Affaire Tarnac : 10 ans après, la commune est toujours divisée
Alors que les huit membres du groupe de Tarnac vont être jugés à Paris, à partir du 13 mars, le village corrézien est toujours fracturé entre les jeunes néo-ruraux et les anciens Tarnacais, selon nos confrères de France Bleu Limousin.
Les huit personnes du groupe de Tarnac, dont Julien Coupat et sa compagne Yildune Lévy, sont jugées jusqu'au 30 mars devant le tribunal correctionnel de Paris pour des "dégradations" sur la ligne du TGV Est dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à Dhuisy, en Seine-et-Marne. Près de 10 ans après ce qui ressemble à un fiasco judiciaire, les habitants du village corrézien sont toujours divisés, comme a pu s'en apercevoir France Bleu Limousin. Certains Tarnacais veulent oublier, d'autres, au contraire, entendent perpétuer l'héritage contestataire du groupe de Tarnac.
Les néoruraux repeuplent le village
Les points névralgiques de Tarnac illustrent l'arrivée, ces dernières années, d'une population jeune et originaire principalement des villes, comme le confirme le premier adjoint au maire de la commune, Pierre Marsaleix : "Ce qui a changé, c’est l’arrivée de beaucoup de néoruraux. Il n’y a pratiquement plus de logements libres à Tarnac. On a beaucoup de gens qui viennent pour la qualité de vie, pour s’éloigner des grandes métropoles.” Sébastien vit sur le plateau de Millevaches depuis près de dix ans et il confirme qu'en quelques années, Tarnac a profité d'un bain de jouvence : "Il y a eu un afflux de jeunesse assez important. Ils ont acheté pas mal de petites fermes dans le coin. Cela fait du bien !"
Ces nouveaux Tarnacais permettent au village de maintenir sa population autour des 400 habitants. De plus, l'école du village est toujours ouverte. Le nombre d'élèves a même doublé en 10 ans, passant de 6 à 10 enfants.
"Vivement la fin du procès"
Mais la récente attractivité du village ne plaît pas à tout le monde. Une fracture générationnelle et politique s'est aussi installée à Tarnac, comme en témoigne cette habitante, qui préfère garder l'anonymat : "Là, ils ont mis une banderole au-dessus de l’épicerie “Non au nucléaire non à Bure”. On en a marre. Je n’en parle pas, personne n’en parle. Il y en a deux qui sont conseillers municipaux, ils dirigent tout le village. Vivement la fin du procès, qu’on passe à autre chose !“
Malgré une "ambiance lourde" décrite par cette habitante, le premier adjoint, Pierre Marsaleix tente d'apaiser les esprits : "Acceptons les gens tels qu'ils sont, et non pas tels que l'on voudrait qu'ils soient. On est tous différents, c'est ce qui fait la richesse de notre pays, en tout cas celle de Tarnac."
En attendant le procès, le village vit toujours au rythme de "l'affaire Tarnac". En février dernier, un "bal des inculpés" a été organisé dans la commune pour soutenir les huit prévenus, accusés de "dégradations" sur la ligne du TGV. Quatre d'entre eux sont également poursuivis pour "association de malfaiteurs" et encourent dix ans de prison. La qualification terroriste, retenue par la justice au début de l'enquête en 2008 a été abandonnée par la Cour de cassation, neuf ans plus tard.
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