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Disparition de la petite Maëlys : où en est l'enquête ?

Cela fait trois mois que la fillette, 9 ans, est portée disparue. Alors que sa famille demande la vérité, Nordahl Lelandais, le principal suspect, est de nouveau entendu par les juges. Franceinfo fait le point sur l'enquête.

Article rédigé par franceinfo - Hugo Cailloux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des habitants se rassemblent lors d'une marche pour la petite Maëlys, aux Abrets-en-Dauphiné (Isère), le 5 novembre 2017. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Maëlys, une fillette de 9 ans, n'a toujours pas été retrouvée, trois mois après sa disparition. De son côté, la justice a annulé, jeudi 30 novembre, les premières auditions du principal suspect, un ancien militaire de 34 ans qui était invité à la soirée de mariage où Maëlys a disparu. Nordahl Lelandais est de nouveau interrogé par les juges d'instruction, ce jeudi.

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Franceinfo fait le point sur l'avancée de l'enquête.

Maëlys introuvable depuis trois mois, sa famille dans la détresse

Dans la nuit du 26 au 27 août, à trois heures du matin, une fête de mariage bat son plein à Pont-de-Beauvoisin (Isère). A ce moment-là, les convives remarquent l'absence de Maëlys. Pendant une heure, sa famille la recherche, puis se décide à appeler la gendarmerie. Un dispositif de recherche est mis en place. Après une journée de battues, un appel à témoins est lancé. Trois mois après, la fillette n'a toujours pas été retrouvée. "Trois mois insoutenables sans toi", a souligné la mère de l'enfant, dans une vidéo postée sur Facebook, le 26 novembre. 

Jennifer de Araujo y fait part de sa recherche de "vérité". "Ton combat, c'est notre combat", est-il écrit dans la vidéo, qui montre une succession de photos de la fillette. "Tu nous manques. Maëlys on t'aime", peut-on lire dans la vidéo, accompagnée de la musique de Louane, qui reprend, dans les paroles de sa chanson : "Je sais que t'es là pas loin, même si c'est fou [...] Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois ?"

Infirmière à l'hôpital, Jennifer de Araujo n'est pas retournée travailler, depuis la disparition de sa fille. Ses collègues l'ont aidée à surmonter cette épreuve, en lui faisant don de jours de RTT. L'initiative, prise par Lydie Lefebvre, une déléguée syndicale, lui permet de ne pas perdre son salaire. Depuis 2014, et le vote de la loi dite Mathys, les salariés d'une même entreprise peuvent faire don de leurs RTT à un collègue afin qu'il s'occupe d'un proche.

Où en est la procédure ?

Même si la fillette n'a pas été retrouvée, "l'enquête a avancé, même si cela ne dit pas où est l'enfant", estime une source proche du dossier auprès de l'AFP. Le principal suspect dans cette affaire, Nordahl Lelandais, est entendu par trois juges d'instruction à Grenoble (Isère), jeudi. Cet ancien militaire de 34 ans clame son innocence et n'a pas été entendu depuis le 3 septembre. Cet interrogatoire avait précédé sa mise en examen pour "enlèvement et séquestration" et "détention arbitraire" de la fillette.

Un délai qui s'explique par une question de procédure. En effet, le 31 août, la première garde à vue du suspect n'a pas été filmée, contrairement aux exigences du Code de procédure pénale en matière criminelleFin octobre, l'avocat de Nordhal Lelandais avait obtenu le report de l'audition de son client, faute d'avoir eu toutes les pièces du dossier, et déposé une requête en nullité sur cette audition. La Cour d'appel de Grenoble lui a donné gain de cause, jeudi, en annulant quatre procès-verbaux datant du début de l'affaire. 

Cela a également pour conséquence d'annuler certains propos tenus par le suspect. Ces déclarations concernent trois questions directement liées aux premières réponses qu'il avait données aux gendarmes, lors des premières auditions. Selon l'AFP, les enquêteurs assuraient s'être "préparés" de longue date à l'annulation des procès-verbaux et ne pas attacher trop d'importance aux premières déclarations de Nordahl Lelandais.

