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Attaque mortelle à Paris : "Les Kurdes sont massacrés partout", ils sont "persécutés", s'alarment deux Kurdes de Paris

Trois personnes sont mortes et plusieurs ont été blessées, vendredi 23 décembre, dans le 10ème arrondissement de Paris. Un homme a ouvert le feu à proximité du centre culturel kurde, il a été placé en garde à vue.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des centaines de personnes rassemblées dans le silence devant le centre culturel Ahmet Kaya, rue d'Enghien à Paris, le 23 décembre 2022. (LAURIANE DELANOE / FRANCEINFO)

"Les Kurdes sont massacrés partout", a lancé vendredi 23 décembre sur franceinfo Céline, une femme kurde de Paris, après l'attaque mortelle qui a fait trois morts ce vendredi près du centre culturel Ahmet Kaya, rue d'Enghien à Paris.

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Comme toute la communauté kurde, Céline se souvient de ce qu'il s'est passé non loin de là, le 9 janvier 2013. Trois militantes kurdes avaient été assassinées au siège du Centre d'information du Kurdistan, dont une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). "On connaissait des gens qui ont été massacrés il y a dix ans", témoigne Céline, présente dans la manifestation spontanée qui a eu lieu vendredi en fin d'après-midi près du centre culturel. "Depuis ce jour-là, ils nous ont encore attaqués. C'est les mêmes chiens. C'est encore trois Kurdes qui ont été assassinés au cœur de Paris."

Selon Céline, c'est parce que l'enquête sur les faits de 2013 n'a pas encore abouti que d'autres crimes peuvent avoir lieu. " Si les crimes ne s'éclairent pas, il y aura encore des crimes qui vont suivre. Tout ce qu'on veut, c'est que les crimes soient éclairés et que les assassins soient punis." Elle se désole surtout que sa communauté soit prise à partie partout où elle vit. "Les Kurdes, ils n'ont pas de place. Au cœur de Paris ils sont massacrés, au Rojava ils sont massacrés, en Turquie ils sont massacrés."

"Les Kurdes, ils sont massacrés partout. Où ils vont vivre ces Kurdes-là ?"

Céline, Kurde parisienne

à franceinfo

Une nouvelle manifestation samedi

Des Kurdes "persécutés", c'est aussi le sentiment de Véli, 31 ans, présent lui aussi ce vendredi en fin d'après-midi près de la rue d'Enghien avec quelques centaines de riverains et de manifestants kurdes, alors que des échauffourées avaient éclaté. Les personnes rassemblées ont dénoncé "un attentat" contre le centre culturel, très fréquenté par la communauté. "Tout le monde y va, il y a des jeunes, des enfants. Les parents viennent avec leurs enfants", témoigne Véli.

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Selon lui, "c'est les Turcs qui sont ciblés. C'est un attentat". Le trentenaire déplore que les Kurdes soient "persécutés en Turquie", et ne puissent pas "parler librement kurde. Ils ne peuvent pas être tranquilles là-bas". S'il se dit "tranquille ici" à Paris, il se désole que, "même ici, ils essaient de venir nous gâcher la vie".

"Cela va avoir beaucoup de conséquences, cela ne va pas se terminer ce soir ou demain, ça va aller plus haut que ça."

Véli, Kurde parisien

à franceinfo

Samedi, une nouvelle manifestation de la communauté kurde aura lieu à 12 heures, place de la République à Paris. Deux heures avant, à la demande d'Emmanuel Macron et du ministre de l’Intérieur, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez recevra les responsables de la communauté kurde, qui prépare également en ce moment les commémorations, au mois de janvier, des dix ans de l'assassinat des trois militantes kurdes, en janvier 2013. Un traumatisme qui reste encore fort.

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