"Un rassemblement démocrate", "chacun prendra ses responsabilités" : la gauche appelle à faire barrage au RN au second tour des législatives, la majorité et LR divisés

Le président de la République et de nombreuses personnalités politiques, parmi la majorité et à gauche, ont appelé à faire barrage au Rassemblement national pour le second tour. Mais cet appel divise.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron le 10 juin 2024, au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale. (LUDOVIC MARIN / POOL via AFP)

Face aux résultats du premier tour des législatives, qui a placé le Rassemblement national en tête dimanche 30 juin, la gauche et la majorité appellent à faire barrage à l'extrême droite. Le président de la République Emmanuel Macron a déclaré, peu après 20h, sa volonté d'opérer "un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", sans davantage de précisions. Jean-Luc Mélenchon a, dans la foulée, assuré que La France insoumise "retirera" ses candidats dans les circonscriptions où elle est arrivée troisième et où le RN est en tête.

Une voix que Les Républicains ont décidé de ne pas suivre, François-Xavier Bellamy déclarant que "le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche." Voici les réactions à ce "front républicain" qui ne fait pas l'unanimité au soir du premier tour.

La gauche s'unit contre le RN

"Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI. Un appel qui a été largement été entendu au sein du Nouveau Front populaire. Marine Tondelier, patronne des Écologistes, a demandé la "construction d'un nouveau front républicain". Raphaël Glucksmann, leader de Place publique, a lui aussi appelé les candidats arrivés troisièmes à se désister face au RN pour le second tour.

"Quand il est question de la République, une seule réponse s’impose : le vote en faveur de tout candidat républicain contre l’extrême droite. Il faut faire barrage au RN", a écrit sur X l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. "Nous avons le devoir impérieux que l'extrême droite ne parvienne pas à avoir une majorité à l'Assemblée nationale", a approuvé l'ancien président de la République François Hollande.

Déclaration de François Hollande après le premier tour des élections législatives

"Nous appelons à nous mobiliser tous contre le Rassemblement national pour donner espoir au peuple de France", martèle sur franceinfo Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie. "Le RN, c'est aussi un parti qui conteste l'Etat de droit", met-elle en garde. 

"Il ne peut pas y avoir de ni-ni. C'est ce que nous ferons, l'ensemble des formations du NFP se désisteront", a de son côté jugé Stéphane Troussel, président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, sur franceinfo. Il a également critiqué la position des Républicains, qui ont décidé de ne pas suivre ce barrage face au RN. "Les LR ont encore quelques heures pour se ressaisir", a-t-il ironisé.

Le "rassemblement républicain" appelé par Macron divise la majorité

Contrairement à la gauche, le barrage au RN ne fait pas l'unanimité au sein de la majorité. "Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national. Il est de notre devoir moral d'empêcher le pire d'arriver",a déclaré solennellement le Premier ministre Gabriel Attal, qui a annoncé le désistement d'une soixantaine de candidats Ensemble pour faire battre l'extrême droite. 

Gérald Darmanin, actuel ministre de l'Intérieur, a approuvé cette stratégie en appelant "tous les électeurs à faire barrage au Rassemblement national" et en intimant aux "électeurs à se mobiliser pour voter au second tour." "Pas une voix au RN, c'est le combat de ma vie. C'est un parti d'extrême droite qui ne partage pas les valeurs de la République que je défends", a certifié la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, interrogée sur TF1. Nicole Belloubet, ministre de l'Education nationale, assure sur franceinfo qu'elle n'aura "pas de difficulté" à voter pour un candidat LFI membre de la coalition Nouveau Front populaire lors du second tour. 

Richard Ramos, député MoDem, est lui aussi clair sur franceinfo : "Tout sauf le Rassemblement national." "Il faut combattre le Rassemblement national. Ils ne peuvent pas avoir la majorité à l'Assemblée nationale", implore-t-il. "Il faut voter pour le candidat qui affronte un candidat du RN au 2nd tour, quel qu’il soit", réagit de son côté l'ancien ministre Clément Beaune, sur X. Rima Abdul Malak, ancienne ministre de la Culture, demande sur X "un désistement des candidats arrivés en 3ème position quand le RN est en tête." "À mes amis de la majorité présidentielle : le Nouveau Front populaire n’est pas que LFI, et LFI n’est pas que Mélenchon", écrit-elle.

Une position que ne partage pas l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui estime qu'"aucune voix" ne devait "se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise". Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité femmes-hommes, a également refusé tout désistement automatique au second tour. "Je ne veux pas dire ce soir que, quoi qu’'il arrive, nous nous retirerions", a-t-elle déclaré sur BFMTV.

Karl Olive, député sortant et candidat de la majorité dans les Yvelines, en région parisienne, partage cette ligne. "Il faut respecter ce vote et chacun aura à prendre ses responsabilités. Je ferai savoir ma décision, mais à l'heure actuelle rien n'est perdu dans le département des Yvelines", a-t-il dit sur franceinfo, laissant planer le doute sur l'attitude à avoir face au RN.

LR refuse d'appeler à faire barrage, des voix discordantes

Les Républicains ont, dans un communiqué, annoncé ne pas prendre position contre l'extrême droite au second tour, contrairement aux législatives de 2022. "Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s'exprimer en conscience", ont-il écrit.  

Une vision que ne partage pas le député sortant LR de la Manche Philippe Gosselin. "Il n'est pas question de rallier le Rassemblement national" au second tour, a-t-il certifié, demandant aux "démocrates à se réunir pour faire barrage à celles et ceux qui veulent tenter une aventure."

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