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Trois candidatures improbables au Parlement européen

Plus besoin d'être polyglotte et d'avoir de la bouteille en politique pour devenir député européen : dans certains pays, des candidats se présentent après une carrière d'acteur, de prêtre ou de star de la téléréalité.

Article rédigé par franceinfo - Alix Hardy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (© REUTERS PHOTOGRAPHER / REUTER / X90029)

Les Européens connaissent désormais tous les candidats pour lesquels ils pourront voter aux élections européennes : ils avaient jusqu'au vendredi 2 mai pour se déclarer. Dans le lot, se sont nichées quelques candidatures surprenantes, relevées par francetv info. 

En Italie : Alessandra Mussolini, petite-fille de Benito, actrice et mannequin

Alessandra Mussolini a eu plusieurs vies. Petite-fille du leader fasciste Benito Mussolini (1883-1945) et nièce de l’icône et actrice Sophia Loren, elle présente une émission-fleuve du dimanche (“Domenica In”) à la télévision italienne dans les années 1980, avant de devenir actrice dans une dizaine de téléfilms, de faire scandale en posant pour Playboy et de s’essayer à la chanson avec un 33-tours sorti uniquement au Japon.

Alessandra décide ensuite de reprendre ses études de droit et entre en politique, où elle fonde rapidement son microparti pour les Européennes, l’Alternative sociale, pour "défendre l’héritage mussolinien", qui n'est, selon elle, plus respecté par l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, son parti d'adhésion à l'origine. Elle réalise un score de 1% aux élections européennes de 2004, ce qui lui ouvre l’accès au Parlement européen.

En 2007, elle siège dans le groupe de Bruno Gollnisch (Front national), Identité, tradition et souveraineté, qu’elle fait éclater : un amalgame entre délinquants roms et Roumains de sa part conduit les cinq députés roumains du groupe à s’en aller, rappelle le Spiegel (en anglais), ce qui provoque la dissolution du groupe pour manque d’effectifs. Elle retourne alors siéger parmi les non-inscrits. En 2014, elle se présente sous les couleurs du parti de Berlusconi, Forza Italia, qui appartient au groupe politique européen PPE.

 En Finlande : Mitro Repo, prêtre orthodoxe et fin gourmet

L’histoire avait bien commencé pour le prêtre orthodoxe finlandais Mitro Repo. Figure spirituelle dont la jovialité lui ouvre les portes des plateaux télé, il est courtisé par six partis politiques et choisit les sociaux-démocrates pour se présenter aux européennes en 2009. L’affaire fait grand bruit, intéressant jusqu’au Monde et au New York Times, car l’Eglise orthodoxe finlandaise lui interdit alors d’exercer sa fonction de prêtre ou d’en porter les attributs. Il remporte ensuite l’un des deux sièges obtenus par sa liste aux européennes. Mais s’il est connu pour être bon vivant (Le Monde parle de “photos du prêtre entouré de femmes court-vêtues”), son penchant pour la bonne chère à Bruxelles mis en scène dans une émission culinaire de télévision finlandaise, “Hans Voyage”, a marqué les esprits.

Le journaliste s’invite chez les Finlandais expatriés pour filmer ce qu’ils mangent à l’étranger. Dans l’épisode bruxellois, on peut voir Mitro Repo emmener son invité dans un supermarché de luxe comme si c’était la supérette du coin (4:48) et toaster au champagne. Un épisode très mal perçu par certains Finlandais, pour qui la vie de député européen rimait déjà trop avec petits-fours et champagne.

En 2011, épinglé dans un classement de la télévision finlandaise, Mitro Repo doit s’excuser face à des accusations de comportement déplacé envers les femmes, rapporte le quotidien Helsingin Sanomat (en anglais).“Un secret de polichinelle” selon une source du journal au sein du parlement. Ce qui ne l'empêche pas de se représenter en 2014 sous les couleurs du SDP, le parti social-démocrate.

Au Royaume-Uni, Katie Hopkins, ex-star de la téléréalité et eurosceptique

Katie Hopkins, qui se présente aux élections européennes dans le sud-ouest du Royaume-Uni, est plus connue pour ses frasques à la télévision britannique que pour son action politique. En 2007, elle prend part à la troisième saison de The Apprentice, une émission de téléréalité où des candidats tous "issus du monde du business" s'affrontent afin de remporter un poste lucratif auprès du magnat Alan Sugar. Katie crée la stupeur en quittant l'émission juste avant la finale.

  (DDAA/ZOB/WENN.COM/SIPA / SIPA USA)

Elle se recycle ensuite dans diverses émissions du même acabit, devient chroniqueuse pour le tabloïd The Sun et crée régulièrement la polémique sur Twitter. En 2013, lors de la chute d'un l'hélicoptère sur une salle de concert écossaise, elle s'amuse de la longévité des Ecossais dans un tweet polémique, rapporte le Guardian (en anglais). "L'espérance de vie des écossais est de 59,5 ans (base 2007/2008). Mon dieu. Ces gens feraient tout pour échapper à l'obligation de travailler avant la retraite", tweete-t-elle un jour après le drame, qui a fait dix morts.

Sa carrière politique débute, elle, en 2009 lorsqu'elle se présente aux élections européennes dans le sud-ouest du Royaume-Uni comme indépendante. Non-élue (elle obtient 0,6% des votes dans la circonscription, soit moins de 10.000 voix, selon les résultats publiés par la BBC), elle se représente cette année sous l'étiquette du parti We Demand A Referendum Now. Ce microparti, créé par Nikki Sinclaire, députée exclue du parti populiste britannique UKIP, a pour seule ligne politique l'obtention d'une consultation populaire sur l'appartenance du Royaume Uni à l'Europe. 

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