: Info franceinfo Expédition de l'ultradroite à Romans-sur-Isère : certains membres disposaient d'une liste détaillée des suspects du meurtre de Thomas
Certains membres des groupuscules d'extrême droite qui ont mené une expédition punitive xénophobe à Romans-sur-Isère (Drôme) le week-end dernier disposaient d'une liste détaillée des suspects dans l'enquête sur la mort de Thomas, poignardé à la fin d'un bal le 19 novembre à Crépol, dévoilent mardi 28 novembre franceinfo et France Bleu Drôme Ardèche. Une semaine après la mort de cet adolescent de 16 ans, des dizaines de militants d'ultradroite se sont retrouvés à Romans-sur-Isère, dans le quartier de la Monnaie dont sont originaires une partie des suspects.
Les journalistes de franceinfo et de France Bleu Drôme Ardèche ont pu consulter le portable d'un des militants d'extrême droite, qui avait été subtilisé samedi dernier par des jeunes du quartier de la Monnaie. franceinfo et France Bleu ont ensuite pu authentifier le propriétaire du téléphone : il s'agit d'un militant rouennais de la Division Martel, un groupuscule néonazi. Sur l'un des fils de conversation de ce portable, se trouve une liste partagée par au moins 31 personnes. Y figurent les noms complets des principaux suspects du meurtre de Thomas, leurs adresses, leurs numéros de téléphone, ainsi que les prénoms et noms des membres de leur famille habitant le quartier de la Monnaie. L'existence de cette liste accrédite donc l'idée d'une expédition punitive menée par les militants d'extrême droite. La police exploite plusieurs téléphones portables des personnes interpellées le week-end dernier.
Lundi, six personnes étaient par ailleurs jugées en comparution immédiate au tribunal de Valence pour avoir participé à la manifestation d'ultradroite à Romans-sur-Isère. Ces hommes de 18 à 25 ans, qui ne se réclament d'aucun groupe en particulier, ont été condamnés à des peines de 6 à 10 mois de prison ferme. Lors des perquisitions menées à leur domicile, les enquêteurs ont retrouvé des armes blanches, des poings américains, des armes à air comprimé, des symboles de groupuscules comme le GUD, de la littérature sur le IIIe Reich, dont un exemplaire de Mein Kampf.
À la barre lundi, ils ont expliqué avoir vu sur des chaînes privées de propagande TikTok ou Telegram des vidéos et des posts appelant à rejoindre le quartier de la Monnaie. Ils ont aussi décrit la façon dont ils ont convergé de toute la France vers Romans-sur-Isère, avec des convois organisés le week-end dernier. Des directives sur l'usage ou non des téléphones, l'inventaire des armes à apporter étaient alors transmises à des "chefs de section" qui ont eu pour mission de ne rien laisser fuiter. Le président du tribunal a qualifié cette organisation de "quasi-militaire".
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