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Policiers tués à Magnanville : ce que l'on sait sur l'attentat, un an après

Le 13 juin 2016, Larossi Abballa tuait Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider à leur domicile, dans les Yvelines.

Article rédigé par franceinfo
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Jeudi 8 juin, une course en hommage aux deux policiers assassinés à Magnaville en 2016 était organisée dans les Yvelines par leurs anciens collègues. (NICOLAS TRAINO / RADIO FRANCE)

C'était il y a un an jour pour jour. Le 13 juin 2016, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, deux agents de police, étaient assassinés à leur domicile de Magnanville (Yvelines). Ils n'ont pas survécu à l'agression au couteau d'un homme de 25 ans, Larossi Abballa, qui avait prêté allégeance au groupe Etat islamique.

Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police au commissariat des Mureaux (Yvelines), a été attaqué devant son pavillon, tandis que Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, a été tuée sous les yeux de l'enfant du couple, Mathieu, 3 ans au moment des faits. L'assaillant avait ensuite été abattu par le Raid.

Près de 200 personnes leur ont rendu hommage, mardi 13 juin, à Pézenas (Hérault), où une rue porte désormais leurs noms. Franceinfo fait le point sur ce drame, un an après l'attaque terroriste.

Qui sont les deux hommes mis en examen ?

Deux hommes ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste", le 19 juin 2016, dans le cadre de l'enquête. Il s'agit de Saad Rajraji, 27 ans, placé sous contrôle judiciaire, et Charaf-Din Aberouz, 29 ans, qui est toujours écroué. Ils avaient été condamnés avec Abballa en septembre 2013 lors du procès d'une filière d'envoi de jihadistes au Pakistan.

Mais on sait peu de choses sur ce qu'a permis de mettre au jour l'enquête. On ne sait toujours pas, par exemple, pourquoi Larossi Abballa a visé ses victimes. En revanche, on sait qu'il les surveillait depuis quelque temps, selon les informations de L'Obs, qui explique que son téléphone a "borné" plusieurs fois aux abords du commissariat des Mureaux et de leur domicile de Magnanville. 

Qui a empêché le jihadiste de tuer l'enfant ?

D'après L'Express, Loïc F., un Français de 24 ans domicilié à Argenteuil (Val-d'Oise), a communiqué avec Larossi Abballa pour lui dire d'épargner la vie du fils du couple de policiers, alors retenu en otage par le terroriste. En effet, peu après avoir tué les deux agents, aux alentours de 20 heures, le jihadiste se filme pour revendiquer l'attentat. La vidéo est diffusée en direct via Facebook Live. Il s'interroge alors sur "ce qu'il va faire" du petit garçon.

Selon les informations de l'hebdomadaire, Loïc F. lui répond alors en privé : "Salam Aleykoum, ne tue pas le petit." Après quelques échanges entre les deux hommes, l'internaute quitte la conversation. Puis Larossi Abballa est abattu pendant l'assaut du Raid, vers minuit. Le petit garçon est retrouvé indemne et sidéré.

Déjà connu des services de police pour son adhésion aux thèses de l'islam radical, Loïc F. est finalement arrêté par la police en octobre 2016. Aux policiers, il jure condamner les attentats.

Je suis mal tombé. Je n'ai vraiment pas de chance. J'ai créé mon compte Facebook pour avoir une vie sociale, rencontrer des frères et trouver une femme. Je ne m'attendais pas à tomber sur des futurs terroristes.

Loïc F.

cité par "L'Express"

Toujours selon L'Express, les investigations opérées par la police pour retrouver Loïc F. ont permis d'établir des liens téléphoniques entre lui et Adel Kermiche, l'auteur de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Loïc F. était également "ami" sur Facebook avec Amel S., l'une des membres du groupe qui avait tenté de faire un attentat à Paris avec des bonbonnes de gaz mais aussi avec Rachid Kassim, un recruteur de l'Etat islamique. Cependant, aucune implication dans un projet criminel n'a été découverte concernant Loïc F., qui a été relâché quatre jours après son arrestation.

Comment va le fils des policiers ?

Le témoignage de la grand-mère du garçon, recueilli par L'Express, nous en apprend davantage sur la situation de Mathieu, l'enfant du couple assassiné, aujourd'hui âgé de 4 ans et demi.

Il a l'air très heureux et épanoui. Dans son malheur, il a eu la chance d'avoir une grande famille unie derrière lui.

la grand-mère de Mathieu

dans "L'Express"

Le garçon, qui avait été recueilli par sa grand-mère après le drame, a été mis sous la tutelle de sa tante, "d'un commun accord familial", souligne L'Express.

Au lendemain de la tuerie, le président de la République François Hollande avait annoncé que le fils du couple ainsi que son demi-frère Hugo, âgé de 12 ans, allaient être "reconnus pupilles de la nation". Mais la famille affirme à L'Express ne pas avoir encore effectué les démarches nécessaires. Les deux enfants restent suivis par Orphéopolis, l'ex-orphelinat mutualiste de la police nationale.

Il a dû ressentir la terreur de sa maman. Puis a été séquestré et sauvé par nos collègues du Raid.

Stéphane Boutelière, président d'Orphéopolis

à LCI

"Au début, on pensait que sa chance serait de ne pas s’en souvenir. Mais on s’est rendu compte au fur et à mesure que certaines choses ressortaient", poursuit Stéphane Boutelière, interrogé par LCI. La psychologue qui suit le garçon chaque semaine est "impressionnée par sa reconstruction", rapporte L'Express.

Si les souvenirs de l'attaque peuvent resurgir plus tard, la grand-mère de Mathieu assure à franceinfo que son enfant ne restera pas seul. Elle loue la solidarité des policiers et d'Orphéopolis.

C'est une grande famille et il faut le savoir.

la grand-mère de Mathieu

à franceinfo

Comment réagit la famille ?

Ni rancœur, ni vengeance. Sur franceinfo, le père de Jean-Baptiste Salvaing, Jean-Paul Salvaing, explique qu'un an après, il ne ressent aucune haine.

Non, il n'y a pas de haine. Je crois qu'ajouter de la haine, ce serait nous alourdir encore plus.

Jean-Paul Salvaing

à franceinfo

"Il y a à la fois beaucoup de tristesse, de peine, mais il y a quand même une grande espérance, a-t-il ajouté. J'espère que ce sacrifice serve à quelque chose."

Qu'est-ce qui a changé pour les policiers ?

Le Parisien rappelle qu'une demande de protection renforcée pour les enquêteurs a été accordée depuis février 2017. Les policiers peuvent ainsi garder l'anonymat dans leurs procédures et le port de la cagoule en opération a été élargi. Mais est-ce suffisant ? Dans les colonnes du quotidien francilien, un collègue de Jean-Baptiste Salvaing témoigne des angoisses que vivent les policiers depuis cette attaque au commissariat des Mureaux : "On est sur le qui-vive en permanence, et cela nous pompe beaucoup d'énergie." D'autant que, depuis, les forces de l'ordre ont été à plusieurs reprises l'objet d'attaques terroristes.

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