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Agression dans une prison de l'Orne : "Il faut resserrer les contrôles des visiteurs des détenus les plus dangereux"

Xavier Breton, député de l'Ain, a rédigé en octobre 2018 un rapport parlementaire sur les fouilles en détention. L'élu des Républicains regrette "un problème de moyens" et plaide pour des contrôles renforcés sur certains détenus et sur leur entourage.

Article rédigé par Carole Bélingard - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le député Xavier Breton à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 4 avril 2018. (MAXPPP)

Comment un couteau a-t-il pu être introduit dans la prison de Condé-sur-Sarthe ? Au lendemain de l'agression de deux surveillants dans l'Orne par un détenu et sa compagne au sein d'une unité de vie familiale, mardi 5 mars, la question de la fouille des visiteurs se pose. Le député Les Républicains Xavier Breton est co-auteur d'un rapport, rendu en octobre 2018, sur le régime des fouilles en détention. Franceinfo l'a interrogé.

Comment se déroulent aujourd'hui les fouilles de visiteurs ?

Xavier Breton : Pour commencer, tous les visiteurs doivent se soumettre au contrôle du portique de détection (comme le prévoit la circulaire de février 2012). S'il se déclenche, et avec le consentement du visiteur, le personnel doit soumettre le visiteur à un contrôle par détecteur manuel. Tout refus ou signal sonore persistant entraîne l’impossibilité d’entrer dans l’établissement. Problème : les portiques ne permettent que la détection d’objets métalliques. Les couteaux en céramique, par exemple, ne sont pas détectés.

En ce qui concerne la fouille des visiteurs, il faut bien comprendre qu'on a un flux très important, plus de mille entrées et sorties par jour dans certaines prisons. Une fouille automatique et systématique n’est pas possible. On a donc des pratiques ponctuelles très encadrées. Il existe ainsi des fouilles plus efficaces avec des équipes cynotechniques qui peuvent repérer notamment la présence de stupéfiants. Mais les surveillants ne peuvent pas avoir un système de palpation ou de mise à nu, comme sur les détenus. Ils peuvent simplement fouiller les sacs.

Les portiques ne sont pas assez performants ?

Les portiques ordinaires pour les visiteurs ne sont pas très spécialisés. Après, il existe des portiques millimétrés, comme dans les aéroports, qui permettent de détecter tous les objets. Le problème avec ces portiques, c'est qu'il faut que la personne ne bouge pas, qu'elle se retourne. Cela dure près de cinq minutes. Cela prend trop de temps.

Quelles sont vos recommandations ?

Dans notre rapport, nos préconisations étaient notamment de mettre en place, sur une durée limitée, un système de fouille systématique sur certains détenus particulièrement dangereux. Ce point a d'ailleurs été adopté récemment par le Parlement. Mais il y a eu une saisine du Conseil constitutionnel, il n'est donc pas encore promulgué. Il faut que ce soit maintenant mis en application très vite par une circulaire de la garde des Sceaux. Il faut aussi l'étendre aux visiteurs de ces détenus.

Nous avions aussi préconisé de renforcer les équipes cynotechniques, les portiques à ondes millimétriques et les formations des surveillants. A l'époque, on nous a dit : "Circulez, il n’y a rien à voir !" Nous faisons face à un problème de moyens.

Qu'en est-il des contrôles dans les unités de vie familiale ?

Les UVF sont des cas spécifiques. Quand nous avons réalisé notre rapport, nous n'avons pas eu de remontées particulières sur les unités de vie familiale. Normalement, je dis bien normalement, les UVF sont autorisées pour des détenus qui jouent le jeu et pour qui cela se passe bien. Je pense aujourd'hui qu'il faut également prévoir, dans le cadre des UVF, un système de fouille plus serré pour les visiteurs de détenus plus dangereux.

En clair, on ne peut pas faire un système généralisé de fouilles ou de portiques millimétrés. Il faut donc cibler ces fouilles et ces portiques sur des détenus en particulier. Et il faut se donner les moyens pour les cibler efficacement. C’est le message qu'on a voulu faire passer dans le rapport et j’espère qu’il va aujourd’hui être entendu.

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