Affaire Théo : "Je pense que les policiers ont été favorisés"
Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône et maire du VIIIe secteur de Marseille, dénonce des policiers "favorisés" dans l'affaire Théo.
Des policiers "favorisés" : c'est ce qu'a dénoncé samedi 18 février Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône et maire du VIIIe secteur de Marseille à franceinfo. Elle s'exprimait sur l'affaire Théo, ce jeune homme agressé par les forces de l'ordre lors de son arrestation à Aulnay-sous-bois le 7 février.
Si elle trouve "normal" que 250 personnes aient été arrêtées en marge des manifestations de soutien pour avoir vandalisé les lieux publics, elle regrette que les quatre agents mis en examen, dont l'un pour viol, n'aient pas été placés en détention provisoire. Selon elle, cette décision conforte "le sentiment profond de ne pas être égaux face à la justice dans les quartiers."
franceinfo : Comprenez-vous ces rassemblements à répétition pour soutenir Théo ?
Je peux comprendre que l'on puisse se rassembler pour dire que l'on n'est pas d'accord avec certains comportements. Mais il faut savoir s'arrêter. Et savoir laisser le temps au temps. Je crois que tout a été dit dans l'affaire Théo, une enquête est en cours. La justice doit oeuvrer tranquillement. Ce qui me choque, c'est que pour qu'il y ait autorité et droit, il faut qu'il y ait égalité. Or l'égalité n'y est pas. 250 gamins qui ont vandalisé des lieux publics ont été arrêtés et jugés. C'est normal. Mais on aurait aussi dû faire les choses beaucoup plus rapidement pour les policiers incriminés. On aurait pu les mettre en détention provisoire. Le sentiment de ne pas être égaux face à la justice est très profond dans les quartiers.
Les policiers ont-ils été favorisés dans cette affaire ?
Oui, je pense que les policiers ont été favorisés dans cette affaire. Ils auraient dû être traités comme les 250 personnes interpellées. Je pense que si les policiers avaient été placés en détention provisoire, ces manifestations n'auraient pas eu lieu.
Certains candidats à l'élection présidentielle proposent de meilleures formations pour les policiers et le retour de la police de proximité, est-ce le bon débat selon vous ?
Non, pas du tout. C'est un faux débat. La police est formée. Mais elle est le reflet de la société française, il y a des brebis galeuses. Je suis pour la vidéo, tout doit être filmé. La vidéo responsabilise tout le monde : la police et ceux qui sont contrôlés. La police de proximité existe sur Marseille, les habitants appellent les policiers par leur surnom, une vraie relation existe. Nous n'aurons plus jamais la police de proximité que nous avions avant. La délinquance a évolué. Je suis née dans ces quartiers, la délinquance d'aujourd'hui est loin de celle que j'ai connue dans mon enfance.
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