L'accusation redoutait en revanche que la chambre de l'instruction n'étende son annulation à la seconde garde à vue du suspect, qui avait débouché sur sa mise en examen pour enlèvement après la découverte d'une trace ADN de la fillette dans sa voiture. Après la décision de la cour, les trois juges chargés du dossier ont commencé à interroger Nordahl Lelandais. Il devra expliquer de nouveau son comportement lors de la fête de mariage, dans la nuit du 26 au 27 août, à laquelle participaient Maëlys et ses parents. Plusieurs éléments qui ont suivi la soirée posent également question, même si peu d'éléments ont filtré dans la presse.

Une vidéo du suspect avec une "silhouette humaine de petite taille"

Depuis la mi-octobre, les enquêteurs détiennent une image de vidéosurveillance du suspect au volant de sa voiture qui pourrait permettre de faire avancer l'enquête sur la disparition de la petite Maëlys. Le cliché montrait une petite silhouette blanche à la place passager, sans qu'on puisse distinguer un visage. D'abord considéré comme non probant car de mauvaise qualité, l'enregistrement vidéo a été expertisé.

Selon BFMTV, qui a pu consulter l'image, ce cliché a été retravaillé. Il montre désormais "une silhouette humaine de petite taille, habillée de blanc, sur le siège passager". Ce vêtement à "col rond et sans manches" fait penser à celui que portait l'enfant. 

La chaîne ajoute qu'un deuxième enregistrement a été pris, trente minutes après, dans le sens inverse, sans que la silhouette blanche ne soit présente. Mais la caméra de vidéosurveillance n'a pas pu capter une image du conducteur ou de la plaque du véhicule. Toujours selon la même source, plusieurs éléments prouveraient que la voiture appartient bien au suspect : un "défaut d'éclairage des feux arrières, le positionnement des vignettes sur le pare-brise et la présence d'un autocollant bien reconnaissable"Contactée par franceinfo, la gendarmerie nationale s'est refusée à confirmer cette information. 

Quels éléments troublent les enquêteurs ?

L'attitude de Nordahl Lelandais lors de la soirée. Pendant la nuit suivant le mariage, le suspect a effectué plusieurs allers-retours. Cette question sera au cœur des auditions. Dans ses premières auditions, Nordalh Lelandais avait justifié ses absences par le besoin de changer de short, taché "de vin et de vomi", rappelle Le Parisien. Il dit avoir jeté à la poubelle le short, sans pouvoir donner de plus amples précisions. Il a justifié un autre aller-retour auprès des enquêteurs, en affirmant être allé chercher des bières.

Le lendemain, le dimanche 27 août dans l'après-midi, l'ancien maître-chien a été filmé, pendant deux heures et quinze minutes, en train de nettoyer sa voiture méticuleusement, avait révélé Le Dauphiné libéré"Outre le coffre lessivé avec un produit décapant et lustrant pour jantes, qui a également le pouvoir de brouiller l’odorat des chiens, l'ex-militaire de Domessin insiste sur les poignées extérieure et intérieure de la portière côté passager, le tapis de sol, le siège, toujours côté passager", détaillait le quotidien, citant une source proche de l’enquête. Le suspect avait justifié le lavage par sa volonté de vendre son véhicule.

La découverte de traces ADN dans la voiture. Malgré ce nettoyage, des traces ADN de la petite Maëlys avaient été retrouvées au niveau du tableau de bord, proche du volant de la voiture du principal suspect. L'homme suspecté, Nordahl Lelandais, a reconnu que l'enfant était entrée "à un moment dans sa voiture" le soir du mariage, "comme beaucoup de gens lors de cette soirée", avait déclaré son avocat à la presse.

Les juges, pas convaincus par les explications du suspect, l'ont alors mis en examen et fait incarcérer, le 3 septembre. Juste avant, le suspect avait tenté de semer des policiers qui le prenaient en filature, a révélé franceinfo. Un comportement qui pourrait s'expliquer par ses activités de vente de stupéfiants.

Des questions autour de ses téléphones. Selon Le Parisien, le suspect devrait aussi avoir à s'expliquer sur la résiliation de l'abonnement d'un second téléphone. Le 28 août, interrogé sur la question, il avait prétexté un "défaut". D'après le quotidien, le principal suspect n'avait pas signalé l'existence de ce portable aux enquêteurs, qui a émis un signal autour de Pont-de-Beauvoisin alors que le suspect a assuré se trouver dans la salle des fêtes. 

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