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Présidentielle : le programme de Yannick Jadot est-il dans les clous des objectifs climatiques de la France ?

Celui ou celle qui remportera l'élection devra prendre rapidement des décisions importantes pour limiter le réchauffement climatique. En collaboration avec l'association Les Shifters, franceinfo vous propose une analyse détaillée des programmes des candidats à l'Elysée.

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En collaboration avec Les Shifters, franceinfo.fr publie une analyse du programme de Yannick Jadot en fonction des objectifs climatiques de la France. (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Cet article fait partie d'une opération spéciale, en collaboration avec Les Shifters, une association de bénévoles qui accompagne le groupe de réflexion The Shift Project, spécialiste de la transition énergétique.


Face au réchauffement climatique, la prochaine ou le prochain président de la République devra prendre des décisions importantes. Son mandat prendra fin en 2027, trois ans avant 2030, date à laquelle la France devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 40% pour respecter l'accord de Paris sur le climat.

Pour ce faire, il ou elle trouvera sur son bureau la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), un document officiel qui décrit, secteur par secteur – transports, bâtiments, agriculture, industrie, etc. – les efforts importants à réaliser. Une feuille de route que les gouvernements successifs peinent à respecter depuis sa mise en place en 2015.

Les programmes des candidats sont-ils compatibles avec ces objectifs ? C'est la question à laquelle a voulu répondre franceinfo, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle 2022. Cet article présente un résumé de l'analyse faite par Les Shifters du programme du candidat écologiste Yannick Jadot. Vous pouvez retrouver leur évaluation complète sur leur site.

Son programme respecte-t-il l'accord de Paris ?

- (FRANCEINFO)

Le programme de Yannick Jadot couvre la totalité des secteurs de la SNBC, à travers des mesures cohérentes avec celle-ci. Les Shifters citent l'objectif d'une production d'énergie d'origine 100% renouvelable, le calcul généralisé du bilan carbone des grandes entreprises pour orienter leurs décisions ou encore l'adaptation des emplois, grâce à des formations de reconversion. Le candidat va parfois plus loin, comme avec son objectif de réduction de 65% des émissions importées à horizon 2050 (par rapport à 2005), supérieur à celui du texte. Pour mettre en œuvre ces propositions, des moyens financiers importants sont annoncés. Les Shifters remarquent aussi une "volonté de faire de la pédagogie autour de ce sujet, aussi bien auprès des décideurs que des particuliers".

Ils soulignent toutefois deux oublis, au regard de la SNBC. Le programme ne mentionne pas l'abandon du chauffage au fioul ou au gaz fossile des bâtiments. Quant aux secteurs industriels "particulièrement émetteurs" de la chimie et de la construction, ils ne figurent pas non plus dans le document. "Des mesures ou positions semblent par ailleurs aller à l'encontre de la SNBC", ajoutent les Shifters. Ils relèvent l'opposition de Yannick Jadot à la hausse des taxes sur les énergies fossiles quand elle est directement à destination des citoyens.

Que propose-t-il secteur par secteur ?

- (FRANCEINFO)

Transports. C'est le secteur qui émet le plus de gaz à effet de serre en France. Le programme de Yannick Jadot couvre la plupart des modes de mobilité. "Arrêt de la commercialisation des véhicules thermiques et accompagnement de l'électrification des véhicules, fort investissement dans la filière vélo, développement du covoiturage et des transports en commun avec encouragements à la gratuité, fin des subventions pour les transports non durables, interdiction de certains vols et taxation de l'aérien, renforcement du transport ferré de voyageurs, développement de modes de transport moins carbonés pour le fret", listent Les Shifters. Ils saluent un programme "cohérent avec la SNBC", avec "parfois des objectifs plus ambitieux que celle-ci".

Bâtiments. Le candidat écologiste "suit partiellement la trajectoire prévue par la SNBC" dans ce secteur à l'origine de 17% des émissions nationales en 2019, selon le Haut Conseil pour le climat (PDF). Yannick Jadot évoque plusieurs pistes pour favoriser la rénovation énergétique des bâtiments et décarboner les constructions publiques. Mais il ne mentionne pas l'abandon du chauffage au fioul ou au gaz fossile ni les moyens financiers nécessaires à certaines de ses propositions.

