Relations franco-allemandes, soutien à l'Ukraine... Après les résultats des législatives, ces dossiers qui posent question au sein de l'Union européenne

Les médias européens ont largement commenté le résultat des élections législatives françaises, avec l'arrivée surprise en première position de l'union de la gauche.
Article rédigé par Sébastien Baer, Pierre Benazet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Drapeaux de l'Union européenne. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Que disent nos voisins européens des résultats de ce second tour des législatives, dimanche 7 juillet ? Les élections ont, du point de vue de l’Union européenne, donné une issue beaucoup plus mitigée que ce que laissaient croire les sondages, avec l'arrivée en première position du Nouveau front populaire et le Rassemblement national à la troisième place. Des résultats qui ont suscité un soulagement notable de Madrid à Berlin en passant par Varsovie, mais qui posent de nombreuses questions au sein de l'Union européenne. Franceinfo fait le point.

Quelle évolution pour les relations franco-allemandes ?

Les Allemands, partenaires historiques de la France, ont largement commenté l'issue de ce scrutin. Dans son édition spéciale, la chaîne publique ZDF parle de "résultats sensationnels, très différents de ceux que beaucoup redoutaient". Mais les médias allemands s'interrogent sur le Nouveau Front populaire, cette "alliance de circonstance sans direction claire ni programme commun" selon le quotidien Die Welt. La presse allemande craint une période d'incertitudes et s'interroge sur l’avenir des relations bilatérales et sur le moteur historique de l’Europe. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande quel scénario va choisir la France : celui du blocage total de la France et de l’Europe ou bien celui d’un gouvernement pragmatique. Le quotidien conclut, un brin fataliste : "On ne peut jamais choisir ses partenaires dans la politique mondiale. Il faut faire avec ce que l’on a".

Le soutien français à l'Ukraine va-t-il changer ?

En regard des priorités actuelles de l’Union européenne, ce sont d’abord les hypothèques qui pesaient sur le soutien à l’Ukraine qui semblent levées. Du fait de l’absence de majorité même relative du Rassemblement national, le soutien à l’Ukraine paraît devoir se maintenir, même si au fil de la campagne Jordan Bardella avait nuancé les positions qui semblaient être les siennes au départ. Finalement, c'est surtout l’envoi de soldats français et de missiles capables de frapper le territoire russe qui constituait pour le RN une ligne rouge.

La perspective d’une coalition ou d’un gouvernement minoritaire va cependant entamer l’envergure politique dont bénéficiait le président Emmanuel Macron au sein du Conseil européen. Un changement qui devrait affaiblir sa capacité à donner de l’impulsion ou à soutenir un accroissement de l’aide offerte à Kiev.

Le fonctionnement de l'UE va-t-il être modifié ?

Certains observateurs européens évoquent aussi un affaiblissement qui pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement de l’Union européenne. La dernière cohabitation française a pris fin il y a 22 ans et les Européens avaient repris l’habitude d’un président français en position prééminente. Car pour les partenaires européens, le mode de fonctionnement de la France est assez déroutant. La France est une exception, étant la seule à ne pas utiliser les coalitions.

Les Européens ont du mal à y voir clair du fait de l’absence de textes qui graveraient dans le marbre des questions lourdes de conséquences pour le rôle de la France dans l’UE. Il y a d’abord la question de savoir qui va nommer le prochain commissaire européen français, alors qu’Emmanuel Macron a déjà désigné Thierry Breton pour se succéder à lui-même. Il y a ensuite la fameuse question du domaine réservé du président de la République, qui lui maintiendrait une voix déterminante dans la politique extérieure de l’UE.

Les finances publiques françaises, sources d'inquiétudes en Europe ?

Les programmes des partis politiques pendant ces législatives ont laissé des questions en suspens, surtout pour les finances publiques. Aux yeux des Européens, le Nouveau front populaire comme le Rassemblement national ont tous deux proposé des politiques qui feraient fortement augmenter la dépense publique, alors que la France est sous surveillance jusqu’à l’automne et pourrait se retrouver sous le coup d’une procédure européenne pour déficit excessif.

Le programme du Nouveau front populaire pose question car il postule le refus du pacte de stabilité, qui conditionne pourtant l’appartenance à l’euro. Un sujet sensible au sein de l'UE, alors que ce pacte a déjà coûté des mois de négociations d’arrache-pied.

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