Affaire Tarnac : après une enquête controversée, le procès s'ouvre à Paris
Huit membres du "groupe de Tarnac", présenté comme proche de l'ultra-gauche, comparaissent pour une dégradation d'une ligne SNCF et des manifestations violentes.
Ce qu'il faut savoir
Le procès dit du "groupe de Tarnac" (Corrèze) débute ce mardi 13 mars devant le tribunal correctionnel de Paris. D'abord mis en cause pour "terrorisme" en 2008, huit membres de ce groupe présenté comme proche de l'ultra-gauche comparaissent pour une dégradation d'une ligne SNCF et des manifestations violentes, des accusations qu'ils réfutent en dénonçant un procès politique. Le procès est prévu jusqu'au 30 mars.
Parmi les prévenus renvoyés figurent Julien Coupat, 43 ans, présenté comme le théoricien du groupe, son ex-compagne Yildune Lévy, 34 ans, Elsa Hauck, 33 ans, et Bertrand Deveaud, 31 ans. Poursuivis pour "association de malfaiteurs", ils encourent dix ans de prison. Les quatre autres prévenus doivent eux répondre de délits mineurs comme le recel de documents volés ou le refus de se soumettre à un prélèvement biologique.
La justice reproche aux principaux prévenus d'avoir, sur le fondement d'une idéologie développée dans un livre qui leur est attribué, L'insurrection qui vient, participé au sabotage d'une ligne SNCF à Dhuisy (Seine-et-Marne) et organisé des actions violentes contre des intérêts de l'Etat, notamment le 3 novembre 2008 lors d'une manifestation à Vichy (Allier).
La défense dénonce une instrumentalisation du dossier. La présidente du tribunal correctionnel sera confrontée aux critiques de la défense, qui conteste les méthodes utilisées par les enquêteurs pour répondre aux attentes du pouvoir. Des critiques que fait également Marcel Gay, journaliste et auteur de la contre-enquête Le coup de Tarnac. "J'ai lu l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, et en dix ans, la police anti-terroriste ne nous apporte pas le plus petit élément de preuve de l'implication des huit prévenus dans les sabotages des lignes TGV qu'on leur reproche", affirme-t-il à franceinfo. "Je crois qu'on est devant la version moderne du procès en sorcellerie", ajoute-t-il.