Déroulé de la soirée, moment de la mort, transport du corps... Les zones d'ombre qui subsistent sur le meurtre d'Alexia Daval
Après les nouvelles déclarations de Jonathann Daval et de son beau-frère, franceinfo revient, point par point, sur les versions des protagonistes.
Huit mois après la mort d'Alexia Daval, la sordide affaire a pris un tournant inattendu. Son époux, Jonathann, qui avait avoué le meurtre de la jeune femme en janvier dernier, est revenu sur ses déclarations lors de sa dernière audition devant le juge d'instruction, le 27 juin. L'informaticien de 34 ans accuse désormais Grégory Gay – son beau-frère, l'époux de la sœur d'Alexia – du meurtre qui serait survenu dans la maison des parents.
Mis en cause par Jonathann, Grégory Gay est sorti du silence, jeudi 12 juillet, sur BFMTV pour donner sa version des faits. Entre ce nouveau récit de Jonathann Daval et celui de la famille d'Alexia, tout diffère désormais. Même si les avocats des deux parties semblent convaincus de l'existence d'un complice. Déroulé de la soirée, moment de la mort, transport du corps... Franceinfo revient, point par point, sur les versions des protagonistes.
Sur le déroulé de la soirée
La soirée du 2 octobre, Alexia Daval, son époux Jonathann, Stéphanie, Grégory Gay et leur fils sont chez les parents Fouillot (le nom de jeune fille d'Alexia) pour dîner. Ils partagent une raclette. Tous s'accordent à dire qu'Alexia est arrivée tôt, en tenue de sport après être revenue de la salle de fitness. Mais pour le reste, les récits de la soirée s'opposent diamétralement.
• La version de Jonathann. Devant le juge d'instruction, le 27 juin, l'informaticien est revenu sur ses aveux. Il évoque désormais une soirée tendue, lors de laquelle Alexia a "piqué une crise", d'après L'Est républicain et Le Parisien qui ont eu accès aux déclarations de Jonathann Daval, et dont franceinfo a obtenu la confirmation, dans les grandes lignes, auprès de sources proches du dossier. Jonathann Daval parle d'une "crise d'hystérie particulièrement violente" lors de laquelle Alexia est devenue "incontrôlable". Sa famille tente alors de la "calmer" avant de "s'embrouiller".
D'après le récit reproduit par l'Est républicain, Alexia monte à l'étage et bouscule l'enfant de Grégory et Stéphanie Gay. Cette dernière essuie une gifle de la part d'Alexia et la lui rend aussitôt. Grégory Gay monte alors à l'étage, selon Jonathann Daval, qui évoque ensuite des "cris". Quand le beau-frère redescend, l'informaticien affirme qu'il aurait dit : "Elle est morte, je l'ai étranglée". Jonathann Daval évoque désormais un "pacte" familial pour maintenir le secret.
• La version des époux Gay. Devant la caméra de BFMTV, le beau-frère d'Alexia décrit une soirée "tout à fait normale". "Nous venions de descendre pour passer quelques jours de vacances. On arrivait tout juste de Paris, on mangeait chez Jean-Pierre et Isabelle, la petite raclette. Quelques semaines plus tôt, mon fils a eu son anniversaire et ils n'étaient pas venus le fêter avec nous, donc on en a profité aussi pour faire une petite séance cadeau pour notre fils", explique-t-il.
"Jonathann a tardé à arriver, il était un petit peu difficile de le joindre au début. Il est arrivé assez tardivement, le dernier. Alexia lui a fait remarquer qu’il était très en retard et qu’il aurait pu prévenir. Il n'a rien dit de spécial", continue le beau-frère. De son côté, la sœur d'Alexia évoque une soirée qui "s'est déroulée le plus normalement du monde. Apéritif, ouverture de cadeaux, une raclette, des desserts..."
Sur la façon dont elle a été tuée
• La version de Jonathann Daval. Dans ses deux versions successives, l'informaticien affirme qu'Alexia est morte étranglée. En janvier dernier, il avait évoqué une dispute qui aurait éclaté dans leur domicile après le dîner chez les parents et qui aurait pris une tournure violente. Il affirme avoir tenté de maîtriser Alexia quand les choses ont dégénéré. "Il l'a étranglée et après il a été dépassé par tout", avait alors affirmé son avocat, Randall Schwerdorffer. Désormais, il affirme que c'est son beau-frère, Grégory Daval, qui l'a étranglée au domicile des parents.
