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Ce que l'on sait de l'appel à "la purge" contre les policiers relayé sur les réseaux sociaux

Des appels à prendre pour cible les policiers le soir d'Halloween ont été diffusés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Intérieur a porté plainte. Deux hommes ont été placés en garde à vue, le premier a été relâché avec une convocation devant un tribunal.

Article rédigé par franceinfo
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Une voiture de police à Paris, le 20 septembre 2018.  (MAXPPP)

Une mauvaise blague ou un véritable appel au lynchage ? Deux hommes se ont été placés en garde à vue après la diffusion de messages appelant à mener "une purge" contre les policiers le soir d'Halloween. Le premier s'est rendu à la police, lundi 29 octobre, à Grenoble (Isère), avant d'être relâché mardi. Le deuxième a été arrêté mardi à Sarcelles (Val-d'Oise). Il se trouve toujours en garde à vue. 

Des appels à la violence contre les forces de l'ordre, relayés sur les réseaux sociaux, se sont propagés dans l'Essonne, dans l'Oise, dans le Val-de-Marne, ainsi qu'à Grenoble, en Isère. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, ainsi que le directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne ont porté plainte pour "provocation à la violence". Franceinfo fait le point sur cette affaire.

Que disent ces messages ? 

Des messages, diffusés sur les réseaux sociaux depuis samedi, appellent les internautes à se donner rendez-vous le 31 octobre au soir, jour d'Halloween, pour se battre, brûler ou voler des voitures et s'en prendre aux forces de l'ordre. Depuis le premier message, plusieurs appels de ce type ont été recensés.

Un texte, intitulé "Les Règles de la purge de Corbeil-Essonnes", une ville située en Essonne, appelle notamment à attaquer les forces de l'ordre "au mortier, feux d'artifice, pétards, pierres". "Toutes les armes sont autorisées" et "habillez-vous en noir avec masque si possible", précise notamment ce document, truffé de fautes d'orthographe.

Ces messages font référence à la saga The Purge (intitulée American Nightmare en France) dans laquelle les Américains sont autorisés à donner libre cours à leur violence en toute impunité pendant une nuit.

Quelles ont été les réactions ? 

Le directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne, Jean-François Papineau, a porté plainte pour "provocation à la violence". "Je dépose plainte en tant que DDSP pour 'provocation à la violence' auprès du procureur d'Evry. D'autre part, une grande vigilance sera exercée pour le cas où des individus seraient tentés de répondre à cet appel", a affirmé Jean-François Papineau, évoquant un acte de violence constaté dimanche à Corbeil-Essonnes et qui pourrait être directement lié à cet appel.

De leur côté, les syndicats de policiers se sont émus de la diffusion de ces messages et ont réclamé, lundi 29 octobre, "une action forte" du ministre de l'Intérieur. Celle-ci ne s'est pas fait attendre : sur Twitter, Christophe Castaner a annoncé avoir porté plainte "pour que ces comportements fassent l'objet de poursuites judiciaires". "Appeler à la 'purge' contre nos policiers, c'est appeler au meurtre", écrit le ministre de l'Intérieur, précisant que "l'auteur" de cette vague de message "a été identifié". 

Que sait-on des suspects ? 

Un Grenoblois de 19 ans a été placé en garde à vue lundi. Il s'est lui-même rendu au commissariat. Sur Twitter, le jeune homme affirmait que cet appel à la violence, lancé depuis son compte sur le réseau social Snapchat, "était une énorme blague et une invention de [sa] part""C'est parti de mon 'snap', assurait le jeune homme dans une vidéo. J'ai mis une story [une publication sur le réseau social] avec des règles, ce genre de truc, et ça a fait le tour de la France en l'espace de deux heures. A la base, c'était une blague, sauf que les gens l'ont trop pris au sérieux."

Le jeune homme est ressorti libre après 24 heures de garde à vue, a appris France Bleu Isère. Il est convoqué le 28 novembre devant le tribunal correctionnel de Grenoble où il sera jugé pour incitation publique à commettre des crimes ou des délits. Il risque 5 ans de prison et 45 000 euros d'amende.

Mardi 30 octobre, un adolescent de 16 ans a été interpellé à son domicile et placé en garde à vue à Sarcelles (Val-d'Oise) pour "provocation à commettre un crime ou un délit par voie électronique, provocation à s'armer contre l'Etat ou la population et détention d'arme".

Face aux enquêteurs, ce deuxième jeune homme a "minimisé" son rôle dans la diffusion de ces messages, précise une source proche du dossier à franceinfo. Pendant sa garde à vue, il a assuré n'avoir fait que "relayer" le message. Mais, selon cette source, le garçon a édicté ses propres règles sur les réseaux sociaux pour appeler à la "purge" contre les forces de l'ordre. La perquisition effectuée à son domicile n'a rien donné. Les enquêteurs ont saisi son ordinateur pour tenter d'en savoir plus. Il était toujours entendu, mercredi.

Quelles conséquences sur le terrain ? 

Interrogée par franceinfoLinda Kebbab, déléguée nationale d'Unité SGP Police FO, assure que cette "blague" "a été prise très au sérieux par des centaines de voyous, de délinquants et de criminels qui se sont vantés d'avoir des armes semi-automatiques et automatiques." En Essonne, et notamment à Corbeil, la nuit d'Halloween "se fera en présence d'importants effectifs policiers", indique Le Parisien. "Nous adoptons une posture de vigilance", assure au quotidien le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de l'Essonne. 

Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé lors d'un déplacement dans le Val-d'Oise que 200 policiers seraient appelés en renfort pour la soirée d'Halloween. "J'ai demandé une attention particulière à tous les préfets partout en France. (...) Je considère que, quand on menace de tuer des policiers et des gendarmes, ce n'est pas une blague et ce sont de faits extrêmement graves", a-t-il indiqué.

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