. "Pour y remédier, elle propose la reprise en main par les travailleurs du système économique et les questions environnementales seraient ainsi traitées dans l'intérêt de tous. Elle plaide également pour un traitement et une planification nationale et internationale des questions écologiques", rapportent Les Shifters.
Dans le détail, elle ne cite que le secteur de l'énergie, pour dénoncer les dangers du nucléaire sans s'y opposer tout à fait, mais ne s'intéresse pas à la rénovation thermique des logements, aux transports décarbonés ou encore au changement des modèles agricole et d'alimentation.
Que propose-t-elle secteur par secteur ?
Transports. Si le secteur est responsable de 31% des émissions françaises, selon le Haut Conseil pour le climat (PDF), Nathalie Arthaud ne présente aucune mesure spécifique s'y intéressant, selon Les Shifters.
Bâtiments. Là encore, aucune mesure ne s'attaque au secteur. "Les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone dans ce domaine [à l'origine de 17% des émissions en France] ne sont pas atteints au sein du programme de cette candidate", écrivent-ils.
Agriculture. Nathalie Arthaud ne propose aucune mesure sur la question agricole, responsable de 19% des émissions de gaz à effet de serre : "En conséquence il n'a pas été possible d'évaluer le potentiel de décarbonation du secteur agricole qu'elle envisage", observe l'association.
Forêts. Les forêts et l'utilisation du bois ne sont pas abordés dans le programme de la candidate, même s'ils constituent un important puits de carbone dans les sols.
Industrie. Sur ce secteur qui représente 19% des émissions de gaz effet de serre en France, Nathalie Arthaud avance trois mesures, sur "l'organisation sociale des entreprises, la critique du marché CO2 et le fait de passer d'une économie libérale à une économie étatique pour la gestion de l'industrie et des transports". Aucune ne traite directement de décarbonation du secteur. "La dernière pourrait être vue plus favorable au climat dans la mesure où elle renforce la planification industrielle, mais elle apparaît trop générale pour en tirer un impact mesurable", notent Les Shifters.
Energies. Sur ce sujet, source de 10% des émissions en France, la candidate de Lutte ouvrière n'avance aucune mesure particulière. "Elle déclare néanmoins ne pas être opposée au nucléaire en tant que tel, mais à sa mise en œuvre dans un système capitaliste", relèvent Les Shifters.
Déchets. Nathalie Arthaud ne propose pas de mesures concernant ce secteur, responsable de 4% des émissions en France.
La mise en œuvre de ces mesures est-elle réaliste ?
Sur la mise en œuvre de toutes ces propositions, Nathalie Arthaud prend en compte l'aspect global des enjeux écologiques, en souhaitant une politique internationale et nationale, avec la volonté d'organiser l'économie notamment pour préserver l'environnement. "Ce mode de gouvernance permet ainsi d'intégrer les enjeux climatiques à l'ensemble des décisions concernant les secteurs économiques", jugent Les Shifters. Ces volontés restent toutefois floues, Nathalie Arthaud ne proposant pas de mesures particulières pour inciter les acteurs nationaux à limiter leur empreinte carbone.
En termes de financements, la candidate "n'utilise pas les leviers proposés par la Stratégie nationale bas carbone pour réorienter les flux financiers publics et privés vers une transition écologique et solidaire", sa proposition phare, mais peu précise, étant d'organiser l'économie pour répondre aux besoins du plus grand nombre en préservant l'environnement. Et Les Shifters de conclure : "Les axes de la SNBC sont très largement ignorés à quelques exceptions près lorsque certaines positions sur la décarbonation apparaissent en filigrane."
Retrouvez ci-dessous les analyses climatiques des programmes des autres candidats :
>> Les programmes de Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Eric Zemmour sont-ils dans les clous des objectifs climatiques de la France ?
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