Agriculture. En raison de l'élevage bovin, de l'utilisation de fertilisants azotés et de la consommation d'énergie des tracteurs ou des serres, le secteur agricole est le deuxième plus émetteur en France. Yannick Jadot couvre "les principales sources d'émissions" du secteur, selon l'analyse des Shifters. L'association cite des mesures qui encouragent à la transition, grâce à l'achat public en restauration collective ou à la taxation des engrais chimiques pour diviser par deux leur consommation d'ici 2027. Le candidat entend aussi sensibiliser le public (en développant les fermes municipales) et revaloriser les métiers agricoles (en facilitant l'installation des jeunes).

Forêts. Il s'agit d'un puits de carbone essentiel à la lutte contre le changement climatique. Yannick Jadot évoque la protection de ces écosystèmes, à travers la plantation d'essences plus variées, la limitation des exportations en dehors de l'Union européenne ou encore l'utilisation du bois dans des produits à longue durée de vie, comme la construction. Toutefois, "il ne fait pas mention d'un potentiel encadrement de l'usage du bois dans la production d'énergie ou le chauffage", soulignent les Shifters.

Industrie. "Enjeu incontournable" de la décarbonation, l'industrie émet 19% des gaz à effet de serre de la France. Yannick Jadot propose un plan d'accompagnement à la transition de 25 milliards d'euros par an. En matière de financement, il propose de conditionner le crédit d'impôt recherche et les aides publiques à des critères écologiques. Le candidat propose aussi des mesures de sobriété, en luttant contre l'obsolescence programmée. Il veut enfin former 100% des décideurs économiques aux enjeux de la transition écologique.

Energies. C'est un sujet central dans les débats de la campagne. Yannick Jadot défend un traité de non-prolifération des énergies fossiles et mise sur une production d'origine 100% renouvelable, alignée sur la SNBC. La sortie du nucléaire, souhaitée par le candidat, laisse toutefois planer un doute. La quantité de nouvelles installations pour chaque source d'énergie "implique un rythme très soutenu qui génère une incertitude quant à la faisabilité [de la proposition] d'ici à 2030. La SNBC a notamment repoussé l'objectif de réduction à 50% de nucléaire de 2025 à 2035 à la lumière de l'évaluation des scénarios réalisée par RTE", soulignent Les Shifters.

Déchets. Le secteur est moins émetteur en France (4% en 2019), mais peut "initier un mouvement vers une société bas carbone sobre et circulaire", souligne l'association. Elle salue dans le programme de Yannick Jadot des mesures qui couvrent l'ensemble des axes de la SNBC : "côté consommateur avec le soutien à la réparation, côté producteur avec l'encouragement à l'éco-conception".

La mise en œuvre de ces mesures est-elle réaliste ?

Dans la mise en application de son programme, Yannick Jadot multiplie les outils, se servant de nouvelles obligations – la volonté d'inscrire la lutte contre le changement climatique dans la Constitution, obligeant en cascade l'ensemble des lois à en tenir compte – et de mesures incitatives, encourageant citoyens et entreprises à s'engager dans la transition. Ceci "tout en s'efforçant d'assurer une soutenabilité sociale", jugent Les Shifters. Il fait par ailleurs appel à des technologies déjà existantes et non à inventer, "ce qui peut faciliter leur mise en application", saluent Les Shifters. Le programme n'en oublie pas la sobriété, avec une volonté de "revégétaliser" les régimes alimentaires.

- (FRANCEINFO)

Enfin, le candidat tient compte de la dimension globale de la crise climatique en défendant la création d'"une coalition de pays partageant la même approche" ou encore l'attribution d'un pouvoir de sanction à l'Organisation mondiale de l'environnement. En conclusion, Les Shifters conviennent que Yannick Jadot propose "une société et un système cohérent avec les orientations de la SNBC", même si "pour certaines mesures, le manque de précision et de ciblage demeure pour évaluer leur portée effective".

- (FRANCEINFO)

Retrouvez ci-dessous les analyses climatiques des programmes des autres candidats : 

>> On a épluché les programmes des candidats à la présidentielle pour voir s'ils respectent l'accord de Paris

>> Les programmes de Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Eric Zemmour sont-ils dans les clous des objectifs climatiques de la France ?

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