: Reportage "Le théâtre, ça permet de créer beaucoup de communs" : au festival d'Avignon, l'interrogation après les résultats du premier tour des législatives

S'il est une ville qui a vécu le premier tour des élections législatives d'une façon très particulière, dimanche 30 juin, c'est Avignon. Dans un département, le Vaucluse, où le Rassemblement national est largement en tête, la cité des papes accueille depuis samedi le festival d'Avignon dont les artistes et les acteurs culturels redoutent la victoire de l'extrême droite.

En apparence, une douce soirée d'été, trop calme pour un début de festival. Les militants du Rassemblement national sont réunis à Carpentras et pas la moindre soirée électorale chez les festivaliers. Dans la cour déserte d'un théâtre du "off", Hugues Duchêne et Hugo Roux, deux jeunes metteurs en scène en plein doute. "On est dans une crise politique énorme, à nous de faire preuve de vitalité. Et le théâtre ça permet de créer beaucoup de communs", estime l'un. "Même si c'est très troublant, être à Avignon, ça va être quelque chose de précieux, ça va peut-être nous permettre d'ouvrir des débats et d'essayer de nous organiser pour réagir face à ce qu'il va se passer. Qu'est-ce qu'il va se passer quand un député RN va venir nous serrer la main en nous apportant une subvention, qu'est-ce qu'on doit faire ?", ajoute l'autre.

Ils en sont convaincus, si le RN gagne, le spectacle vivant vivra des heures sombres. Ce festival, ils veulent le vivre malgré tout, en pleine conscience. "Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui il y a toute une partie de la population qui visiblement ne se retrouve pas dans ce qu'on propose ?", s'interroge l'un des deux metteurs en scène. "Pour autant, le théâtre c'est beau. On va voir si on arrive à mettre un peu de joie jusqu'au 21 juillet", ajoute son confrère. Localement, le Rassemblement national l'assure : "Le festival ne bougera pas". Début de réponse dans une semaine.