Déraillement du TGV Est en 2015 : le freinage tardif est dû à une succession d'erreurs d'appréciation, conclut un rapport
Le déraillement d'un train d'essai, en novembre 2015, avait fait 11 morts et 42 blessés. Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre pointe "une stratégie de freinage inadaptée" et une incompréhension au sein de l'équipage.
Le 14 novembre 2015, un train d'essai du TGV Est avait déraillé après un freinage trop tardif, à Eckwersheim (Bas-Rhin), faisant 11 morts et 42 blessés. Cet accident est le résultat d'une succession d'erreurs d'appréciation, conclut le rapport final du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), publié mardi 23 mai.
Pour les enquêteurs, le "freinage inapproprié" s'explique principalement par "une stratégie de freinage inadaptée". Mais ils notent également une incompréhension au sein de l'équipage, qui a également été perturbé par un appel téléphonique.
Un freinage trop tardif de 12 secondes
Ce TGV d'essai effectuait des tests sur le nouveau tronçon de la ligne à grande vitesse Paris-Strasbourg, quand il avait déraillé et était tombé dans un canal. La ligne a finalement été mise en service en juillet 2016, avec trois mois de retard.
Il circulait à 265 km/h à l'entrée d'une courbe située en amont de l'accident pour une vitesse prévue de 176 km/h, indiquait une note d'étape du BEA-TT en février 2016, qui faisait déjà de la vitesse la "cause unique" de l'accident. La rame circulait encore à 243 km/h au point de déraillement situé 200 mètres plus loin. En février 2016, les enquêteurs avaient jugé le freinage trop tardif de 12 secondes.
Trois personnes mises en examen
Outre l'enquête du BEA-TT, une enquête judiciaire est en cours, menée par le pôle "Accidents collectifs" du tribunal de grande instance de Paris. Deux employés de la SNCF – un conducteur et un cadre – et un salarié de Systra, filiale chargée de l'ingénierie, ont été mis en examen en octobre 2016, pour homicides et blessures involontaires.
Dans leur rapport, les experts judiciaires pointaient, eux aussi, des "erreurs de calcul" dans la détermination des points de freinage, et "une mauvaise évaluation" de la marge de ralentissement.
Enfin, un troisième rapport avait été commandé par la SNCF. Remis début juillet 2016, il formulait plusieurs propositions pour un meilleur encadrement des essais ferroviaires, comme l'interdiction de la présence de personnes extérieures dans les trains lors d'essais en survitesse.
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