Régionales : premier tour mitigé pour les Républicains, incapables d'endiguer la montée du FN
Au premier jour de la campagne, le parti de Nicolas Sarkozy visait le grand chelem, soit 13 régions gagnées. Mais au soir du premier tour, le président des Républicains doit se rendre à l'évidence : la "vague bleue" qu'il espérait n'aura pas lieu.
Ni fusion avec la gauche, ni désistement. Au soir du premier tour des régionales, dimanche 6 décembre, le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a vanté les mérites "de l'alternance". La priorité des Français ? C'est que "la République ne recule plus", a-t-il martelé, excluant de faire barrage au Front national à travers un "front républicain". Arrivés en tête dans au moins trois des treize régions, les Républicains ont toutefois manqué leur pari, devancés par le FN et ses six régions. L'hypothèse d'une "vague bleue" semble bel et bien écartée. Et, pour de nombreux électeurs, c'est désormais le FN qui incarne le mieux l'opposition.
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Où les Républicains font-ils leur meilleur score ?
Au soir du premier tour, les Républicains réalisent leurs meilleurs scores – avec l'UDI et le MoDem – en Pays de la Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes, où Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez recueillent respectivement 33,9% et 32,1% des voix. A l'inverse, ils ne recueillent que 19% des voix en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
En Paca, Christian Estrosi (26%) essuie une forte déconvenue face à Marion Maréchal-Le Pen (41,2%). A moins d'obtenir le désistement de la liste de gauche, la droite pourrait donc manquer son pari dans la région. Le socialiste Christophe Castaner (15,8%) n'a pas encore décidé de sa stratégie dans l'entre-deux-tours. La situation est similaire en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Xavier Bertrand est en situation défavorable (25%) derrière Marine Le Pen (40,3%). Le socialiste Pierre de Saintignon (18,4%) a ouvert la porte à une fusion, du bout des lèvres.
Que leur prédisaient les sondages ?
En septembre, les Républicains caracolaient en tête des intentions de vote au niveau national (35%, contre 26%). Mais les courbes se sont croisées le 27 novembre (30% pour le FN contre 29% pour LR). A la veille du scrutin, une dernière batterie de sondages – Ipsos-Sopra Steria pour le Cevipof et Le Monde – ne donnait la droite en tête que dans cinq régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Normandie et Pays de la Loire.
Les attentats de Paris, en effet, ont bouleversé la donne. Alors que l'opposition de droite espérait une “vague bleue”, les intentions de vote en faveur du parti Les Républicains se sont érodées au profit du FN. "Ce sera peut-être quatre ou cinq régions qui basculeront en notre faveur. On a revu nos ambitions à la baisse", reconnaissait un membre du bureau politique du parti, cité par Le Parisien, au matin du scrutin. Sans surprise, le premier tour a confirmé ces ambitions en berne.
Que peuvent-ils espérer au second tour ?
La droite semble bien partie pour remporter les Pays de la Loire, le Centre-Val de Loire et, dans une moindre mesure, l'Ile-de-France, la Normandie et l'Auvergne-Rhône-Alpes. En position délicate en Bourgogne-Franche-Comté et en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, elle n'a plus beaucoup d'ambition en Bretagne et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Reste à connaître l’attitude des Républicains dans les régions où le FN a réalisé ses meilleurs scores. Un bureau politique est prévu lundi, à 11 heures, afin de fixer la stratégie du parti, mais Nicolas Sarkozy a déjà fermé la porte à tout désistement ou fusion de liste au profit de la gauche.
Incapable d'endiguer la progression du Front national, la stratégie de "droite décomplexée", chère à Nicolas Sarkozy, montre à nouveau ses limites. Ses principaux rivaux, Alain Juppé en tête, risquent de lui réclamer des comptes, avant la primaire de la droite, en novembre 2016. D'autant que les premières contradictions sont d'ores et déjà apparues : dès dimanche soir, la vice-présidente déléguée des Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet, a estimé sur France 2 que "tout doit être fait pour éviter qu'il y ait un président FN dans une région".
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