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Meurtre d'Alexia Daval : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de l'avocat des parents de la jeune femme après le revirement de Jonathann

Jean-Marc Florand estime que la nouvelle version du principal suspect, qui accuse son beau-frère d'avoir tué son épouse, "ne correspond absolument pas aux vérités objectives du dossier".

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia Daval, lors d'une conférence de presse le 31 janvier 2018 à Vesoul (Haute-Saône). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

C'est un coup de tonnerre décrit comme un "cauchemar" par la mère d'Alexia Daval. Jonathann Daval, mis en examen en janvier après avoir avoué le meurtre de son épouse, nie désormais les faits et accuse son beau-frère. Son avocat l'a confirmé, mercredi 4 juillet, date à laquelle la famille de la victime a appris ce revirement lors d'une audition par le juge d'instruction. Au lendemain de ce rebondissement, l'avocat des parents d'Alexia Daval, Jean-Marc Florand, a expliqué, lors d'une conférence de presse, ne pas croire à la véracité de cette version. Voici le résumé de ses déclarations.

Il estime que la nouvelle version de Jonathann Daval ne colle pas à la réalité

Auditionné à sa demande le 27 juin, le mari d'Alexia Daval a nié avoir tué sa femme et livré au juge d'instruction une nouvelle version des faits. Selon les informations de franceinfo, de source proche du dossier, il a affirmé que la jeune femme avait été tuée par son beau-frère, Grégory Gay. Celui-ci l'aurait étranglée sans le vouloir, en essayant de la maîtriser lors de ce qu'il décrit comme une crise d'hystérie, alors que la famille se trouvait au domicile des parents, dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017.

Des nouvelles déclarations qui "ne collent toujours pas au dossier", affirme l'avocat des parents, que cette nouvelle version met indirectement en cause. Il pointe notamment le fait que les résultats de l'autopsie, "une pièce fondamentale et objective", ne collent pas avec l'idée qu'Alexia Daval ait été étranglée par accident par un de ses proches, point commun entre l'ancienne et la nouvelle version des faits de Jonathann Daval. 

L'autopsie révèle que la jeune femme "a été massacrée", affirme Jean-Marc Florand.

Elle a subi de graves violences. La strangulation, c'est la fin de l'épisode mortifère.

Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia Daval

De plus, poursuit-il, "quand vous étranglez quelqu'un, il faut du temps, de deux à quatre minutes. Vous avez le visage de la personne devant vous. Vous l'entendez supplier." Ce qui explique ses doutes face à la thèse de la strangulation accidentelle : à ses yeux, le scénario que décrivait Jonathann Daval "quand il s'accusait du meurtre", en janvier, ne correspondait pas non plus aux éléments concrets recueillis par les enquêteurs.

Il s'interroge sur la santé mentale de l'accusé

Après avoir prétendu que sa femme avait disparu en faisant son jogging, en octobre, puis avoir reconnu l'avoir étranglée, "par accident" lors d'une dispute selon lui, Jonathann Daval a livré une troisième version des faits. Pour Jean-Marc Florand, "se pose la question de sa santé mentale, d'une part, et de sa personnalité, d'autre part."

La crédibilité de Jonathann Daval est sujette à caution. Il a enfilé plusieurs costumes et plusieurs rôles en moins de sept mois.

Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia Daval

Selon l'avocat, le juge d'instruction a ordonné des expertises et une enquête de personnalité, dont il ne connaissait pas les résultats. Il a expliqué les attendre "avec une grande impatience", estimant qu'elles expliqueraient peut-être, sinon le meurtre, au moins le comportement du suspect, qu'il juge "invraisemblable".

Selon des informations du Républicain lorrain, jeudi, confirmées à l'AFP par une source proche du dossier, une première expertise psychiatrique pointe des "traits pervers" chez Jonathann Daval, jugé capable de "manipulation". "Il est très fréquent d'avoir une première expertise psychiatrique qui va dans un sens, et une seconde dans laquelle on ne partage pas les conclusions du premier expert", a réagi sur BFMTV Jérôme Pichoff, associé de Randall Schwerdorffer, l'avocat du mis en examen.

