Attaque à l'aéroport d'Orly : "Prévenir le coup de folie d'un individu est particulièrement compliqué"
Après l'attaque d'une patrouille de l'opération Sentinelle à Orly, le PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, se veut rassurant sur la sécurité dans les aéroports.
On en sait un peu plus dimanche 19 mars sur le profil de Ziyed Ben Belgacem, abattu samedi à l'aéroport d'Orly. Sous contrôle judiciaire au moment de l'attaque, déjà connu pour des faits de violence, d’outrage et de recel, l'homme de 39 ans a tenté de dérober l'arme d'un militaire de l'opération Sentinelle après avoir déclaré vouloir mourir "par Allah". "Prévenir le coup de folie d'un individu est particulièrement compliqué", explique à franceinfo Augustin de Romanet, le PDG d'Aéroports de Paris.
franceinfo : Le trafic aérien est-il entièrement assuré ce dimanche ?
Augustin de Romanet : Oui. Plusieurs dizaines de volontaires sont venus dès 5h du matin pour accueillir les passagers. Une centaine d'entre eux, qui n'avaient pas pu trouver d'hôtel ou voulaient prendre un avion très tôt, ont été logés cette nuit sur la plateforme [de l'aéroport]. L'ensemble du trafic devrait être normal dimanche.
C'est la première fois depuis la mise en place de l'état d'urgence en France qu'un aéroport est visé. Est-ce que la manière dont les événements se sont déroulés vous a conforté dans le fait que vous étiez assez préparés ?
Il y a exactement dix jours, nous avons fait un exercice grandeur nature avec 500 policiers, des membres du Raid et du GIGN, entre minuit et 3h du matin, sur le site d'Orly. Du coup, nous étions préparés.
Samedi, chacun a fait son métier. Nous avons pu faire s'envoler 44 000 passagers. Seuls 10 000 n'ont pas pu prendre leur vol. Nous avons rétabli le trafic le plus rapidement possible grâce à une excellente coordination, notamment avec le procureur et les services de police qui avaient répété le même scénario dix jours auparavant.
Certains agents et usagers de l'aéroport s'étonnent qu'un homme ait pu entrer avec une arme et un bidon d'essence dans son sac...
La question qui se pose est celle du contrôle des sacs à l'entrée de la zone publique. Après les attentats du 13-Novembre, nous avions instauré des contrôles aléatoires aux portes avec des fouilles de sacs. Mais si cette personne avait été fouillée à l'entrée de l'aéroport et qu'on avait détecté son pistolet, elle aurait probablement été prise du même coup de folie. Et elle se serait alors retrouvée face à des personnes désarmées.
Pour vous, il n'y a donc pas eu de dysfonctionnement ?
Non, mais ce n'est pas une raison pour ne pas se poser la question de ce qu'on pourrait faire mieux. Je ne peux pas dire que la sécurité ait été mal prise en compte. Nous avons les services de la police aux frontières, la gendarmerie des transports aériens... Nous sommes les sites qui sont probablement parmi les mieux sécurisés du pays.
La préfecture de police a détaché des équipes de renseignement sur nos aéroports, l'armée est présente dans les aéroports plus que partout ailleurs, et le Raid ou le GIGN sont prêts à être sur place en dix minutes.
Augustin de Romanetà franceinfo
Naturellement, on va devoir se poser la question de savoir ce qu'on aurait pu faire mieux pour éviter un tel événement. Mais prévenir le coup de folie d'un individu est particulièrement compliqué.
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