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Incendie à Rouen : des produits dangereux ont-ils aussi brûlé dans une entreprise voisine de Lubrizol ?

Le sinistre qui a ravagé une partie du site de Lubrizol s'est propagé à une entreprise voisine, la SMCT. Les produits qu'elle stockait sont présents dans la liste fournie par la préfecture de Seine-Maritime. 

Article rédigé par franceinfo - Adeline Mullet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une partie de l'usine Lubrizol après l'incendie, à Rouen (Seine-Maritime), le 27 septembre 2019.  (LOU BENOIST / AFP)

Plus de 5 000 tonnes de produits chimiques sont parties en fumée dans la nuit du 25 au 26 septembre sur le site classé Seveso "seuil haut" de l'usine Lubrizol à Rouen. Mais des installations limitrophes, appartenant à la Société commerciale de magasinage et de transports (SCMT), ont également pris feu. Interrogé lundi 30 septembre dans les colonnes du journal Paris Normandie sur les émanations de benzène constatées par la préfecture, Frédéric Henry, le PDG de Lubrizol, n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler les dégâts subis par l'entreprise industrielle voisine. 

Dans notre live, l'un de nos lecteurs nous a posé la question des produits qui auraient brûlé lors de l'incendie de ce site. Selon la liste fournie, mardi, par la préfecture de Seine-Maritime, huit produits utilisés chez SCMT ont brûlé. Sur ces huit produits, six ne sont pas classés dangereux, comme l'explique à franceinfo Fabrizio Pariselli, toxicologue à l’unité de Prévention du risque chimique du CNRS. 

Deux produits qui peuvent être problématiques

"Ces produits sont notamment utilisés dans le traitement des métaux ou sont des améliorants de viscosité. S'ils ne sont pas identifiés comme dangereux, ils peuvent tout à fait contenir des substances dangereuses. Mais leurs faibles concentrations n'entraînent pas la classification de dangerosité", précise le scientifique, avant d'analyser plus précisément leur nature. "L'un de ces produits pourrait par exemple dégager des petites quantités d'hydrogène sulfuré, un gaz à l'odeur d'œuf pourri. C'est une substance reconnue irritante, qui est notamment libérée par les algues en décomposition, ajoute-t-il. Des huiles minérales sont présentes dans un autre, mais en faible proportion." 

Deux produits peuvent, en revanche, être problématiques, avance Fabrizio Pariselli. Le premier, utilisé dans le traitement des métaux et dont 800 kilos étaient présents dans l'entreprise, est à la fois irritant, cancérigène, mutagène, toxique pour l'environnement et peut provoquer des allergies cutanées. Il contient en effet deux substances particulièrement nocives. "L'une, présente en quantité très faible, montre des toxicités particulières pour le foie et le sang. L'autre, présente à 5-10% dans le produit, est une molécule volatile qui, à haute concentration, peut provoquer une irritation des voies respiratoires et, à terme, des cancers des voies respiratoires", indique l'expert. Néanmoins, la combustion de cette seconde substance annule son effet délétère, explique-t-il :  

Si ce produit a brûlé et cette substance problématique avec, son impact devient absolument négligeable. 

Fabrizio Pariselli

à franceinfo

Le second produit problématique, que l'on retrouve dans plusieurs préparations de l'usine Lubrizol, a été classé comme dangereux pour l'environnement dans la liste fournie par la préfecture de Seine-Maritime. Il contient lui aussi une substance toxique pour la reproduction, mais à un niveau de concentration minime (environ 0,01%), qui ne permet pas de le classer en tant que produit dangereux pour l'être humain. Le toxicologue Fabrizio Pariselli rappelle ainsi à franceinfo que les industriels ne sont réglementairement pas dans l'obligation de fournir des informations sur les composants des produits si ceux-ci ne sont pas dangereux. 

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