Recul des Ecologistes au Parlement européen : quelles conséquences pour le Pacte vert ?

Quel sera l'impact du scrutin sur ce paquet de mesures qui doit permettre à l'Europe d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 ? Les ONG s'inquiètent alors que le "Green deal" était déjà malmené avant les élections.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le groupe des Verts et de l'Alliance libre européenne (ALE) perd 20 sièges dans l'hémicycle. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS via AFP)

L'effondrement des écologistes et la poussée de l'extrême droite au Parlement européen interrogent l'avenir de la politique environnementale de Bruxelles. Le groupe des Verts et de l'Alliance libre européenne n'a obtenu que 52 sièges à Strasbourg et perd ainsi sa place de quatrième force politique. En conséquence, le sort du Pacte Vert lancé en 2019 par Bruxelles s'assombrit, suscitant l'inquiétude des ONG environnementales.

C'est mathématique, le Parlement européen est moins vert aujourd'hui qu'il ne l'était hier. Les Verts perdent 20 sièges quand les deux groupes d'extrême droite en gagnent 13. Reste le groupe central renforcé par le scrutin : le PPE de l'actuelle présidente de la Commission. Ses choix détermineront l'avenir de la politique environnementale européenne, analyse Caroline François-Marsal, du Réseau action climat.

"Tout va dépendre du choix que va faire le PPE, d'aller chercher des majorités à l'extrême droite, ou de garder les majorités actuelles vers les libéraux et les socialistes."

Caroline François-Marsal, du Réseau action climat

à franceinfo

"Ce choix-là va être déterminant pour l'avenir du Green deal", analysé Carolone François-Marsal, "puisque les partis d'extrême droite se sont notamment positionnés contre ce paquet climat européen".

Le Pacte vert fragilisé avant les élections

L'extrême droite a systématiquement voté contre les mesures du Pacte vert, ce paquet de mesures qui doit permettre à l'Europe d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 : directive sur la déforestation importée, accélération des énergies renouvelables, interdiction de la vente de voitures thermiques neuves d'ici 2035. Sur ce dernier point, comme sur d'autres, des convergences ont émergé ces derniers mois avec une partie de la droite traditionnelle du PPE, ce qui inquiète les ONG. Il y a aussi le rejet en novembre dernier d'un règlement européen pour réduire de moitié les pesticides d'ici 2030, ou plus récemment la révision de la Politique agricole commune avec des exigences environnementales nettement réduites.

Le Pacte vert était donc clairement fragilisé avant même les élections des derniers jours, car le contexte a changé depuis le lancement de ce "Green deal" en 2019. À l’époque, c'était la percée des Verts aux élections européennes et on voyait des jeunes dans les rues toutes les semaines derrière Greta Thunberg. Depuis, il y a eu la guerre en Ukraine, l'inflation ou encore la crise agricole. L'un des exemples emblématiques de ce retournement, c'est la loi sur la restauration de la nature pour "réparer" 20% des terres et espaces marins d'ici 2030, mesure centrale du volet "biodiversité" du Pacte vert. Le Parlement l'a pourtant approuvée in extremis, mais depuis, pas de majorité parmi les 27 pour une adoption formelle. Les ministres de l'environnement de l'UE devraient trancher sur son avenir lundi prochain.

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