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Cold case élucidé en Isère : une association demande la réouverture de plusieurs dossiers de disparitions dans le même secteur

"Il n'est jamais trop tard, on peut relancer des affaires beaucoup de temps après", a insisté vendredi sur franceinfo Bernard Valézy, vice-président de l'association Assistance et recherche de personnes disparues.  

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Recherches des ossements de Marie-Thérèse Bonfanti, à Pontcharra, le 23 juin 2021.  (DENIS MASLIAH / MAXPPP)

"On ne peut pas accuser mais ça devrait attirer l'attention quand on s'aperçoit qu'en cinq ans, des personnes ayant le même profil ont disparu" dans le même secteur, déclare vendredi 13 mai sur franceinfo Bernard Valézy, vice-président de l'association Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD), après qu'un cold case vieux de 36 ans a été élucidé cette semaine en Isère.

Selon lui, Yves Chatain, l'homme qui vient de reconnaître le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti, en mai 1986 à Pontcharra (Isère) pourrait en avoir commis d'autres. Il a été mis en examen pour "enlèvement, séquestration" et "meurtre" et placé en détention.

Il y a en effet eu d'autres homicides et disparitions à la même époque et dans ce secteur. Cela interpelle l'association Assistance et recherche de personnes disparues qui, grâce à ses bénévoles enquêteurs, a fait rouvrir le dossier Bonfanti. Son vice-président, Bernard Valézy, appelle sur franceinfo à en faire de même pour ces autres affaires qui lui semblent être liées. "Je pense que ce sont des affaires qui naturellement vont être reprises, ça me paraît logique", espère-t-il. "Il n'est jamais trop tard, on peut relancer des affaires beaucoup de temps après, assure-t-il. Certes, c'est beaucoup plus difficile, beaucoup plus aléatoire mais quand on a une affaire comme celle-ci, même 20 ou 30 ans plus tard, on peut peut-être connaître la vérité."

Plusieurs autres disparitions 

En 1984, Marie-Agnès Cordonnier et Françoise Bruyère, deux autostoppeuses belges originaires de Liège, se sont évaporées. Elles ont été vues pour la dernière fois à une vingtaine de kilomètres de Pontcharra. Des affiches ont été placardées dans les environs. Les enquêteurs ont à l’époque exploré différentes pistes (fugue, accident, crime) sans résultat.

En 1985, Marie-Ange Billoud, une autre jeune autostoppeuse de 19 ans, a également disparu. Elle a été aperçue pour la dernière fois à la sortie de Pontcharra. Son corps n'a jamais été retrouvé. L'association Assistance et recherche de personnes disparues n'a pas été sollicitée par les familles de ces femmes.

Quelques années plus tôt, en 1981, Liliane Chevènement, une secrétaire de 41 ans, a été retrouvée étranglée avec un fil de fer à quelques centaines de mètres de la maison d'Yves Chatain. Son meurtre n'a jamais été élucidé. Comme dans le dossier sur la mort de Marie-Thérèse Bonfanti, Yves Chatain avait été suspecté, entendu puis finalement blanchi.

"Prise de conscience des pouvoirs publics"

Le procureur de Grenoble indique à franceinfo qu'il est trop tôt pour annoncer la réouverture ou non de ces dossiers. Dans l'affaire Bonfanti, la recherche des ossements de la victime va débuter, le mis en examen a livré des indications sur le lieu où il l'aurait déposée. Le profil d'Yves Chatain sera examiné. Il avait été condamné au début des années 1980 pour des violences. Il avait agressé une jeune femme à vélo lorsqu'il avait 14 ans. Quelques années plus tard, alors âgé de 20 ans, il avait tenté d'étrangler une automobiliste.

"Il faut être honnête. J'ai été policier pendant 40 ans. Dans les années 1980, les affaires de disparition n'avaient pas la même importance, on n'y portait pas le même intérêt qu'on le fait aujourd'hui."

Bernard Valézy, vice-président de l'ARPD

à franceinfo

Mais selon Bernard Valézy, "ça a évolué, il faut s'en réjouir". "Il y a une prise de conscience des pouvoirs publics, affirme-t-il, il n'y a qu'à voir la création du pôle national judiciaire pour les affaires non élucidées. Donc, on s'y intéresse plus et ça on ne peut que s'en féliciter".

La question de la prescription se pose dans l'affaire du meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti, résolue 36 ans plus tard. Le délai de prescription est de 10 ans pour les meurtres commis avant 2017, 20 ans pour ceux commis après cette date. Lors de sa conférence de presse jeudi, Éric Vaillant, le procureur de Grenoble a évoqué "un débat juridique complexe à venir".

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