Ce que l’on sait de l’affaire de pédophilie dans la Nièvre dans laquelle huit personnes sont mises en examen
Le parquet soupçonne huit personnes d'avoir commis des viols et des agressions sexuelles sur quatre enfants de moins de 10 ans. Près de 70 infractions ont été relevées par le parquet.
Huit personnes ont été mises en examen dans la Nièvre, vendredi 9 novembre, dans une affaire de viols et d'agressions sexuelles subis par des enfants de moins de 10 ans. Les faits se sont probablement déroulés pendant plusieurs années, avec près de 70 infractions relevées par le parquet. Franceinfo détaille ce que l'on sait de cette affaire de pédophilie.
Quels sont les faits reprochés ?
Les huit suspects sont notamment mis en examen pour "viols aggravés sur mineurs de 15 ans, pour certains avec un caractère incestueux", "agressions sexuelles avec les mêmes circonstances aggravantes", "corruption de mineurs", "violences aggravées" ou encore "privation d'aliments", selon le parquet, qui a recensé près de 70 infractions.
Les pères ont pu se prêter les gamins. Les mamans ont joué un rôle passif.
Une source proche du dossierà l'AFP
"Cette affaire revêt une dimension hors normes", a relevé le vice-procureur de Nevers, Paul-Édouard Lallois, en soulignant le nombre de mis en cause et le nombre d'enfants victimes, quatre garçons de deux fratries aujourd'hui âgés de 4 à 9 ans. Selon les premiers éléments de l'enquête, menée depuis janvier 2018 par les gendarmes, les faits auraient été commis "à domicile" dans de petites communes du centre de la Nièvre.
Qui sont les personnes suspectées ?
Au total, cinq hommes et trois femmes sont visés par la justice. Au cœur de cette affaire se trouvent Nathalie et Gilbert, un couple de Châtillon-en Bazois, village nivernais de 900 habitants. Deux de leurs cinq enfants font partie des victimes, les trois aînés ayant déjà "été placés régulièrement, au fil du temps" par les services sociaux, selon Michèle Dardant, la maire de la commune. Les autres suspects sont des membres de leur entourage, parmi lesquels deux anciens couples. Les personnes mises en cause sont âgées de 25 à 48 ans. Deux des hommes étaient déjà en détention provisoire dans une autre enquête sur des abus sexuels ouverte en décembre 2017. Les cinq hommes ont été écroués tandis que les femmes, soupçonnées d'avoir commis "moins d'infractions et de moindre gravité", ont été placées sous contrôle judiciaire.
Nathalie (37 ans) et Gilbert n'avaient pas de bons rapports avec les habitants de Châtillon-en Bazois, même si ces derniers clament leur surprise devant la gravité des faits. "Ce sont des gens qu'on côtoyait dans la rue, ils se permettaient même de nous faire des saluts. Mais on ne leur parlait pas : c'étaient des malfrats", assure à l'AFP Monique Fischler, une retraitée de 67 ans qui habite près de la petite maison de ville aux volets verts où résidait le couple. "Il me disait bonjour quand il allait à la pêche. Il était plus poli que sa femme", poursuit un habitant sous couvert d'anonymat.
Il se promenait toujours torse nu, on l'appelait Rambo, à cause de ses tatouages.
Une habitanteà l'AFP
"Lui et sa femme vivaient des minima sociaux. Ils n’avaient pas de revenus. (...) Pour tout le monde, c’étaient des cas sociaux, qui ne fréquentaient que des cas sociaux d’ailleurs. Gilbert est plutôt simplet en fait. Elle, elle ne prenait pas vraiment soin d’elle. Ces gens n'étaient pas très fréquentables", développe une habitante du village, interrogée par LCI. Leurs cinq enfants ont été placés, raconte à LCI la gérante du bar Le Petit Sénat : "Le couple n’avait plus la garde des enfants, pour certains depuis très longtemps. Le dernier leur a été enlevé au printemps 2017."
Le parquet de Nevers précise que l'homme avait déjà fait de la prison "pour plusieurs infractions de droit commun". Toutefois, "il n'avait jamais été mis en cause pour des faits de nature sexuelle". Nathalie s'est exprimée ces derniers jours dans plusieurs médias pour clamer leur innocence. "Mon mari et moi, on n'a jamais touché nos enfants ! assure-t-elle sur Europe 1. Mes enfants, je les aime, je ne vois pas pourquoi je leur ferais ça. C'est une honte." Elle fustige la malveillance des habitants de son village, dans Le Parisien : "Les gens parlent et ne nous aiment pas ici, on le sait très bien."
Depuis quand les enfants étaient-ils victimes d'abus ?
Les victimes, "en raison de leur jeune âge et de la multiplicité des faits, ne sont pas en capacité de dater précisément" les agressions et les viols, a expliqué le vice-procureur de Nevers, Paul-Édouard Lallois. "Pour certains des enfants, les faits sembleraient avoir commencé à un très jeune âge", a précisé le magistrat. Le parquet a donc retenu pour l'enquête une large période allant de 2010 à mai 2017, date du placement des enfants par la justice, saisie par les services sociaux du conseil départemental.
Selon le magistrat, "la genèse du dossier, ce sont les premiers signalements faisant état de carences éducatives, combinées à des soupçons de maltraitance", venus des enseignants. Les enfants ont alors été retirés de leur cadre familial. "Une fois que les enfants se sont trouvés dans un milieu protégé, ils ont commencé à mettre des mots sur ce qu'ils ont subi", a précisé le parquet.
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