Le visage des prochains 81 eurodéputés français se dessine. La dynamique observée dans les sondages s'est confirmée, dimanche 9 juin, pour le Rassemblement national : avec 31,37% des voix, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur, la liste emmenée par Jordan Bardella se place en tête du scrutin, dimanche 9 juin. Le parti d'extrême droite obtient 30 sièges, selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur.
Le RN devance largement le camp présidentiel représenté par Valérie Hayer (14,6% des suffrages exprimés, 13 sièges) et la liste du Parti socialiste-Place publique emmenée par Raphaël Glucksmann (13,83%, de 13 sièges). Du côté de la participation, celle-ci est en légère hausse comparée à 2019 : 51,49%.
Rassemblement national
Le Rassemblement national (RN) a nationalisé ce scrutin européen pour en faire un vote pour ou contre la politique d'Emmanuel Macron. En meeting à Paris le 2 juin, Jordan Bardella a appelé les électeurs à lui "infliger la défaite la plus lourde" , et ce afin d'imposer le RN comme le "parti de l'alternance" en vue de l'élection présidentielle de 2027. La tête de liste a fait campagne sur ses fondamentaux, contre l'immigration, le fédéralisme européen et les traités de libre-échange. Donné largement en tête dans les sondages depuis plusieurs mois, le RN souhaitait faire mieux qu'en 2019, lorsqu'il avait fini premier et obtenu 23 sièges d'eurodéputés.
Renaissance (et alliés)
Le parti présidentiel a tardivement investi sa tête de liste Valérie Hayer, présidente du groupe Renew au Parlement européen, méconnue du grand public, après avoir essuyé plusieurs refus d'autres personnalités de la majorité. Les élections européennes constituaient le dernier rendez-vous national d'Emmanuel Macron, qui ne pourra pas se représenter en 2027. L'enjeu était donc majeur pour le président de la République et son camp, qui ont cherché à instaurer, tout au long de cette campagne, un duel avec le Rassemblement national.
Parti socialiste-Place publique
Pour le Parti socialiste, ces élections européennes représentent un moyen de "réveiller l'Europe", mais aussi de sortir de l'ornière après une présidentielle ratée en 2022 (1,75%). Le parti à la rose s'est de nouveau allié avec le mouvement de Raphaël Glucksmann, Place publique, après les 6,19% rassemblés par la liste de l'essayiste en 2019. Le PS voulait utiliser ce scrutin pour peser davantage dans le bloc de gauche en vue de la présidentielle de 2027, alors que la Nupes s'est fracturée à l'Assemblée nationale à peine un an après les dernières législatives.
La France insoumise
Comme en 2019, lorsqu'elle avait réalisé 6,31% des suffrages, La France insoumise a choisi l'eurodéputée Manon Aubry pour emmener sa liste aux élections européennes. Le mouvement de gauche radicale, qui souhaitait initialement présenter une liste d'union avec ses anciens partenaires de la Nupes, a fait campagne sur le thème du conflit israélo-palestinien et sur le pouvoir d'achat. Dans un contexte de forte abstention, son objectif était de dépasser les 10% des voix et infirmer l'idée selon laquelle les élections intermédiaires aux scrutins présidentiels se soldent par des scores décevants.
Les Républicains
Il y a cinq ans, le score réalisé par la droite, déjà emmenée par François-Xavier Bellamy, avait sonné comme un terrible désaveu pour Les Républicains avec 8,48% des suffrages. Mais l'échec retentissant de Valérie Pécresse à la présidentielle 2022, qui avait terminé à 4,78% des voix, est passé par là. François-Xavier Bellamy, de nouveau tête de liste, a tenté de faire entendre sa propre musique dans cette campagne, en s'érigeant notamment contre le duel entre le Rassemblement national et le camp présidentiel.
Les Ecologistes-EELV
Les Ecologistes, auparavant Europe Ecologie-Les Verts, ont privilégié une candidature sans leurs partenaires de gauche. Un pari risqué pour leur tête de liste, l'eurodéputée sortante Marie Toussaint, dont la campagne a eu du mal à imprimer. Après l'échec de Yannick Jadot à la présidentielle en 2022 (4,63% des voix), les verts ont tenté de se redonner du souffle à l'occasion d'un scrutin qui leur est souvent favorable. En 2019, les écologistes avaient réalisé une percée surprise en remportant 13,48% des suffrages et en se plaçant sur la troisième marche du podium.
Reconquête
Reconquête se présentait pour la première fois aux élections européennes, trois ans après la fondation du parti d'extrême droite. Eric Zemmour et ses soutiens souhaitaient dépasser la barre des 5% et ainsi envoyer des eurodéputés au Parlement européen. Pour cela, la liste emmenée par Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen, a voulu séduire une partie de l'électorat des Républicains et du Rassemblement national, en défendant un "vote utile" et en axant sa campagne sur des propositions contre l'écologie, conservatrices et identitaires.
Design : Léa Girardot & Maxime Loisel
Rédaction : Mathieu Lehot-Couette & Léa Prati & Pauline Paillassa
Développement : Valentin Pigeau & Grégoire Humbert
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