François Hollande accorde une "remise gracieuse" de peine à Jacqueline Sauvage, une demande de libération est possible "immédiatement"
Vendredi, les filles de Jacqueline Sauvage avaient été reçues à l'Elysée pour demander au chef de l'Etat de gracier leur mère.
François Hollande accorde une "remise gracieuse" de peine à Jacqueline Sauvage, dimanche 31 janvier. Agée de 68 ans, cette mère de famille avait écopé de dix ans de prison, le 3 décembre dernier, pour le meurtre de son mari violent en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal, d'un coup de fusil dans le dos.
"Le Président de la République a voulu, face à une situation inhumaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de madame Sauvage auprès de sa famille, dans le respect de l'autorité judiciaire", a fait savoir l'Elysée dans un communiqué.
Une possible libération à la mi-avril
Précisant que la remise de peine "de 2 ans et 4 mois" portait aussi sur "l'ensemble de la période de sûreté qu'il lui reste à accomplir", la présidence a indiqué que "cette grâce lui permet de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle."
"En octroyant par décret le relèvement de sa peine de sûreté de cinq années, il a réduit sa peine de deux ans et quatre mois. Ce qui veut dire concrètement qu'il a fait sauter le verrou de la peine de sûreté et qu'il permet à Jacqueline Sauvage de pouvoir être accessible à une libération conditionnelle dès la mi-avril 2016", ont-expliqué ses avocates dans un communiqué.
Le président s'est "laissé le temps de la réflexion"
Vendredi, les trois filles de Jacqueline Sauvage avaient été reçues à l'Elysée, accompagnées de leurs avocates, pour demander au chef de l'Etat de gracier leur mère. "Il les avait écoutées longuement et avait décidé de se laisser le temps de la réflexion, en fait le week-end. Il a consulté le garde des Sceaux [Jean-Jacques Urvoas] et a échangé avec le Premier ministre [Manuel Valls]. Il a à nouveau reçu ce dimanche à 18 heures les avocates de Jacqueline Sauvage pour leur annoncer sa décision", a déclaré l'entourage de François Hollande.
"Il a voulu prendre en compte la situation exceptionnelle de Jacqueline Sauvage, mais dans le respect de l'autorité judiciaire", a-t-on souligné.
L'article 17 de la Constitution autorise le président de la République à exercer le droit de grâce (uniquement à titre individuel depuis 2008). Mais l'entourage de François Hollande avait rappelé récemment qu'il n'était, par principe, pas favorable à la grâce présidentielle. Il ne l'a d'ailleurs exercée qu'une seule fois, en permettant la libération conditionnelle, en janvier 2014, du plus ancien détenu de France, Philippe El Shennawy, sans éteindre sa peine.
Une forte mobilisation populaire
Le cas de Jacqueline Sauvage a suscité une mobilisation croissante. Ses filles ont adressé au président de la République une demande de grâce, appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Un comité de soutien s'est constitué, réunissant notamment la maire PS de Paris Anne Hidalgo, l'écologiste Daniel Cohn-Bendit et le porte-voix du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon.
"Bien malgré elle, [Jacqueline Sauvage] est devenue le symbole de toutes les femmes battues. Il aura fallu toute sa souffrance pour que notre société, celle des hommes qui protègent les hommes, prennent la mesure de la condition des femmes", indiquait la fondatrice du comité de soutien, la comédienne Eva Darlan, dans une tribune publiée sur francetv info.
"[Cette décision], c'est respecter la douleur d'une femme et des femmes", a-t-elle indiqué à francetv info à l'annonce de cette grâce. "Il faut maintenant que des commissions se mettent en place et surtout que les lois soit appliquées, car nous sommes démunies face à la violence", a ajouté Eva Darlan, plaidant "pour que la loi sur la légitime défense soit revue en inscrivant cette légitime défense différée."
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