"On s'énerve tous les jours" : des automobilistes parisiens expliquent leur difficulté à gérer les tensions et à cohabiter sur la route

Plusieurs rassemblements ont eu lieu partout en France pour rendre hommage au jeune cycliste tué mardi par un conducteur à Paris. Cette affaire met une nouvelle fois en lumière le problème de la violence routière.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Un homme tient une pancarte qui dit "Partageons l’espace public, restons en vie" lors d'un rassemblement à Paris le 19 octobre 2024 pour rendre hommage à Paul, un cycliste de 27 ans décédé après avoir été renversé par une voiture plus tôt dans la semaine. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les automobilistes parisiens le reconnaissent facilement : oui, ils ont tendance à s’emporter rapidement. "Mais bien sûr, je m'énerve à chaque fois, je gueule à chaque fois, je m'emporte facilement", avoue Sulimane. Il est chauffeur VTC, sous tension toute la journée derrière son volant. Paul, un cycliste de 27 ans a été tué mardi 15 octobre à Paris par un automobiliste après une altercation. Plusieurs rassemblements ont eu lieu partout en France pour lui rendre hommage samedi. Le ministre délégué aux Transports réunira lundi 21 octobre les associations de cyclistes.

"Mentalement, quand tu arrives le soir à la maison tu es fatigué. Ça rend méchant avec tous les trucs qui se passent sur la route", poursuit-il. Alors Sulimane pointe du doigt les problèmes de circulation liés aux travaux, le trafic, trop dense et un partage de la route difficile également avec les scooters et les vélos. Bref, une ville qui n’est pas dimensionnée pour accueillir autant de véhicules. C’est ce que remarque également Moussa, un jeune automobiliste : "En plus, à Paris, ce n'est pas comme aux Etats-Unis où il y a des routes larges donc ils ont des facilités pour rouler. Ici non, la configuration, c'est pas possible", déplore-t-il.

"Franchement, on s'énerve tous les jours dans la voiture, c'est infernal. On essaie de temporiser la chose, mais c'est humain, on est obligé de s'énerver. Après, il ne faut pas que ça aille plus loin que ça".

Moussa, automobiliste parisien

à franceinfo

À la fois cycliste et automobiliste, Thibault le constate, quand il est au volant, il s’emporte beaucoup plus facilement qu’à vélo. Un problème d’éducation admet-il :"Mes parents gueulaient en voiture. Mon père était hypernerveux au volant quand un piéton passait un peu trop au rouge ou au orange. Je pense qu'on a aussi une espèce d'éducation à revoir."

"Et je pense que, un peu à l'image des villes néerlandaises, il faut apprendre à cohabiter, ça ne va pas se faire tout de suite, mais j'espère que dans les années à venir, on arrivera à cohabiter tous ensemble", ajoute-t-il. Mais pour une cohabitation sereine sur la route, il faut avant tout être en mesure de garder son calme au volant. "On a une seule vie, il faut être zen", explique un conducteur qui a décidé récemment de se mettre au yoga pour ne plus s’énerver en voiture.

La difficile cohabitation entre automobilistes et cyclistes : reportage de Boris Loumagne

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