Alaska, Canada, Russie... Les incendies s'intensifient dans les forêts boréales

En Alaska, près de 250 000 hectares ont déjà brûlé en 2024, la moitié partie en fumée dans un seul incendie qui a forcé la fermeture du parc national du Denali.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Des pompiers dans le nord de l'Alberta (Canada), le 5 juillet 2024. (ALBERTA WILDFIRE / CHINE NOUVELLE / SIPA)

Après la Turquie, la Californie ou encore la Grèce, l'Alaska, le Canada et la Russie sont les plus récentes régions du monde exposées à des incendies particulièrement intenses. Les écosystèmes arctiques et les forêts boréales qui couvrent une vaste partie de l'hémisphère nord continuent de brûler.

"La première quinzaine de juillet" a vu une "intensification remarquable des émissions [de carbone] provenant des feux de végétation dans l'Extrême-Orient de la Russie et dans les régions boréales d'Amérique du Nord", affirme l'institut européen Copernicus dans un bulletin publié mardi 16 juillet par son service de surveillance de l'atmosphère (Cams).

La taïga russe en proie aux flammes

En Russie, le nombre d'incendies ne cesse d'augmenter, particulièrement en Sibérie, observe l'Earth Observatory de la Nasa dans une note de blog, publiée le 9 juillet. Les images satellites de l'agence spatiale américaine présentent plusieurs feux dans les régions de l'oblast de l'Amour, de la République de Sakha – toutes deux à l'Extrême-Orient du pays – et en Transbaïkalie, une zone montagneuse russe proche de la Mongolie en Sibérie orientale. L'Agence fédérale des forêts de Russie a relevé dans son bulletin du 16 juillet 276 incendies en cours sur ces trois territoires. Les flammes ont déjà ravagé au total 620 000 hectares de forêt. Comme le précise la Nasa, ces incendies se déclenchent dans des zones riches en tourbe, une matière organique fossile qui a une forte propension à brûler.

Toujours dans l'Extrême-Orient russe, les outils de Copernicus ont mesuré des épaisseurs "anormalement élevées" de fumées et des concentrations de particules fines "plusieurs fois supérieures au seuil d'exposition moyen sur 24 heures (...) recommandé par l'Organisation mondiale de la santé". "Au 15 juillet, les émissions de carbone estimées des incendies de forêt en Russie ont déjà dépassé les émissions totales de juin-juillet des deux années précédentes", note le Cams qui scrute les feux repérables par satellite.

De l'autre côté du détroit de Béring, en Alaska, près de 250 000 hectares ont déjà brûlé en 2024. Rien que la moitié de cette zone est partie en fumée dans un seul incendie, qui a entraîné la fermeture du parc national du Denali, dans le sud du territoire. Le service des parcs nationaux de l'Etat américain explique dans une note de blog datant du 15 juillet que la saison de feux de forêt en Alaska débute fin mai pour se terminer à la fin du mois de juillet. "En moyenne, un million d'hectares brûlent dans tout l'Etat chaque année", précise le service.

La fumée d'un feu de forêt dans le nord de l'Alberta, au Canada, le 7 juillet 2024. (ALBERTA WILDFIRE / CHINE NOUVELLE / SIPA)

Plus à l'est, au Canada, après une année 2023 où le nombre d'hectares brûlé a battu des records, les incendies se sont intensifiés depuis le début du mois de juillet, notamment dans les provinces de l'ouest. En Alberta, l'intensité des feux est "très élevée par rapport à la moyenne 2003-2023, fin juin - début juillet", observe Copernicus. Les autorités locales ont comptabilisé 129 feux actifs au 16 juillet. A l'échelle nationale, le Centre interservices des feux de forêt du Canada estime que le pays a perdu 1,5 million d'hectares de forêts depuis le début de l'année.

Des incendies déclenchés par la foudre 

Les feux, pour la plupart causés par la foudre, font partie du cycle naturel des forêts boréales, denses et difficiles d'accès. Le service des parcs nationaux d'Alaska indique qu'ils aident dans une certaine mesure libérer les nutriments emprisonnés dans le sol et à rajeunir la végétation".  

D'immenses nuages de fumée recouvrent une partie de la Russie, le 15 juillet 2024. (MODIS LAND RAPID RESPONSE TEAM / NASA GSFC)

Cependant, ces incendies sont alimentés par la sécheresse de plus en plus marquée, conséquence du réchauffement climatique dont l'origine humaine est établie scientifiquement. Le mois de juin 2024 est devenu le mois de juin le plus chaud jamais mesuré, effaçant le record déjà battu en 2023, alerte le service du changement climatique de Copernicus.

"Le nombre et l'intensité des incendies sont en augmentation significative depuis deux décennies, car les latitudes plus élevées se réchauffent plus rapidement que le reste de la planète" en raison du changement climatique, rappelle l'organisme. Fin juin, plusieurs scientifiques de l'université australienne de Tasmanie ont publié une étude dans le journal Nature Ecology and Evolution, s'intéressant au nombre et à l'intensité des feux de forêt. Les chercheurs ont constaté que leur fréquence dans le monde avait été multipliée par 2,2 entre 2003 et 2023. Ce sont notamment les forêts tempérées de conifères, dans l'ouest des Etats-Unis, et les forêts boréales qui couvrent l'Alaska, le nord du Canada et de la Russie, qui sont les plus touchées, avec une fréquence d'incendies multipliée respectivement par onze et sept.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.