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Les femmes de policiers entre la colère et la peur : "Quand il part travailler, on a une grosse boule au ventre"

Après l'agression de policiers le soir du Nouvel an à Champigny-sur-Marne, des femmes de policiers se sont rassemblées mardi soir à Paris, pour crier leurs "ras-le-bol".

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation mardi 2 janvier de femmes de policiers, place du Trocadéro, après les agressions de Champigny-sur-Marne la nuit de la Saint-Sylvestre. (MAXPPP)

Une vingtaine de femmes se sont réunies mardi 2 janvier au soir, place du Trocadéro, à Paris. Elles sont venues crier leur colère. L'agression de policiers comme celle de Champigny-sur-Marne dimanche 31 décembre, cela arrive quotidiennement, disent-elles.

Le mari de Mélanie est gardien de la paix. Elle vit tous les jours dans l'angoisse. "Quand il part travailler, on a une grosse boule au ventre en se disant ‘est-ce-qu’on va le revoir demain matin’", confie-t-elle. Le frère de Lydie est gendarme mobile et elle a besoin d'être rassurée tous les jours. "C’est avoir une petite nouvelle, un petit message, 'tout va bien, je suis vivant, je suis rentré sans coups...' Ras-le-bol", dit-elle.

La peur au quotidien des agressions

Toutes sont fières du travail de leur mari, compagnon, ou frère, mais elles doivent vivre avec, même le subir.

On sait aussi qu'on peut être une cible. Parfois, je regarde derrière moi. Quand je sors du bâtiment où j'habite, je regarde un peu autour de moi

Lydie, sœur de gendarme

franceinfo

Pour Lydie, "certains réflexes" se sont "installés", "parce qu'il y a encore des personnes qui se font agresser régulièrement". Autour d'elle, des exemples la confortent dans cette méfiance quotidienne. "Au mois de décembre, raconte-t-elle, il y a un policier et sa famille qui se sont fait attaquer alors qu'ils sortaient juste d'une soirée entre amis, parce qu'il s'était fait reconnaître dans la rue. Donc ça pourrait être ma famille et moi, on ne sait jamais."

Des enfants angoissés

Ces femmes vivent avec la peur quotidienne qu'il arrive quelque chose à leur compagnon, mais aussi à leurs enfants. "Un enfant de l'une de nos administratrices a été déscolarisé parce qu'il a fait une grave dépression, explique Perrine Salé, la présidente de l'association Femmes des forces de l'ordre en colère. Depuis les affaires de Magnanville [le double meurtre de fonctionnaires de police le 13 juin 2016 à son domicile par un jhadiste], il est terrifié à l'idée que l'on puisse attaquer ses parents."

Les réactions des camarades de classe à l'école peuvent alimenter la peur de l'enfant : "Ce qu'ils entendent, les enfants de policiers, c'est 'ta mère, c'est une pute à flic, tu vas finir en poulet rôti', ou 't'as vu ce qui s'est passé, comme ton papa est policier, avec les attentats, il va bientôt mourir'".

Des policiers qui "craquent"

Les conséquences peuvent être dramatiques pour certains policiers."Vous avez des policiers qui sont épuisés moralement, qui n'ont pas de soupape, et en plus de ça, qui ont l'impression de ne servir à rien, parce qu'ils n'arrivent pas à protéger leurs familles et leurs enfants, poursuit Perrine Salé. Au bout d'un moment, ils n'en peuvent plus, ils craquent et ils se tirent une balle dans les vestiaires. C'est ça qui nous fait peur." Toutes les manifestantes réclament de meilleures conditions de travail pour leurs compagnons et des sanctions plus sévères pour ceux qui agressent des policiers. 

Les femmes de policiers entre la colère et la peur - le reportage de Farida Nouar

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