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Affaire Grégory : on cherche à "accabler" Murielle Bolle avec "de faux témoignages", estime son avocat

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Article rédigé par franceinfo
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L'avocat de Murielle Bolle, Jean-Paul Teissonnière, mise en examen pour enlèvement suivi de mort, jeudi, ne comprend "pas bien l'actualité de ce dossier", qui n'a pas tiré les leçons du passé.

Murielle Bolle, témoin-clé dans l'affaire Grégory, a été mise en examen jeudi 29 juin pour enlèvement suivi de mort. Plus de 32 ans après la mort de Grégory Villemin, l'accusation la soupçonne d'avoir joué un rôle dans l'enlèvement de l'enfant, retrouvé mort dans la Vologne en 1984.

L'avocat de Murielle Bolle, Jean-Paul Teissonnière, a estimé, vendredi sur franceinfo, que l'on tentait d'"accabler" sa cliente. "On a ressorti des témoignages dont on sait aujourd'hui qu'ils sont de faux témoignages", a dénoncé l'avocat. 

franceinfo : Comprenez-vous pourquoi la piste Laroche revient sur le tapis aujourd'hui ?

Jean-Paul Teissonnière : Non, je ne comprends pas bien l'actualité de ce dossier au regard des derniers développements. Je ne vois rien dans les derniers éléments qui soit susceptible de bouleverser la vision qu'on pouvait avoir de ce dossier. Je vivais donc avec la conviction assez tranquille que ces anciennes accusations ne pourraient pas prospérer. Bâtir un dossier comme celui-là sur les aveux d'une jeune fille de 15 ans entendue trois fois par la police, qui craque la quatrième fois et dit ce qu'on lui demande de dire, ne me paraissait pas suffisant pour étayer un dossier d'accusation dans une affaire aussi grave.

Les arguments du procureur sont que, si Murielle Bolle s'est rétractée à l'époque, c'est parce qu'elle a subi des pressions de la part de ses proches. Certains parlent de coups. Un témoin s'est aussi manifesté depuis jeudi, quel crédit lui apportez-vous ?

Je suis très circonspect sur ce témoignage tardif. Le personnage est inquiétant, j'ai lu sa déclaration. Il se présente comme quelqu'un qui a effectué des peines de prison pour des violences et des vols. Manifestement, c'est quelqu'un qui règle des comptes. Si on laisse se libérer toute une série de rancœurs et de haine qui existent dans la région, la procédure va être le réceptacle de ce type d'intervention. Dans le passé, cela a déjà été le cas. C'est une affaire qui déchaîne les passions. Cela a donné des catastrophes, et des fausses pistes. Ce qui me choque dans ce témoignage, c'est qu'il est pratiquement concomitant d'un autre événement : les aveux de Murielle retrouvés dans une église, sur le registre. Il est évident que Murielle n'y est pour rien [l'ADN la met hors de cause sur ce fait précis]. On assiste depuis quelques jours à une frénésie d'aveux imputés à Murielle Bolle, 32 ans après. Je m'interroge.

Le procureur semble parler d'autres témoins, d'autres preuves, vous pensez que c'est du même acabit ?

Je n'en sais rien, rien ne m'étonnerait dans un dossier comme celui-là. On a ressorti des témoignages dont on sait aujourd'hui qu'ils sont de faux témoignages. On est dans un édifice extrêmement fragile. Mais comme on n'a pas tiré les leçons de ce qui s'était passé, comme la mémoire du procès de Dijon semble s'être effacée, on ressort ces mêmes personnages douteux, et ces mêmes témoignages contredits par les débats judiciaires pour accabler Murielle Bolle.

Que dit votre cliente ?

Elle essaie de parler aux enquêteurs. Elle a des conditions de vie très modestes, c'est quelqu'un qui n'a jamais bougé de la région, qui a une réputation parfaitement intègre. Ses parents disent 'Murielle ne ment jamais'.

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