Attaque terroriste dans un lycée d'Arras : pour les enseignants, la "sidération" près de trois ans après Samuel Paty
"Ce que je ressens tout de suite, c'est la sidération", décrit Olivier Barberousse, professeur d'histoire géographie dans un lycée de Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. L'attaque au couteau qui a eu lieu vendredi 13 octobre dans un lycée à Arras et qui a fait un mort et deux blessés est dans tous les esprits. Elle a fait beaucoup réagir les enseignants et les lycéens mobilisés vendredi 13 octobre pour une autre raison, sur la question des salaires.
>> Ce que l'on sait de l'attaque au couteau dans un lycée d'Arras
Olivier Barberousse était justement dans le cortège parisien : "C'est terrible. On est presque à l'anniversaire de l'assassinat de notre collègue Samuel Paty et ça recommence. Ce n'est pas un hasard, ce n'est pas anodin, ce n'est pas sans conséquence." Samuel Paty, 47 ans, avait été décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.
Mirko, lycéen, a lui aussi tout de suite pensé à Samuel Paty. Il a directement été confronté aux images de ce qui s'est passé, envoyées par une de ses camarades justement scolarisée là où s'est passé le drame. "Les images sont sorties, explique-t-il. C'est différent de Samuel Paty, car là, on le voit s'en prendre aux enseignants. Pour moi, il faut que des choses soient mises en place, pas que dans ce lycée mais dans tous les lycées de France, comme des cellules d'écoute, des rendez-vous avec des psychologues. Il faut un accompagnement, notamment pour les élèves qui auraient pu être choqués".
"Il faut qu'on nous protège"
Quant à renforcer la sécurité autour et dans les établissements scolaires, la plupart des enseignants croisés dans ce cortège parisien y sont opposés et certains, sont plus partagés. "On ne peut pas avoir constamment dix policiers devant chaque établissement, estime Antoine Couturier, professeur d'éducation physique et sportive à Paris. Malgré tout, il y a des moments où il faut faire particulièrement attention. Il faut que la préfecture et le rectorat nous protègent dans ces moments-là", poursuit-il.
Au-delà de la question de l'insécurité, Magalie, professeure de littérature dans un collège de quartiers prioritaires à Saint-Denis, craint surtout encore plus de stigmatisation envers ses élèves : "J'ai peur que des raccourcis soient faits, comme d'habitude qu'on fasse directement des amalgames, qu'on prenne une situation dramatique pour quelque chose de global et de généralisé et que ce soit encore des élèves qui souffrent de l'injustice".
Comme Magalie, beaucoup de professeurs mobilisés pensent déjà à la reprise, lundi 16 octobre, aux élèves et à la façon de se parler, de rester soudés après ce nouveau drame.
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