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Condamné à la réclusion à perpétuité, Nordahl Lelandais "emporte avec lui des éléments de compréhension"

Cette condamnation met un point final à trois semaines de débats intenses, marquées par l'émotion de la famille de Maëlys, des aveux à demi-mot de la part de l'accusé et des questions restées sans réponse.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La mère de Nordahl Lelandais vient saluer son fils dans le box des accusés, vendredi 18 février, après l'annonce du verdict. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Après sept heures de délibéré, le verdict est tombé. Nordahl Lelandais a été condamné, vendredi 18 février, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, pour l'enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys en août 2017. La cour d'assises de l'Isère a également ordonné un "suivi socio-judiciaire pendant 10 ans", dont une injonction de soins. Une condamnation conforme aux réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé à la cour de "déclarer Nordahl Lelandais grand criminel, grand prédateur, coupable des faits reprochés".

Debout dans son box, Nordahl Lelandais a réagi calmement à l'énoncé du verdict. Un peu sonné, il a légèrement hoché la tête et a fixé les jurés. Sa mère s'est approchée de lui et l'a salué d'un "check" avec le poing. Il a échangé quelques mots avec elle, puis avec son avocat. Alain Jakubowicz a annoncé que son client ne fera pas appel de cette condamnation, pour éviter de prolonger le "calvaire" de la famille de Maëlys. Il avait pris la même décision après sa condamnation pour le meurtre d'Arthur Noyer, en mai 2021.

Des excuses renouvelées avant le délibéré

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, Nordahl Lelandais avait renouvelé ses "excuses", adressées "avec la plus grande sincérité", "à tous ceux à qui j'ai fait du mal". Des "excuses" qui font écho à celles qu'il avait prononcées à l'ouverture des débats. Au cours de ces trois semaines d'audience, intenses, l'ancien maître-chien a aussi reconnu avoir tué "volontairement" Maëlys, contrairement à qu'il soutenait jusque-là. Un revirement inattendu, qui s'est produit dans la soirée du 11 février, après cinq heures éprouvantes d'interrogatoire. Guidé de façon méthodique par son avocat, il a aussi admis l'enlèvement de la fillette.

"Je reconnais l'intégralité des faits qui me sont reprochés."

Nordahl Lelandais, le 11 février

devant la cour d'assises de l'Isère

Ainsi, pour la première fois, Nordahl Lelandais a déclaré avoir ressenti des "penchants pédophiles". Car l'accusé était également jugé pour les agressions sexuelles commises sur ses deux petites-cousines de 4 et 6 ans, à l'été 2017, peu de temps avant le meurtre de Maëlys. Des agressions qu'il a filmées et dont les images glaçantes ont été projetées devant la cour des assises de l'Isère, au 6e et 7e jours d'audience. Face à ces vidéos où on le voit toucher le sexe des fillettes, Nordahl Lelandais a gardé la tête baissée. Puis, pressé de questions, il n'a pu nier l'évidence. Malgré tout, il l'a dit et répété : il "n'y a pas eu d'envie sexuelle avec Maëlys de Araujo".

"On n'aura pas cette vérité qu'on attendait"

Alors pourquoi Nordahl Lelandais a-t-il enlevé puis tué Maëlys ? Au cours de l'audience, il n'a cessé de justifier sa "pulsion de meurtre" par l'"impression complètement folle" de voir en "hallucination" le visage Arthur Noyer qu'il avait tué quelques mois plus tôt. Mais les experts psychiatres appelés à la barre n'ont pas souscrit à cette version. Nordahl Lelandais "n'est pas psychotique", ni "schizophrène", "pas halluciné". Ils penchent plutôt pour une "manipulation consciente" de cet homme décrit comme un "pervers", "l'archétype du psychopathe". Un homme cynique, dont l'autre visage s'est dévoilé dans les haut-parleurs de la salle d'audience, lors de la diffusion d'une conversation avec sa dernière petite-amie.

"On sait à qui on avait affaire depuis le début, ça fait quatre ans qu'il ment. Il dit qu'il l'a enlevée pour une promenade, soi disant. On sait très bien qu'on n'aura jamais cette vérité qu'on attendait", a réagi le père de Maëlys, vendredi, après la condamnation de Nordahl Lelandais. "Le viol n'a pas pu être reconnu", a regretté Joachim de Araujo, faute d'éléments matériels suffisants. Mais le mobile sexuel est resté dans toutes les têtes pendant ces trois semaines de procès.

"On voudrait que Lelandais soit aux oubliettes"

Nordahl Lelandais "emporte avec lui des éléments de compréhension", a estimé Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys. "Comment a-t-il pu procéder ? Pourquoi l'a-t-il fait ? Quels ont été les derniers instants de cette petite fillette ? Autant de chevilles qui taraudent l'esprit et le cœur de Joachim de Araujo." De ses derniers instants, il ne reste dune petite silhouette blanche, assise à l'avant de l'Audi A3 de Nordahl Lelandais. Une image captée par la vidéosurveillance de Pont-de-Beauvoisin (Isère), où Maëlys a disparu, et dont la projection à l'audience a suscité l'effroi. "On ne sait pas de quoi Maëlys est vraiment décédée. On ne le saura jamais, il n'y a que lui qui sait. Il est condamné et j'espère qu'il va penser profondément à tout ce qu'il a fait et ce qu'il nous a fait endurer", a souhaité, pour sa part, Jennifer de Araujo, satisfaite de la décision de justice.  

"La perpétuité, c'est ce qu'on a pris, nous, en n'ayant plus Maëlys."

Jennifer de Araujo

à l'issue du procès

Face à une forêt de micros et de caméras, d'une voix digne, Jennifer de Araujo s'est exprimée en tenant un cadre photo avec un portrait géant de Maëlys, sa fille aînée à ses côtés. Du haut de ses 16 ans, cette dernière, qui a directement affronté Nordahl Lelandais à la barre, a tenu à prendre la parole. "Je suis contente pour ma sœur", a réagi Colleen avec émotion. Après ce verdict, c'est vers Maëlys que la famille tourne à jamais son regard. "On voudrait qu'il soit aux oubliettes Lelandais et que Maëlys soit dans le cœur des Français. Qu'on ne l'oublie jamais", a imploré Jennifer de Araujo.

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