• La version de la famille d'Alexia. D'après l'avocat des parents de la victime, Jean-Marc Florand, les déclarations de Jonathann Daval ne correspondent "pas au dossier". Lors d'une conférence de presse, il a affirmé que les résultats de l'autopsie, – "une pièce fondamentale et objective" –, ne collaient pas avec l'idée qu'Alexia Daval a été étranglée par accident par un de ses proches, point commun entre l'ancienne et la nouvelle version des faits de Jonathann Daval. L'autopsie révèle que la jeune femme "a été massacrée", affirme Jean-Marc Florand.
Elle a subi de graves violences. La strangulation, c'est la fin de l'épisode mortifère.
Me Jean-Marc Florandlors d'une conférence de presse
Même son de cloche du côté de Stéphanie Gay, la sœur d'Alexia, qui ne croit pas non plus à la première version de Jonathann Daval. "Ces aveux ne sont pas très étayés, pas solides. Ils ne collent pas à la réalité scientifique, technique de ce qui a pu être relevé", a-t-elle affirmé à BFMTV.
Sur la dissimulation du corps
Le corps d'Alexia Daval a été retrouvé, en partie brûlé, trois jours après le dîner dans un bois à Esmoulins, une commune proche de Gray (Haute-Saône). Qui a transporté le corps et qui l'a brûlé ? Là encore, les versions diffèrent.
• La version de Jonathann Daval. Lors de sa dernière audition, Jonathann Daval n'est pas clair sur la suite de la soirée, explique l'Est républicain. Le mis en examen reconnaît avoir participé au transport du corps, à bord de son véhicule de service et l'avoir déposé dans ce bois enroulé dans un drap conjugal. L'informaticien affirme cependant qu'il n'a pas brûlé le corps, comme il l'avait déjà affirmé en janvier lors de ses aveux.
• La version de la famille d'Alexia Daval. Sur BFTMV, les époux Gay affirment tout deux qu'Alexia et Jonathann ont quitté le domicile des parents après le dîner. "La dernière personne qui a vu Alexia vivante, c'est Jonathann, parce que nous, on les a vu repartir tous les deux de la maison", explique Grégory Gay. "Je dis au revoir à ma sœur et à demain, car on devait faire les magasins avec ma sœur et ma mère", affirme de son côté, Stéphanie Gay. De son côté, l'avocat des parents d'Alexia ne blâme pas directement Jonathann Daval. A l'inverse, il souligne les nombreuses incertitudes du dossier :
On n'a pas de certitude objective sur qui a transporté le corps : on connaît la voiture, avec le traqueur, mais pas qui est au volant. On ne sait pas qui a carbonisé partiellement le corps. On ne sait pas pourquoi.
Me Jean-Marc Florandlors d'une conférence de presse
Sur une éventuelle complicité
• La version de Jonathann Daval. C'est son avocat, Randall Schwerdorffer, qui s'est exprimé sur le sujet auprès de France Bleu Besançon. "Il me semble que les déclarations de Jonathann Daval, que je ne vous livrerai pas, sont très claires, et on est manifestement dans des faits qui ont impliqué une complicité. Pour moi, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il y ait eu une complicité dans cette histoire", a-t-il affirmé. Interrogé sur le fait que ces complicités auraient pu venir de la famille de la victime, comme l'affirme le jeune homme, l'avocat reste vague sur la version de son client :
Moi, simplement, je dis que Jonathann Daval conteste avoir tué Alexia. Après, qui l'a fait ? C'est la vraie question. Et qui sont les complices de celui qui l'a fait ? C'est une autre question. Et, à cela, Jonathann Daval a donné des réponses.
Me Randall Schwerdorfferà France Bleu Besançon
• La version de la famille d'Alexia Daval. "Je continue de penser qu'il a certainement un ou plusieurs complices", a expliqué Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia, même s'il assure qu'il ne s'agit pas de ses clients. Le conseil "ne pense pas que tout ça ait pu être réalisé par une seule personne", et notamment le déplacement du corps et sa carbonisation partielle. Le beau-frère, Grégory Gay, va dans le même sens : "Dans tous ses aveux, il y a une constante : Jonathann dit qu’il n'a pas brûlé le corps d'Alexia. Ce qui laisse sous-entendre qu’il y a un complice quelque part", affirme-t-il.
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