En mars, ce dernier décrivait son client, placé à l'isolement en prison, comme "amaigri, très affaibli et très fragile". Mercredi, l'avocat a expliqué qu'il le trouvait, depuis, "plus en forme physiquement et intellectuellement".

Il pense toujours qu'il a peut-être des complices

Si l'avocat des parties civiles ne croit pas à la nouvelle version donnée par Jonathann Daval, il estime de sa santé mentale n'est pas la seule explication possible à son revirement.

Ou il n'assume pas, ou il est dingue, ou ce n'est pas lui.

Jean-Marc Florand, avocat des parents d'Alexia Daval

"Je continue de penser qu'il a certainement un ou plusieurs complices", a expliqué Jean-Marc Florand, même s'il assure qu'il ne s'agit pas de ses clients. L'avocat "ne pense pas que tout ça ait pu être réalisé par une seule personne", et notamment le déplacement du corps et sa carbonisation partielle.

Rien ne permet d'établir s'il y a eu des complices ni leur identité pour l'instant, a reconnu le conseil juridique des parents d'Alexia Daval. "Je m'attends à tout. Pourquoi à la prochaine audition il n'accuserait pas sa propre famille ?, s'interroge-t-il même. Ce n'est pas plus ridicule que d'accuser la famille d'Alexia. Tout le monde habite dans la même rue."

Il est pessimiste sur la possibilité de connaître la vérité

"Ce dossier est dans l'impasse, le mystère s'épaissit", a-t-il lancé aux journalistes, avant d'expliquer que "son espérance du taux de résolution de ce dossier a nettement diminué". Outre les déclarations changeantes du principal suspect, il juge de nombreux éléments flous : "On ne sait pas, aujourd'hui, qui – pluriel ou singulier – a tué Alexia Daval. On a aucune idée du mobile. On n'a pas de certitude sur le lieu du meurtre. On n'a pas de certitude objective sur qui a transporté le corps : on connaît la voiture, avec le traqueur, mais pas qui est au volant. On ne sait pas qui a carbonisé partiellement le corps. On ne sait pas pourquoi." 

Il explique également que certains éléments qui pourraient sembler concrets font finalement l'objet de doutes : "Le dossier est très pollué par des histoires de SMS dont on ne sait plus très bien qui les a envoyés à qui, est-ce qu'ils n'ont pas été antidatés sur les portables, et si ce n'est pas la même personne qui a fait les demandes et les réponses", a-t-il révélé.

Il décrit une famille "effondrée" face aux accusations

Mercredi, la famille d'Alexia Daval n'a presque pas réagi à ce nouveau revirement : Grégory Gay a simplement "démenti formellement" auprès de BFMTV avoir tué sa belle-sœur, et la mère d'Alexia, Isabelle Fouillot, a confié vivre "un véritable cauchemar". Jeudi, leur avocat a davantage détaillé la façon dont ils vivaient cette situation "très grave". Après la mort d'Alexia Daval, ses parents avaient accueilli Jonathann Daval à leur domicile, avant d'apprendre qu'il s'accusait du meurtre, puis qu'il les désignait finalement comme impliqués. "Il faut vivre avec ça", explique Jean-Marc Florand. 

Selon lui, les parents sont "effondrés" par les accusations contre eux, mais la famille "encaisse". "C'est des gens stoïques", a-t-il décrit. "On ne pleure pas devant les médias, on pleure peut-être à la maison, je n'en sais rien." Il explique que ses clients avaient eu des échos d'un possible revirement de Jonathann Daval, mais "ne pensaient pas à mal, parce qu'ils ne voient pas dans ce garçon un diable absolu". Devant ses déclarations changeantes, ils "craignent" désormais, selon leur avocat, de ne pas connaître un jour la vérité.

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