Explosion d'un immeuble à Paris : "On est sous le choc que ça puisse encore se reproduire", confie une victime de la rue de Trévise
"Il ne faut pas minimiser le suivi psychologique", a insisté sur franceinfo mercredi 21 juin, Linda Zaourar, rescapée et présidente du Vret, l'association des victimes et rescapés de l'explosion de la rue de Trévise. Le 12 janvier 2019, une très forte détonation provoquée par une fuite de gaz avait soufflé cette rue du 9e arrondissement de Paris, faisant quatre morts, 66 blessés et près de 400 riverains sinistrés.
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L'enquête devra déterminer si l'explosion d'un immeuble dans le 5e arrondissement de la capitale, mercredi 21 juin, est liée au gaz. Il s'agit de la piste privilégiée. Cela ravive le souvenir meurtri du drame de la rue de Trévise. Quatre ans plus tard, Linda Zaourar reste très marquée. Elle regrette "manque de prise en charge des victimes" et espère que les autorités "ne reproduiront pas les mêmes erreurs".
franceinfo : L'explosion de cet immeuble fait-elle resurgir de douloureux souvenirs ?
Linda Zaourar : Oui, pour les victimes, c'est la sidération. Honnêtement, on est sous le choc que ça puisse encore se reproduire. On se dit que ça ne s'arrêtera jamais. J'imagine qu’une cellule psychologique a été mis en place, mais on espère qu'il y aura une réelle prise en charge.
Vous précisez "réelle" prise en charge. Cela n'a pas été le cas pour les victimes de la rue de Trévise ?
Non, et on espère vraiment que notre expérience malheureuse servira d'exemple et qu'on ne reproduira pas les mêmes erreurs que pour les victimes de l'explosion de la rue de Trévise. Il y a eu un manque d'accompagnement, un sentiment d'abandon. On espère que les victimes, que ce soit celles de rue Tivoli à Marseille ou de la rue Saint-Jacques à Paris, seront réellement prises en charge, avec une cellule de crise où on centralise tout. Avoir aussi le nom de toutes les victimes pour qu'aucune ne soit oubliée ou n'ait le sentiment d'être abandonnée.
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Quatre ans et demi après, le traumatisme est-il toujours présent ?
Quatre ans et demi après l'explosion de la rue de Trévise, les grièvement blessés, les victimes qui ont eu des blessures de guerre, sont toujours en soins pour la majorité d'entre elles. Ceux qui ont été choqués, qui ont eu un post-traumatique très lourd, ils sont toujours suivis. Malheureusement, ces drames ont de grandes conséquences sur la vie des victimes. Et derrière, s'il n'y a pas de réelle prise en charge, forcément ça ne fait qu'aggraver les blessures tant psychologiques que physiques.
À quoi pensez-vous quand vous parlez de prise en charge ?
Au relogement, à l'assistance psychologique... Des lits de camp ont été installés dans la mairie du 5e arrondissement, pour les victimes qui n'ont pas pu rentrer chez elles. Mais je pense qu'une chambre d'hôtel n'aurait pas coûté grand-chose à la mairie de Paris. Faire dormir les victimes, qui sont déjà souvent en état de choc sur des lits de camp dans la mairie, moi, ça me choque. Ça me choque particulièrement parce qu'on ne tire pas encore une fois de leçon du manque de prise en charge des victimes de la rue de Trévise. On n'a pas eu des lits de camp pour les victimes de la rue de Trévise, mais si vous voulez, ce sont des attentions particulières qui font qu'à un moment, si on met l'humain au cœur, on arrive forcément à mieux soigner les blessures. Il ne faut pas minimiser le suivi psychologique dans ce genre de cas et est primordial et est vraiment primordial.
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